congrès du Parti communiste
LE MONDE | | Par Raphaëlle Besse Desmoulières
Pierre Laurent, au 36e congrès du Parti communiste, en févier 2013 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). LIONEL BONAVENTURE / AFP
C’est un petit séisme qui a ébranlé la maison communiste. Début mai, le texte présenté par la direction en vue du congrès du Parti communiste, qui se tient du 2 au 5 juin à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), n’a obtenu qu’une très courte majorité (51,2 %). Une première. A Paris, il a été même mis en minorité (49,6 %). « A quatre voix près », rappelle le secrétaire fédéral de la capitale, Igor Zamichiei.
La stratégie de l’exécutif national pour 2017 a provoqué de vives secousses. En toile de fond, le rapport à la social-démocratie. La primaire à gauche – à laquelle plus grand monde ne croit – a cristallisé les tensions. Le secrétaire national, Pierre Laurent, a défendu cette option tout en hésitant sur son périmètre – avec ou sans François Hollande. Pour lui, elle était la seule à même d’éviter l’élimination de la gauche au second tour. Comme le résume André Chassaigne, président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine à l’Assemblée : « Ça a créé de la confusion et comme on dit : “quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup.” »
Cette prise de position a fracturé la majorité issue du congrès de 2013. En tête de la fronde, un ancien dirigeant du parti, Patrice Cohen-Séat, et sa femme, l’ex-sénatrice de Paris, Nicole Borvo Cohen-Séat. Ces deux figures de la fédération parisienne ont été parmi les initiateurs d’un texte alternatif. Leur objectif : s’opposer à la primaire et relancer un Front de gauche laissé pour mort.
Le résultat des choix des municipales
Trois autres textes, plus identitaires mais également sur une ligne anti-primaire, ont été soumis au vote des militants. De quoi mettre la direction en difficulté, dans la capitale comme ailleurs. « Pierre Laurent a beaucoup tendu la main au PS mais, même s’il a eu raison de le faire, ça n’a rien donné, indique Hugo Touzet, secrétaire de section dans le 18e arrondissement. Il faut un rassemblement sur des bases clairement antilibérales. »
A Paris, le score de l’exécutif national est aussi le résultat des choix des municipales de 2014. M. Laurent avait à l’époque mis tout son poids pour faire passer une alliance avec le PS dès le premier tour, ce qui n’avait été approuvé qu’à 57 % des voix. Les communistes obtiendront finalement plus de conseillers de Paris que dans la précédente mandature mais moins qu’EELV parti en autonomie. Pour le Front de gauche, ce sera le début de la fin. « Est-ce que ça a laissé des traces ? Peut-être, mais on fait tous les jours la démonstration qu’on peut travailler avec les socialistes », juge Ian Brossat, adjoint au logement d’Anne Hidalgo. Réponse de Mme Borvo Cohen-Séat : « Le problème n’est pas là. On ne peut créer les conditions d’une alternative que si on crée un rapport de force en permanence. »
Si une version amendée du texte de la direction devrait être largement adoptée lors du congrès et Pierre Laurent confirmé, il s’agit tout de même d’un sérieux revers pour le numéro un communiste, lui-même militant dans la capitale. « Il n’y a pas de sujet Pierre Laurent, assure ce dernier. Paris n’est pas un îlot : il y a les mêmes débats qu’ailleurs. C’est une fédération qui discute beaucoup, c’est ce qui fait son charme. »
Stratégie pour 2017
Désormais, le sénateur de Paris se garde bien de parler de primaire. Lundi, il a annoncé qu’un appel serait lancé pour « une candidature d’alternative à gauche ». Il met aussi en avant la construction d’un « socle politique commun » qui permette de rassembler « toutes les forces de gauche qui veulent la rupture avec la politique du gouvernement ». Des propos qui ont rassuré M. Cohen-Séat.« Reste à dire que nous excluons clairement une candidature commune avec le PS en tant que tel », note-t-il.
Une conférence nationale sera convoquée en novembre pour déterminer la stratégie du parti pour 2017. Une candidature communiste n’est pas exclue. La date, lointaine, sonne cependant comme une envie de trancher le plus tard possible avec le risque de devoir se rallier à Jean-Luc Mélenchon au dernier moment. Pour l’heure, le secrétaire national critique la campagne « trop présidentialisée » de son ancien allié et « regrette » que ce dernier ait choisi « délibérément » la date du 5 juin, dernier jour du congrès, pour organiser son premier « défilé de la France insoumise », place Stalingrad à Paris.
M. Laurent semble, en revanche, avoir les idées plus claires sur les législatives dont il dit avoir « tiré les leçons de 2012 ». Il y a quatre ans, malgré le bon score de M. Mélenchon (11,1 %), le PCF avait perdu près de la moitié de ses députés et dû composer avec des élus ultramarins pour composer un groupe. « La campagne des législatives doit démarrer maintenant quel que soit le candidat à la présidentielle », martèle le patron du PCF. Une condition sine qua non pour continuer d’exister dans l’après-2017.
Journaliste au Monde
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