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dimanche 15 septembre 2019

Sept choses à savoir sur le lanceur d'alerte Edward Snowden, qui demande l'asile politique à la France - le 18.09.2019



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Sept choses à savoir sur le lanceur d'alerte Edward Snowden, qui demande l'asile politique à la France


L'Américain est réfugié en Russie depuis l'été 2013. Cette année-là, il avait dénoncé la surveillance massive des communications mondiales par les services secrets américains, via les géants d'internet.

De Russie, Edward Snowden s\'adresse aux participants des conférences organisées pour le 25e anniversaire du magazine de la culture numérique, Wired, le 14 octobre 2018 à San Francisco.

De Russie, Edward Snowden s'adresse aux participants des conférences organisées pour le 25e anniversaire du magazine de la culture numérique, Wired, le 14 octobre 2018 à San Francisco. (PHILLIP FARAONE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

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franceinfoFrance Télévisions
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Six ans, déjà, qu'il est en Russie, faute d'autre pays pour l'accueillir. Dans un entretien accordé à France Inter, qui sera diffusé lundi 16 septembre, l'Américain Edward Snowden lance un appel au président Emmanuel Macron pour qu'il lui accorde le droit d'asile en France.
Le lanceur d'alerte de 36 ans publie aussi le 17 septembre prochain un livre très attendu, qui sort en France sous le titre Mémoires vives (éd. du Seuil). Il y reviendra sur son trajet d'ancien agent de la CIA, devenu la bête noire des services secrets américains après avoir révélé l'ampleur de la surveillance mondiale des communications par les Etats-Unis, grâce aux géants d'internet. Voici sept choses à retenir d'Edward Snowden.

Il a travaillé pour la CIA comme informaticien

Il s'agit, au départ, d'un Américain comme tant d'autres, profondément choqué par les attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain. Né le 21 juin 1983 en Caroline du Nord, Edward Snowden étudie l'informatique. En 2004, à 21 ans, il s'engage dans l'armée dans un élan patriotique. Une double fracture met rapidement fin à sa carrière militaire dans les forces spéciales. Mais la CIA repère cet informaticien brillant, le recrute et l'envoie à l'étranger, à Genève (Suisse). Il y est chargé, explique Le Mondede "la mise en réseau de tous les systèmes informatiques clandestins de la CIA en Europe".
Edward Snowden travaille ensuite pour des entreprises sous-traitantes de la NSA (Agence nationale de sécurité), l'agence américaine chargée de la sécurité des systèmes d'information du gouvernement américain. Ses "grandes oreilles", en quelque sorte.
C'est à ce moment-là qu'il découvre l'ampleur de l'espionnage des services secrets américains, et la façon dont ils interceptent partout dans le monde les mails ou conversations téléphoniques dont ils veulent connaître la teneur. "Peu à peu, détaille Le Monde, il réalise que la NSA a mis en place, à l’abri de tout véritable contrôle démocratique, un appareil de surveillance massif et tentaculaire, qui n’épargne aucun recoin d'internet ni les citoyens". Le programme Prism, explique encore le quotidien dans cette infographie, permet aux Etats-Unis de suivre "de manière étendue l'activité en ligne d'un très grand nombre de personnes", notamment via les géants comme Google, Facebook, Apple ou Yahoo!.

Il est devenu lanceur d'alerte

Horrifié, Edward Snowden décide d'enregistrer sur des clés USB les documents secrets prouvant l'ampleur de la surveillance mise en place par les Américains au nom de la lutte contre le terrorisme. L'informaticien travaille alors à Hawaï pour la NSA. De là, il se rend à Hong Kong. Dans l'ancienne colonie anglaise, il transmet ses fichiers secrets au journaliste américain Glenn Greenwald, qui travaille pour le journal britannique The Guardian, et à la documentariste américaine Laura Poitras, qui travaille, entre autres, pour le Washington Post. La divulgation de ces documents dans les deux médias commence début juin 2013. 
Edward Snowden, dont le nom ne tarde pas à être publié, devient le cauchemar des services secrets américains. Il "vient de confier aux médias la plus importante fuite de documents secrets de l’histoire", souligne Le Monde. Et l'ancien agent de la CIA explique au Guardian que chacun peut être dans l'œil du cyclone : "Vous n'avez pas besoin d'avoir fait quoi que ce soit. Il vous suffit seulement d'être soupçonné par quelqu'un, même par erreur et ils [le gouvernement américain] peuvent utiliser ce système pour remonter dans le temps, examiner toutes les décisions que vous avez prises, tous les amis avec qui vous avez parlé." Les Etats-Unis l'inculpent pour espionnage et vols de secrets d'Etat. Il risque trente ans de prison.

Des demandeurs d'asile l'ont protégé à Hong Kong

A Hong Kong, en juin 2013, sa sécurité n'est guère garantie, alors qu'il est traqué par les services secrets américains. C'est à des demandeurs d'asile qu'il devra son salut, détaille France 24 dans une incroyable enquête. Car un avocat, Robert Tibbo, a l'idée de cacher l'ancien agent de la CIA parmi les réfugiés de Hong Kong. Personne n'aura l'idée de le chercher dans cette "communauté méprisée, qui vit au ban du reste de la société dans cette mégalopole tentaculaire", souligne France 24 dans son document.
Devant les caméras de France 24, Edward Snowden explique ce qu'il doit aux quatre demandeurs d'asile, Ajith Pushpakumara, Supun Kellapatha, Nadeeka Dilrukshi et Vanessa Rodel, qui l'ont nourri et abrité dans leurs minuscules appartements : "Ils auraient pu écrire un mail à la CIA et recevoir un énorme chèque, ou bien obtenir l'asile en échange et ils n'auraient plus eu aucun problème. Mais ils l'auraient fait en creusant la tombe de quelqu'un... Pour cela, je leur serai éternellement reconnaissant."
Mais les quatre réfugiés en paient encore le prix. Seule la Philippine Vanessa Rodel a vu sa demande d'asile au Canada acceptée. Les trois autres, qui demandent également l'asile dans ce pays voisin des Etats-Unis, ont été arrêtés et interrogés à plusieurs reprises par la police hongkongaise. "Ils vivent désormais la peur au ventre, sous la menace d'être arrêtés et expulsés à tout moment dans leur pays d'origine, le Sri Lanka, où ils risquent persécutions et emprisonnement, voire la mort", conclut France 24.

Il s'est réfugié en Russie

Le 23 juin 2013, il embarque dans un avion Aeroflot à destination de la Russie. Le jour même, les Etats-Unis invalident son passeport. Edward Snowden ne peut gagner l'Equateur, comme il comptait le faire initialement. ll passe un mois à l'aéroport de Moscou, dans l'attente d'un pays qui lui accorde l'asile. Il finit par demander l'asile à Moscou, qui le lui accorde. Que fait-il dans la capitale russe ? "Je voyage en métro, je vis dans un appartement avec ma copine et je paye le loyer", a-t-il raconté en 2018 aux journalistes du quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, qui ont pu l’interviewer dans un hôtel moscovite.
Pour le reste, son quotidien diffère sensiblement de celui d'un expatrié ordinaire. L'informaticien américain fait en général profil bas, même s'il se permet de temps en temps des sorties au restaurant ou au musée. Edward Snowden n'utilise ni carte de crédit, ni téléphone portable. Toutes ses communications sont cryptées et transitent par son équipe d'avocats, selon RFI. Pour gagner sa vie, il participe à des vidéoconférences sur la liberté de la presse ou la sécurité informatique. 

Sa vie portée à l'écran par Oliver Stone

Sous le titre Snowden, Oliver Stone a popularisé l'histoire du lanceur d'alerte dans un film sorti en novembre 2016. Après la guerre du Vietnam (Platoon), George W. Bush (W. l'improbable président), John Fitzgerald Kennedy (JFK) ou le 11-Septembre (World Trade Center), le réalisateur américain s'attaque une nouvelle fois à un sujet brûlant aux Etats-Unis. On y voit Edward Snowden sous les traits de Joseph Gordon-Levitt (Inception).
Edward Snowden apparait également dans Citizenfour, un documentaire oscarisé de la journaliste Laura Poitras, où il est filmé en cavale, dans une chambre d'hôtel à Hong Kong.

Il publie ses mémoires le 17 septembre

Sous le titre Permanent record (Metropolitan Books), Edward Snowden publie le 17 septembre ses mémoires, qui seront distribuées simultanément dans une vingtaine de pays (Etats-Unis, Brésil, Grande-Bretagne, Allemagne...). L'ouvrage sort en France deux jours plus tard aux éditions du Seuil, sous le nom Mémoires vives. Le 1er août, le lanceur d'alerte avait publié une vidéo sur son compte Twitter, sobrement intitulée "I wrote a book" ("J'ai écrit un livre"). 


Dans son édition du vendredi 13 septembre, Le Monde a publié les bonnes feuilles de ce document, qui commence ainsi : "Etant donné le caractère américain de l'infrastructure des communications mondiales, il était prévisible que le gouvernement se livrerait à la surveillance de masse. Cela aurait dû me sauter aux yeux. Pourtant, ça n'a pas été le cas, principalement parce que les autorités américaines démentaient si catégoriquement se livrer à ce genre de choses, et avec une telle vigueur, dans les médias ou devant les tribunaux, que les quelques sceptiques qui leur reprochaient de mentir étaient traités comme des junkies complotistes. Nous – moi, vous, nous tous – étions trop naïfs." 
L'autobiographie de l'ancien informaticien sera tirée à 70 000 exemplaires, selon Livres Hebdo. "Edward J. Snowden a décidé à l'âge de 29 ans de sacrifier son avenir personnel pour le bien de son pays, note son éditeur américain. Il a témoigné ainsi d'un courage immense et, qu'on le veuille ou non, c'est une fabuleuse histoire américaine. Il n'y a aucun doute que le monde est plus sûr et respectueux grâce à ce qu'il a fait."

Il demande l'asile politique à Emmanuel Macron

"J'ai demandé l'asile en France en 2013 sous François Hollande [sans résultat]. Évidemment, j'aimerais beaucoup que monsieur [Emmanuel] Macron m'accorde le droit d'asile", lance Edward Snowden dans une interview exclusive qui sera diffusée lundi 16 septembre sur France Inter à 8h20.

"J'aimerais beaucoup que monsieur Macron m'accorde le droit d'asile" - Edward @Snowden est l'invité exceptionnel de @ndemorand et @LeaSalame, dans le 7/9 de France Inter, lundi 16 septembre à 8h20. Retrouvez un premier extrait de cet entretien ici.

974 personnes parlent à ce sujet

Contactée par franceinfo, l'Elysée n'avait toujours pas commenté cette requête samedi 14 septembre. "Le plus triste dans toute cette histoire, c'est que le seul endroit où un lanceur d'alerte américain a la possibilité de parler, ce n'est pas en Europe mais ici [en Russie]", remarque l'ancien espion américain avant d'ajouter : "Protéger les lanceurs d'alerte, ça n'a rien d'hostile. Accueillir quelqu'un comme moi, ce n'est pas attaquer les Etats-Unis."



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