Comment juger de notre situation actuelle ? Si l’on regarde objectivement les fondamentaux de la France, le diagnostic est loin d’être réjouissant.
Sur le plan économique, même si nous avons toujours une bonne productivité par habitant, de grands actifs (naturels, culturels, historiques, etc.), de grands atouts (tourisme, luxe, gastronomie, etc.), de bonnes infrastructures (transports, télécom, etc.) et que la France semble rester le pays le plus attractif de la zone euro, notamment pour la création d’entreprise ou de startups, nous figurons souvent sur d’autres plans parmi les plus mauvais élèves de l’Europe : notre industrie, en lambeaux, est passée en 50 ans de 22 à 11 % du PIB ; notre maîtrise technologique et nos capacités d’innovation se réduisent ; nous n’avons pas de GAFAM et des pans entiers de notre activité passent sous contrôle des géants californiens ; notre agriculture est sous perfusion ; notre balance commerciale bat des records de déficit avec 71 milliards au 1er semestre 2022 ; notre administration est pléthorique avec 5,7 millions d’agents, dont 2,5 employés par l’État, 1,9 par les collectivités territoriales et 1,2 par l’hôpital ; notre haute fonction publique n'a plus ni les pouvoirs (perte de souveraineté), ni la qualité (plan RTE intenable), ni l'intégrité (pantouflages en série) d'antan ; nous avons des prélèvements obligatoires record à 47 % du PIB ; 483 taxes pèsent sur les entreprises et les citoyens, sans compter nos 5 % de déficit budgétaire : au total, les dépenses publiques représentent près de 60 % du PIB ; notre dette est énorme et exponentiellement croissante à 115 % du PIB à ce jour ; et 12 % de cette dette est indexée sur l’inflation, ce qui crée un risque majeur dans le contexte actuel, d'autant que les Allemands prévoient 300 milliards d’euros d’endettement nouveau pour relancer leur économie et leur armée, ce qui va provoquer un effet d’éviction et une hausse des taux d’emprunt sur les marchés.
Au niveau de la société, notre cohésion est très faible : nous ne partageons plus une même foi, ni un même système de valeurs ; l’amour de la patrie, le sens du sacrifice, le goût de l’effort, le souci du bien commun sonnent comme des notions complètement désuètes ; notre population est vieillissante ; nous hésitons à retarder l’âge de fin d’activité, alors que le passage à la retraite de la génération du baby-boom va conduire à avoir 2 actifs pour 1 inactif de plus de 60 ans au lieu de 3 dans le passé, ce qui génère mathématiquement un énorme problème d’équilibre des comptes ; le taux de natalité fléchit à 1,83 enfant par femme en 2020 contre 3 en 1960, même s’il reste à un niveau plus élevé que chez nos voisins, en raison notamment des 40 % de naissances provenant de l’immigration ; nos banlieues abandonnées sont de plus en plus invivables et ensauvagées ; les migrants affluent et nous avons un gros souci avec l’islam qui se développe et génère des comportements en rupture de la part d’une forte proportion des musulmans de France qui s’identifie aux islamistes et aux radicaux ; il n’y a plus de processus d’intégration efficace. L’Éducation nationale n'y contribue plus et son niveau dégringole dans toutes les études internationales.
Certains Français tirant profit d’un système social à bout de souffle ne veulent pas faire d’efforts et personne n’ose leur en demander dans le triste contexte de cette mondialisation folle dominée par la finance qui accroît les inégalités ; notre taux de chômage est officiellement tombé à 7,3 %, mais il y aurait 300 000 emplois non pourvus et les entreprises peinent à recruter ; le taux d’emploi des 15-64 ans en France est presque 10 points en-dessous de l’Allemagne ; le taux d’absentéisme, très élevé, est en hausse constante ; nous détenons aussi le record du nombre d’heures de grève et un des plus hauts pour la maladie. Au total, le nombre d’heures travaillées tout au long d’une vie en France est le plus bas d’Europe après la Suède.
Par quel miracle tout cela tient-il encore ? Pour une seule et bonne raison : parce que nous pouvons, pour l’instant, emprunter sans limite et sans frein : 700 milliards d’euros sous le premier quinquennat de Macron, après 400 milliards d’euros sous Hollande et 600 milliards sous Sarkozy ! La charge de la dette enfle et dépassera les 50 milliards d’euros cette année… En résumé, nous vivons à crédit, incapables de nous passer de cette habitude. Mais « l’argent magique » peut-il continuer à couler à flots longtemps ? Nous savons que non. Où tout cela peut-il nous mener ? « Gouverner, c’est prévoir », dit-on, mais on ne se préoccupe pas du long terme. Rien ne semble pouvoir nous tirer de notre léthargie, susciter un débat et tenter de dévier la route du Titanic.
Comment rester optimiste ? Il y a un vrai risque de fracture de la zone euro entre bons et mauvais gestionnaires. La France est clairement dans le deuxième groupe et, à court ou moyen terme, l’avenir est sombre, mais il n’est pas interdit d’espérer qu’après avoir touché le fond, elle se relèvera, comme toujours, en retrouvant les valeurs et les racines qui ont fait sa grandeur.
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