"Comment peut-on faire le tri? Comment distinguer ceux qui méritent l'accueil, pour des raisons politiques, et ceux qui n'en sont pas dignes?", s'interroge l'écrivain
dans une tribune publiée jeudi par l'Obs. "Est-il moins grave de mourir de faim, de détresse, d'abandon, que de mourir sous les coups d'un tyran?", poursuit le prix Nobel qui rappelle avoir été lui-même un migrant.
"J'ai été l'un d'eux jadis, quand ma mère nous a emmenés mon frère et moi traverser la France (...) pour fuir la guerre. Nous n'étions pas des demandeurs d'asile (...) Nous cherchions un endroit où survivre". "Prenons garde à ne pas dresser autour de nous des frontières mentales encore plus injustes que les frontières politiques", insiste l'auteur de "Désert".
"Dégueulasse. Il n'y a pas d'autre mot"
L'écrivain s'insurge contre la politique devenue "un monstre froid" qui agit en suivant "des lois et des instructions qui ne tiennent pas compte du sentiment humain". "S'il est avéré que pour faire déguerpir les migrants qui dorment sous une bâche par six degrés au-dessus de zéro les milices crèvent leurs tentes (...) S'il est avéré qu'on pourchasse les misérables comme s'ils étaient des chiens errants. Eh bien, cela est dégueulasse. Il n'y a pas d'autre mot", soutient le romancier.
Dans le même numéro de l'Obs, Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France, estime que "La France pourrait faire plus et mieux" pour l'accueil des migrants. "Il nous faut avoir l'audace de regarder positivement ces personnes qui arrivent (...) Le devoir d'humanité doit être plus fort que nos appréhensions", ajoute l'archevêque de Marseille. Les associations d'aide aux migrants ont rendez-vous ce jeudi à Matignon sur le projet de loi "asile et immigration".
J.M.G. Le Clézio vient de publier "Alma", aux éditions Gallimard, un roman dans lequel il fait récit de deux destins croisés : celui de Jérémie Felsen, un Français parti à l'île Maurice sur les traces de ses ancêtres, et celui de "Dodo", un cousin éloigné qui porte le même patronyme, mais que l'on prononce "Fe'sen". Dodo, c'est aussi l'animal, qui occupe une place centrale dans ce roman.
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