Manuel Bompard
DÉBATTRE OUI. DÉTRUIRE NON.
Depuis plusieurs mois, la France insoumise est l'objet d'un acharnement insupportable. La moindre discussion en son sein est transformée en un clash violent dans les médias de l'officialité. Le moindre départ fait l'objet d'un traitement démesuré alors que les initiatives innovantes et inédites de notre mouvement n'ont pas le droit à la moindre ligne. N'importe quelle rumeur ou désaccord se retrouve en quelques heures en une des sites d'information sans qu'aucune information ne soit vérifiée et sans aucun droit de réponse. Nous avons été successivement maquillés en antisémites, en secte clanique, en violents, en proches de l'extrême droite, en adulateurs hysterisés d'un gourou irresponsable. Aucune force politique n'a subi un tel traitement.
Ainsi, les événements autour de la constitution de la liste ont donné lieu à une série d'articles malveillants alors qu'aucun média ne nous a informé sur les modalités de construction de la liste de la République en Marche, du Rassemblement National, d'Europe Écologie les Verts, de Générations ou du Parti Communiste Français. Pourtant, la France insoumise a mis en place dans cette élection une méthode innovante, s'appuyant sur un comité électoral majoritairement tiré au sort et sur un vote de plusieurs dizaines de milliers d'insoumis. De même pour son programme qui a été construit pendant 6 mois en s'appuyant sur des contributions ouvertes sur la plate forme internet de la France insoumise et qui a été validé par les membres du mouvement à l'issue d'un vote en ligne. Qui d'autres à fait de même ?
Cet acharnement médiatique est reparti de plus belle à l'issue des élections européennes. Le traitement de la France insoumise par le journal Le Monde depuis plusieurs jours est un modèle du genre. Pas un seul article n'a été consacré à notre arrivée au Parlement Européen. Aucun de ses journalistes n'était présent ce jour à la réunion commune des groupes parlementaires et de la délégation insoumise au Parlement Européen. Pourtant, cette initiative est unique, tout comme l'arrivée d'une délégation de 6 eurodéputés français au sein de la Gauche Unitaire Européenne, ce qui n'avait pas eu lieu depuis plus de 20 ans.
Aujourd'hui, ce journal publie donc une contribution interne aux discussions que nous avons sur notre mouvement. Il est pourtant normal que nous puissions échanger entre nous sur la manière avec laquelle nous voulons nous organiser. Mais il est quand même problématique que ces discussions soient présentées comme des règlements de compte et qu'elles doivent désormais avoir lieu dans des médias dont on a pu mesuré la sympathie pour notre mouvement. D'autant plus quand des espaces d'échange sont prévus de longue date dans les prochains jours pour pouvoir partager nos analyses et nos propositions. Ce sera notamment le cas de l'assemblée representative des 22 et 23 juin prochain.
Mais puisque cette contribution est désormais publique, il est difficile de laisser un certain nombre d'affirmations sans réponse. Bien sûr, notre mouvement est perfectible. Il ne s'en est d'ailleurs jamais caché puisqu'il s'est présenté depuis son origine comme un mouvement évolutif qui cherche en permanence à améliorer ses modalités de fonctionnement. Sur ce point, notre convention de Bordeaux avait déjà initié des chantiers pour mettre en place à l'issue des élections européennes une coordination de ses espaces internes, un forum de débat stratégique et un pôle de respect des principes du mouvement. Cela n'est peut être pas suffisant et il est légitime que des propositions soient faites pour aller plus loin.
Mais cela n'autorise pas non plus à dire n'importe quoi. Ainsi, quand cette contribution nous indique que le travail programmatique ne serait pas mené correctement, c'est tout de même un problème puisqu'elle est signé par des personnes qui ont justement été en charge de ce travail depuis le début de la France insoumise. Quand elle reproche que les annonces de la convention n'aient pas été immédiatement suivi d'effet, c'est un peu dur à entendre pour celles et ceux qui se sont engagés depuis 6 mois dans une campagne électorale intense et alors qu'il avait été convenu collectivement que celles-ci seraient déclinées dans l'année qui vient. Quand les signataires, dont plusieurs candidats, nous indiquent qu'il n'y aurait pas eu d'espaces clairement identifiés pour les échanges stratégiques dans la campagne, ce n'est pas vrai et ils le savent. Tout au long de la campagne, nous avons réuni 4 séminaires de l'ensemble des candidats et une réunion avait lieu chaque semaine entre les 16 premiers candidats le lundi de 12h à 14h. Plusieurs des signataires y siegeaient mais c'est vrai qu'ils n'ont pas toujours brillé par leur présence.
Il est donc légitime de pouvoir discuter de nos futurs objectifs politiques et de la manière la plus efficace de nous organiser pour les accomplir. Mais la situation politique de notre pays nous oblige à ne pas transformer le débat en une entreprise de destruction. Le mouvement de la France insoumise est un acquis formidable mais fragile pour celles et ceux qui attendaient en France une proposition politique en mesure de répondre aux urgences sociales, écologiques et démocratiques. Il est composé d'êtres humains qui, s'ils ont pu faire des erreurs, se sont dépensés sans compter, sans rien attendre en retour, et avec l'unique objectif de faire triompher nos idées. Il nous appartient donc collectivement de ne pas donner à ceux qui veulent son affaiblissement des outils pour cela. Débattre oui, mais détruire non. Jamais.
Deux commentaires que je partage (BV)
<<S'il y a du linge sale à laver que cela se fasse "en famille" si l'on veut que les critiques soient constructives, maintenant si l'objectif est de CASSER la France Insoumise alors oui les médias sont appropriés pour cela.>>
<<Je suis plus que perplexe devant les réactions diverses et navrantes devant l'échec des européennes, en particulier sur le cas Mélenchon....Le cas Mélenchon comme noyau crucial du problème . Il faut être cynique, aveugle ou faire preuve de bêtise pour rentrer dans cette combine. En effet, la politique s'incarne, on peut le regretter, mais c'est comme ça....le jour ou on fera des élections sans candidat, sur des programmes, nous aurons , sans nul doute, une politique de gauche, voir d'extrême gauche. La politique s'incarne donc et ne fait appelle qu'aux affects et à presque rien de rationnel( il suffit de voir le vote gilets jaunes qui votent à 40% pour une Lepen qui est contre toutes leurs revendications....). ce que l'on oublie ,c'est que nos adversaires sont intelligents et disposent de tous les outils pour travailler ces affects. On fait aimer le Macdo comme macron et l'on fait détester à peut près qui on veut. les exemples sont à prendre à la pelle, que cela soit à l'étranger comme en France...et Mélenchon en est l'exemple cristallin. Il ne faut pas être une lumière pour s'apercevoir que l'oligarchie a eu une trouille bleue en 2017 et qu'en aucun cas elle ne tolèrerait une autre alerte....Et depuis se fut un tir de barrage permanent dans le but évident de démolir le patriarche....Il semble que le but soit en voie de réalisation...Cependant les demi-habiles pensent qu'en enlevant le vieux le problème sera réglé....C'est faire le jeu de l'ennemi , car si une tête de gondole réapparait ,il subira le même tir de barrage ( si vous n'êtes pas convaincus...jetez un oeil en Angleterre, en Amérique latine, même combat , même méthode).... Aussi , compte tenu des caractéristique tu champs de bataille, la seule question qui vaille est celle là: Qui a les épaules pour subir pareil déchiquetage médiatique? je n'en vois qu'un c'est le vieux....On parle de Ruffin...il suffit de voir son utilisation par la presse, après avoir servi d'élément possible de division, dès que son discours dépasse ce cadre ...C'est la curée et il me semble bien tendre dans l'exercice....Nous n'avons pas le choix, me semble t-il....Donc au combat!>>
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