Le constat est terrible. En deux années de présidence, Emmanuel Macron aura au moins réussi une chose : enregistrer le pire nombre de morts et de blessés lors d’opérations de maintien de l’ordre depuis 1968.
Après la mort à Marseille de
Zineb Redouane, gravement blessée au visage par une grenade lacrymogène alors qu'elle fermait ses volets, le 1er décembre, celle de Steve Maia Caniço, dont
le corps a été repêché cette semaine à Nantes, porte à deux le nombre de victimes d'opérations de maintien de l'ordre dangereuses et excessives, en quelques mois à peine.
Avec la répression systématique des « gilets jaunes », de nombreux Français moyens sans histoire ont pu mesurer dans leur chair ce que d'autres vivaient depuis plusieurs années dans les banlieues pauvres,
comme l’a écrit Michel Deléan.
Ce sombre bilan, dangereux, humainement, politiquement et socialement, est encore aggravé par l’attitude du pouvoir : quelques heures à peine après l’identification formelle du corps de Steve Maia Caniço, 24 ans, le premier ministre, flanqué du ministre de l’intérieur, a juré qu’en l’état des informations disponibles,
la police n’y était pour rien.
De quoi susciter
la colère, voire « la haine » de certains jeunes Nantais et des amis et proches de l’animateur.
Surtout, l’enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), opportunément rendue publique après la découverte du corps, et alors même qu’elle avait été bouclée bien avant, est marquée par des incohérences et des zones d’ombre.
Comme l’a révélé notre journaliste Pascale Pascariello, le responsable de l’unité de CRS, présent sur les lieux, n'a pas été auditionné, et l’IGPN n’a pas rendu publiques les conclusions d’un compte-rendu d’opération sur l’appréciation de l’usage de la force. Deux éléments qui apparaissent à charge pour les forces de l’ordre présentes en cette nuit de la fête de la musique, du 21 au 22 juin 2019. Des rassemblements en hommage à Steve sont prévus dans plusieurs villes de France samedi 3 août.
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