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Le réquisitoire anti-système du
Parti des travailleurs
Le Bureau politique du Parti des travailleurs s’est réuni le 25 février 2020 sous la présidence de la secrétaire générale du Parti libérée le 10 février courant de la prison après un long séjour arbitraire en prison.
Au 53e vendredi de mobilisation, le peuple algérien est sorti manifester massivement dans tout le pays pour le départ du système. Et pour marquer l’anniversaire du déclenchement du processus révolutionnaire, le peuple, mobilisé par centaines de milliers, est sorti tout aussi massivement le samedi 22 février.
Comme durant la lutte de libération nationale, depuis le 22 février 2019, à l’instar de la jeunesse qui s’est d’emblée inscrite dans la révolution, les femmes, tout âge confondu, ont pris massivement part à la révolution affirmant pleinement leur citoyenneté.
Le peuple l’a clamé haut et fort : « nous ne sommes pas sortis pour faire la fête, nous sommes là, pour en finir avec ce système, parce que nous voulons exercer notre souveraineté pleine et entière. Nous voulons notre liberté, nous voulons notre émancipation. Et pour cela, vous devez partir ! Partez tous ! »
Le peuple algérien n’est pas dupe. Le régime est toujours là, avec ses institutions illégitimes, produit de la fraude, du népotisme et de l’argent sale. Non, le régime qui s’est imposé par la force, contre la volonté du peuple mobilisé pacifiquement durant une année, ne peut pas être source de changement, il ne peut rompre avec les pratiques du passé tout en les utilisant pour se maintenir.
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Le régime qui a bradé la principale richesse du pays, les hydrocarbures en contrepartie de la caution des puissances étrangères pour ses plans de maintien ne peut pas prétendre défendre la nation, sa souveraineté, car la souveraineté politique du pays est conditionnée par la souveraineté du peuple sur ses richesses, son sol et son sous-sol.
Le 24 février 1971, dont nous célébrons le 49 anniversaire, est pour la nation algérienne, pour les travailleurs algériens une date aussi importante que le 1er novembre et le 05 juillet car c’est ce jour-là qu’ont été décrétées les nationalisations des hydrocarbures, parachèvement de l’indépendance nationale.
Aucun algérien attaché à cette indépendance ne peut accepter que soit appliquée la nouvelle loi sur les hydrocarbures élaborée par le précédent gouvernement et approuvée par le parlement illégitime.
Evoquant la visite d’une délégation du FMI dans notre pays, le bureau politique du PT rappelle que les Algériennes et les Algériens ont exprimé clairement à plusieurs reprises au cours de la révolution du 22 février leur rejet de toutes les ingérences impérialistes et leur volonté d’exercer pleinement leur souveraineté et donc celle de la nation.
Nouvelle Algérie ? Nouvelle république ? Vers quel avenir va nous mener la nouvelle Algérie lorsque la principale richesse nationale, les hydrocarbures, qui a permis la construction de l’économie nationale et fait vivre ses citoyennes et citoyens, est bradée au profit des multinationales de pétrole, dont les cinq majors, de l’aveu du ministre de l’énergie, ont collaboré directement à l’élaboration de la nouvelle loi.
Vers quels horizons va-t-on mener l’économie du pays lorsque la loi de finances pour l’année 2020 institue le retour au financement extérieur des investissements publics, abroge la règle des 51/49, qui faisait obstacle partiellement au bradage des entreprises publiques et lorsque sont introduites des mesures antisociales par de nouvelles taxes qui aggravent l’érosion du pouvoir d’achat de la majorité du peuple.
Les horizons sont déjà sombres pour des dizaines de milliers de travailleurs d’entreprises privées qui sont au bord de la faillite faute d’intrants, de marchés publics ou privés. Des milliers de travailleurs sont d’ores et déjà mis au chômage technique, à l’image de l’entreprise publique de l’électroménager ENIEM, ou de l’électronique ENIE, d’autres sont sans salaires depuis plusieurs mois comme dans l’entreprise Tonic Emballage alors que des milliers d’autres sont licenciés par les entreprises privées qui ont fermé ou réduit leurs activités, en particulier les entreprises des oligarques emprisonnés.
Dans la seule année 2019/2020, 650 000 emplois auraient été liquidés dans le secteur privé, selon le président du FCE.
La nouvelle république basée sur la justice à laquelle le régime veut nous faire croire n’a jusqu’ici amorcé aucun changement. La prétendue lutte contre la corruption sélective, réduite au jugement de quelques symboles du régime et de l’oligarchie qui ont exercé le pouvoir politique et économique sur une période donnée, menée avec une tapageuse campagne ne vise qu’à disculper le système qui a produit la prédation corruption, toutes les dérives totalitaires et qui a enfanté les bandes mafieuses locales et nationales (Issabate).
Non, la corruption, la rapine, le pillage des ressources et des deniers publiques ne sont pas le simple fait de ces quelques personnes, c’est le fait d’un système qui a institutionnalisé toutes ces pratiques et les a érigées en modèles politiques et économiques.
Mais cette campagne de propagande menée notamment via les grands médias publics n’est pas arrivée à duper l’immense majorité du peuple. Bien au contraire, le musèlement de la presse publique et privée, l’instrumentalisation de la justice, la fermeture du champs politique, les attaques contre les partis et le multipartisme, l’interdiction des activités politiques et des réunions publiques…, dévoilent le véritable visage du régime, le même que celui qu’il prétend combattre.
En effet, même si plusieurs détenus ont été libérés, la répression se poursuit toujours avec de nouvelles arrestations ainsi que la condamnation de plusieurs détenus politiques et d’opinion.
Le bureau politique du PT s’associe pleinement au combat politique posant l’exigence démocratique de libération sans condition de tous les détenus politiques et d’opinion et plus généralement pour que cesse toutes les politiques et pratiques liberticides qui frappent toutes celles et tous ceux qui ont un point de vue différent de celui du régime en place.
Garantir le droit de manifester ?
Le bureau politique exprime sa solidarité avec les enseignants du primaire qui sont mobilisés depuis plusieurs mois pour la satisfaction de leurs légitimes revendications socioprofessionnelles et condamne la répression qui s’est abattue sur eux.
L’instrumentalisation de la justice une pratique ancienne, dans le conflit opposant le personnel navigant commercial (PNC) d’Air Algérie décrétant la grève illégale a ouvert la voie à la suspension de plusieurs d’entre eux. Le Bureau politique exige la réintégration des PNC suspendus et l’arrêt de l’utilisation de la justice pour remettre en cause le droit fondamental de grève et de négociation, les libertés syndicales.
Pour le Parti des travailleurs, la rupture avec l’ancien système ne peut se faire qu’avec l’exercice par le peuple de sa pleine souveraineté. C’est à lui et à lui seul que revient la tâche et le droit de définir la forme et le contenu des institutions à mettre en place pour satisfaire toutes ses aspirations dans le domaine politique, économique, social, culturel….
Pour cela, doivent être levés tous les obstacles devant le libre débat, le libre exercice des libertés d’expression, de réunion et d’organisation. La démocratie exige que soit ouvert le champs politique et médiatique devant toutes les Algériennes et tous les Algériens incluant les partis politiques, syndicats, collectifs, personnalités… pour permettre d’ouvrir une issue positive à la révolution populaire portée par des millions depuis plus d’une année.
Le PT reste convaincu que le moyen démocratique permettant à toutes et à tous de participer à l’édification de la deuxième république rompant avec le système en place passe par la réunions d’une assemblée nationale constituante souveraine qui aura comme tâche principale la rédaction d’une constitution qui prenne en charge toutes les aspiration, revendications et exigences de la révolution.
Une telle assemblée constituante qui sera l’émanation de la volonté populaire pourra émerger de formes d’auto-organisation aboutissant à la désignation ou l’élection de délégués mandatés qui partiront de la base (communes, wilayas…) puis nationale, sera chargée d’inscrire dans une nouvelle constitution la forme et le contenu des institutions à mettre en place conformément aux intérêts exclusifs de la majorité du peuple et de la nation.
Le Bureau politique
Alger, le 26 février 2020.
Alger, le 26 février 2020.
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