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samedi 27 mai 2023

La Lettre du 27 mai 2023...Préparer la Paix, pas la guerre par Patrick le Hyaric

 


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La Lettre du 27 mai 2023
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Bonjour à chacune et chacun,
 
Préparer la Paix, pas la guerre
 
De nouveaux mots aux odeurs de poudre et de mort sont de plus en plus prononcés par le président de la République et plusieurs gouvernements occidentaux : « Économie de guerre », « nous sommes en guerre » a récemment déclaré M. Macron avant d’en appeler à préparer « une guerre d’avance ».
 
Fou qui banaliserait ces mots qui sifflent comme des missiles. Ils ne racontent pas une fiction, mais témoignent de l’ambiance aride qui règne dans les chancelleries dans le monde. Nous venons de basculer dans une nouvelle période inquiétante, dangereuse, où les puissants de ce monde palabrent sur l’arme atomique comme d’un jouet dont ils peuvent se servir.
 
Souhaitons que le Parlement, qui commence cette semaine à l’examen de la nouvelle loi de programmation militaire, mesure la tragique portée d’une telle stratégie.
L’inadmissible guerre déclenchée par la Russie de M. Poutine contre l’Ukraine sert ici de prétexte, mais le tournant de ce surarmement mortifère est pris depuis longtemps. Dans ce contexte les mouvements internationaux pour la paix ont été comme paralysés lors du sommet des sept grands pays capitalistes qui s’est tenu en ce lieu emblématique de la ville martyre de Hiroshima. Le président de la Russie qui n’atteint aucun objectif qu’il avait prétendu fixer aura réussi cette sale besogne : faire taire les pacifistes, réhabiliter l’OTAN et réinstaller les États-Unis en Europe.
 
L’occident capitaliste, promoteur de la guerre économique, estime à juste titre sa domination sur le monde menacée. Dès lors, il considère que cette domination doit passer non plus par le commerce et la politique, mais par la force.
 
Il se réarme sous la houlette de l’OTAN sous commandement nord-américain. D’autres grands pays comme la Chine ou l’Inde font de même. Et les tensions intra-capitalistes et inter-impérialistes sèment les germes de guerre tout en aggravant toutes les insécurités humaines : famines, insécurités sociales, sanitaires, alimentaires, bouleversement climatique, migrations décuplées. Au lieu d’être orientées vers les œuvres de vie, et le combat contre les bouleversements climatiques, de colossales sommes d’argent nourrissent la grande industrie d’armement, poussant le monde au bord de l’apocalypse.
 
C’est dans ce contexte que le chef d’état-major des armées et le président de la République modifient la doctrine militaire du pays et affaiblissent notre corps diplomatique. On ne parle plus de « défense du territoire », mais de plus en plus de préparation à la « guerre de haute intensité » ou du concept de « guerre avant la guerre ». Jamais il n’est dit contre qui se prépare la guerre ni pour les objectifs de celle-ci !
Assurément, l’objectif fondamental est de conforter les grands intérêts capitalistes et de désigner la Chine ou peut-être demain l’Afrique comme l’ennemi.
 
Au lieu d'emprunter l’ardu chemin d’une diplomatie de paix, le pouvoir arrime et intègre progressivement - sans débat public - la France à la stratégie militaire de l’OTAN, c’est-à-dire à celle des États-Unis, qui sont les grands gagnants de la guerre contre le peuple ukrainien.
 
Cette intégration va jusqu’à rendre de plus en plus dépendants nos matériels militaires des technologies nord-américaines pendant que plusieurs pays européens achètent déjà des chars, des avions, des missiles aux industriels américains, bien loin des lénifiantes déclarations sur une industrie européenne de défense.
Les industries d’armement combinées à celle du numérique, aux États-Unis notamment, tournent à plein et engrangent des profits record.
 
Persévérer dans cette stratégie annonce de rudes épreuves pour les peuples. Outre le fait qu’elle étouffe la voix indépendante de la France, qu’elle participe de l’insécurisation du monde, elle va coûter très cher.
 
La loi de programmation militaire en discussion au Parlement prévoit une dépense de 413 milliards d’euros. C’est une augmentation de 40 % par rapport à la précédente. Le budget annuel de la défense passerait de 43,9 milliards d’euros en 2023 à 69 milliards d’euros d’ici sept ans. Sur quoi sera prise une telle somme ?
 
Sur les budgets sociaux, ceux de l’école ou de l'hôpital. Plusieurs parlementaires, dont Pierre Laurent et Fabien Roussel, ont souhaité un grand débat national sur ces orientations, afin que le peuple puisse donner son avis et décider sur une telle orientation.
 
De multiples questions sont en effet posées : À quoi sert de dépenser environ 54 milliards d’euros dans la force de frappe nucléaire ? La France, ne se grandirait-elle pas en impulsant des discussions mondiales sur la diminution des arsenaux nucléaires, déjà capables d’anéantir plusieurs fois la planète ?
 
Il est urgent de reprendre des discussions sur la non-prolifération nucléaire et un désarmement nucléaire multilatéral. Et la France devrait s’inscrire, au moins comme membre observateur, dans le processus du traité pour l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).
 
À quoi sert de construire un porte-avions supplémentaire si ce n’est pour se projeter loin de notre territoire ? Quand, un bilan sérieux sera présenté à nos concitoyens sur les « opérations extérieures » de la France, qui se sont toutes mal terminées, et qui nous valent d’être haïs par des peuples avec qui nous sommes historiquement liés ?
 
Enfin quand reprendra-t-on en France, à l’instar de Jean Jaurès et du général de Gaulle, un débat fructueux sur la nature, les conditions et les moyens d’une véritable défense nationale et sur le lien entre le peuple et la nation, loin des volontés présidentialistes actuelles ?
 
Ce n’est pas à « une guerre d’avance » qu’il faut se préparer, mais à un combat pour construire une « paix perpétuelle ». Même une paix armée n’est qu’une fausse paix nourrissant de nouvelles guerres. On ne pourra entraîner la nation vers un ambitieux projet de transformation sociale, écologique, démocratique si elle se sent insécurisée, menacée comme l’instille chaque jour la propagande des bellicistes.
 
Rien n’est plus fort, plus solide, plus prometteur que le grand mariage entre patriotisme et internationalisme. L’inlassable action pour la paix appelle un engagement citoyen pour repenser notre défense nationale et notre diplomatie, tout en imaginant une France progressiste faisant vivre la coopération, la solidarité internationale afin de conquérir enfin une sécurité humaine globale. La France serait bien plus forte si elle appuyait et s’inscrivait dans les initiatives de la Chine, du Brésil, des pays africains et du pape pour rechercher urgemment le chemin d’un cessez-le-feu en Ukraine, puis des discussions pour bâtir un projet de sécurité commune et de désarmement. Les mouvements pour la paix sont plus utiles que jamais.
 
 
Brillant succès du forum pour garantir le droit à l’alimentation
 
Le forum « pour garantir le droit à l’alimentation en quantité et en qualité » s’est merveilleusement tenu mercredi dernier avec succès tant en nombre de participants, qu’en qualité des interventions et des débats... Plus d’une centaine de personnes y ont participé pour écouter et par moment débattre d’interventions de qualité remarquable.
 
Plusieurs maires adjoints de villes de Nantes, Montreuil, Fontenay-sous-Bois, Lille, Paris ont témoigné des efforts qu’elles déploient aux côtés des associations, mais aussi par des initiatives spécifiques pour combattre la précarité alimentaire et permettre notamment aux enfants d’accéder dans les cantines scolaires à une alimentation équilibrée tout en valorisant les productions locales et en valorisant la participation citoyenne.
 
Les associations de solidarités notamment Action contre la faim et le Secours populaire ont volontiers montré qu’elle n’était pas une béquille du système. Leurs engagements pour l’accès à l’alimentation vont de pair avec leur combat pour le droit pour chaque personne à se nourrir convenablement. Elles ont montré comment le droit à l’alimentation est bafoué, ceux qui ont besoin de la solidarité vivent souvent dans l’humiliation. Le système produit ce paradoxe : 8 millions de personnes ne survivent que parce qu’elle accède à l’aide alimentaire alors qu’on jette 10 millions de tonnes de nourriture par an et les profits des centrales de distribution et de l’industrie agro-alimentaire sont au beau fixe. L’existence et l’application du « droit alimentaire » ont été exposées par Magali Ramel juriste internationale comme un combat à mener sans relâche.
 
La dernière partie de la journée a permis un débat fructueux sur un « projet de sécurité sociale de l’alimentation » à partir des expériences menées en Gironde et dans la communauté de communes Orly-Seine Bièvre et débattu avec Bernard Friot et Raymond Girardi vice-président du Modef. Ce débat passionnant sera poursuivi, car les expérimentations en cours permettront encore de parfaire ce projet ; les discussions autour de lui aussi. Il intègre évidemment les consommateurs, les producteurs agricoles, les chercheurs, les associations et s’inscrit dans un projet de justice sociale et écologique. Sa conquête serait une innovation révolutionnaire permettant de garantir le droit à l’alimentation.
 
Un compte-rendu développé sera produit dans la prochaine livraison du Magazine La Terre qui paraîtra le 21 juin. La production de ce numéro sera pour une part non-négligeable financée par une campagne de financement participatif lancé ce 30 mai. N’hésitez pas à y contribuer et à vous abonner à une revue engagée pour la nature et l’alimentation ; pour le lien actif entre les travailleurs des villes et des champs pour ouvrir une perspective de transformation sociale, démocratique et écologique.
 
 
Des paradoxes ? Non un système
 
C’est une semaine ou de divers lieux, on s’est vivement agité autour des bouleversements climatiques en cours. Il n’a pas fallu attendre l’été pour souffrir dans certaines régions et dans le sud de l’Europe des sécheresses, des feux de forêt et des inondations catastrophiques. Des familles affrontent des drames et dans le drame. Le réchauffement climatique n’est pas une chimère, mais une pénible réalité. Ce qui se passe en Espagne et au Portugal ou en Italie avec les terribles inondations dans plusieurs régions agricoles aura des conséquences ici assez rapidement. En effet la mise en cause des récoltes de certains fruits causera des pénuries en Europe et renchérira encore le prix de l’alimentation.
 
Pourtant, malgré les pluies de paroles, le gouvernement n’est pas enclin à ouvrir un processus de transition de progrès social et écologique. Il se trouve que l’économiste qui a conseillé M. Macron a produit cette semaine un rapport s’inspirant des considérations du GIEC en tentant de chiffrer les besoins financiers pour y parvenir. Et il a eu l’outrecuidance de proposer un dispositif visant à mettre à contribution les plus fortunés. Que n’a-t-il pas dit là ? Aussitôt, le ministre de l'Économie et une camarilla d’idéologues du capitalisme l’ont réprimandé en criant : pas question !
 
Comme quoi, dans ces cercles les contradictions explosent. Ce n’est pas que M. Pisani-Ferry prône un processus de transformation communiste. Il sait qu’une immense majorité de nos concitoyens n'accepte plus un système qui aggrave – au nom du profit et de la rente – les injustices sociales et environnementales. Ses propositions visent à tenter de rendre acceptable le système derrière un capitalisme vert. Mais dès lors qu’il faudrait toucher aux gros patrimoines et au capital, une large partie de la bourgeoisie se lève. Ils le font au nom du coût de la transition annoncée soit 60 milliards d’€.
 
Chiffre bien discutable, car une telle transition créerait de la valeur ajoutée qui ne devrait pas être accaparée par le capital vorace. Elle relancerait la « machine économique » et serait créatrice de centaines de milliers d’emplois qualifiés qu’il faudrait convenablement rémunérer. Elle réglerait largement le financement de la retraite à 60 ans et permettrait d’améliorer la sécurité sociale. Mais pour le ministre et sans doute le gouvernement, c’est niet. Ni pour un prélèvement supplémentaire sur le capital ni par l’emprunt. En revanche se débat depuis lundi à l'Assemblée nationale dans un silence assourdissant le projet de loi de programmation militaire qui fera augmenter les crédits militaires de 40 % en 7 ans en les passant à 413 milliards d’€. Pour une telle somme inscrivant la France dans l’actuelle course au surarmement, le ministre ne rechigne pas et sait qu’il ne le fera pas payer aux plus fortunés, mais aux classes travailleuses et aux retraités sous forme d’augmentation d’impôts et de réduction de services publics. Les priorités sont ainsi fixées : nous aurons à la fois les engins de mort et la destruction du climat. Quels qualificatifs trouver pour de tels dirigeants gestionnaires et gardiens d’un système qui fait si peu de cas de la vie humaine et de la nature ? On n’était pas au bout de nos surprises lorsque nous apprîmes que la Commission européenne attaquait les structures publiques du fret français.
 
Le ministre des Transports s’empressa d’obtempérer au détriment de l’emploi et du transport de marchandises sur les rails pour laisser carte blanche aux interminables défilés de camions polluants sur les routes. Ces files de camions sont aussi préférées à l’élevage des vaches et des bovins par la Cour des comptes. On n’en croit pas ses oreilles voici que cette cour se met à compter les vaches et demande « une réduction drastique du cheptel ». Vraisemblablement pour favoriser les importations de viandes des pays du Mercosur et des États-Unis élevées dans des usines à lait et à viande très polluantes ou pour nous faire ingérer de la viande de synthèse. Entre le camion et la vache, les grands penseurs de la Cour des comptes ont choisi de laisser cramer des hydrocarbures plus bénéfiques pour Total et les monarchies du Golfe.
 
 
En vous souhaitant une excellente fin de semaine, je vous adresse mes amicales salutations.

Patrick Le Hyaric
 
 
 
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