Lu dans le DL du 11.09.2019
ÉDITO
Gilles DEBERNARDI
Aux damnés de la mer,
pas de visa, pas d’USA !
Un peu partout, le retour des nationalismes impose le « chacun pour soi » comme une règle universelle.
L’Union européenne, par exemple, laissa trop longtemps l’Italie se débrouiller
seule avec l’afflux de migrants en Méditerranée.
On a vu le
résultat dans les urnes, Matteo Salvini triomphe. D’autres misères tournent aujourd’hui en boucle sur les écrans du monde.
Les
ravages causés par l’ouragan Dorian sur les Bahamas laissent
pantois.
Ces îles riantes des Caraïbes ressemblent maintenant à
certaines villes allemandes de l’après-guerre, voire à Hiroshima.
Chacun sait que le bilan provisoire de 50 morts va encore
s’aggraver.
Les survivants, sans toit ni secours, subissent la faim,
la soif et bientôt les maladies.
Fuir ou mourir, l’équation a le
mérite de la simplicité. L’urgence commande de vite trouver un
refuge, dans l’attente d’une lointaine reconstruction.
Les Bahaméens sinistrés convergent vers la Floride, à portée de ferry,
persuadés que le voisin US se montrera bienveillant.
D’autant
qu’un simple passeport leur suffisait, jusqu’alors, pour entrer
aux États-Unis.
Mais ça, c’était avant, les règles semblent avoir
changé pendant la nuit.
Pour les accueillir, Washington exige
désormais un visa dûment tamponné.
Où ça ?
Sous les décombres des préfectures pulvérisées, sans doute.
Des centaines de
réfugiés, enfants compris, ont ainsi été refoulés des côtes américaines.
C’est que Donald Trump, campagne électorale oblige,
s’inquiète de l’arrivée massive « de membres de gangs très méchants ».
Pardi, au premier typhon, les mafias débarquent !
Qui
ose prétendre le contraire pèche par naïveté ou antipatriotisme.
Mieux vaut donc claquer sa porte au nez des damnés de la mer.
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