L'ECONOMIE
lundi 27 juin 2016
Nouvelle ère pour le canal de Panama élargi |
Le « Cosco-Shipping-Panama », un cargo chinois, est le premier à traverser le canal de Panama élargi, le 26 juin. DARIO LOPEZ-MILLS / AP
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Après neuf ans de travaux pharaoniques pour l’agrandir et le rénover, le canal de Panama a accueilli dimanche un premier porte-conteneurs chinois avec l’espoir de doper ses recettes et le commerce entre Asie et Etats-Unis. Le Cosco-Shipping-Panama, désigné par tirage au sort, a traversé les 80 kilomètres du canal reliant l’océan Atlantique au Pacifique, salué par des milliers de spectateurs agitant des drapeaux panaméens arborant une étoile bleue et une étoile rouge, ou s’abritant sous des ombrelles pour se protéger de la chaleur tropicale. Dans la matinée, le bâtiment chinois, large de 48,25 mètres et long de 299,9 mètres, a franchi la première des deux nouvelles écluses, celle d’Agua Clara côté océan Atlantique, avant de rejoindre quelques heures plus tard celle de Cocoli sur le Pacifique, un trajet facturé près de 600 000 dollars. Faisant retentir sa sirène à de multiples reprises, il a été ovationné par le public à son arrivée.
« C’est un grand jour pour le Panama », dont le canal est « la route qui unit le monde », a lancé le président panaméen Juan Carlos Varela. Plus d’un siècle après l’inauguration en 1914 de cette infrastructure qui avait révolutionné le commerce mondial, une dizaine de dignitaires étrangers tous vêtus de blanc, dont les présidentes de Taïwan Tsai Ing-wen et du Chili Michelle Bachelet, ont assisté à la cérémonie.
Désormais, le canal pourra accueillir 97 % à 98 % des porte-conteneurs dans le monde, des bateaux transportant jusqu’à 14 000 conteneurs, mesurant jusqu’à 49 mètres de large et 366 mètres de long, triplant ainsi sa capacité. Auparavant, les navires trop imposants transitaient par le canal de Suez, plus large. Le Panama espère, d’ici à dix ans, doper ses performances annuelles, en doublant son volume de transit (300 millions de tonnes) et en triplant ses recettes (1 milliard de dollars). Le canal est déjà le passage obligé pour 5 % du commerce maritime mondial, avec les Etats-Unis et la Chine comme principaux clients. Son agrandissement stimulera les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l’Asie, qui verront se réduire les coûts de transport des marchandises. Le marché visé est notamment celui du transport de gaz naturel liquéfié depuis le Texas et la Louisiane jusqu’en Asie (Japon surtout), à un moment où ces échanges sont intensifiés par l’essor du gaz de schiste américain. Le Panama devient ainsi « l’un des centres névralgiques du commerce international », a estimé samedi Luis Alberto Moreno, président de la Banque interaméricaine de développement, tablant sur « un effet domino sur tout le continent américain en modifiant profondément toute la chaîne logistique ». Lancé en 2007, le projet consistait à bâtir une troisième voie et un nouveau jeu d’écluses, et à procéder à quelques rénovations. La mise en pratique du canal a été semée d’embûches : des disputes incessantes entre l’administration du canal et le Groupe Unis pour le canal (GUPC) – consortium chargé des travaux et réunissant les groupes espagnol Sacyr, italien Salini Impregilo, belge Jan de Nul et panaméen Constructora Urbana –, et plusieurs grèves d’ouvriers ont provoqué presque deux ans de retards. L’élargissement du canal a eu un coût de 5,45 milliards de dollars, sur lequel planent encore les réclamations déposées par le consortium, pour 3,5 milliards.
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Poursuivre les réformes, selon la BRI. La Banque des règlements internationaux (BRI) a appelé à poursuivre les réformes afin d’assurer la pérennité de la croissance face aux déséquilibres qui sont se accumulés, en particulier avec l’excès de dette, dans son rapport annuel publié dimanche. L’institution, considérée comme la banque centrale des banques centrales, a insisté en particulier sur la nécessité d’achever les réformes du secteur bancaire et de revoir les politiques publiques, notamment au niveau de la fiscalité, plutôt que de recourir excessivement à la politique monétaire qui a supporté un lourd fardeau depuis la crise.
Incertitudes mondiales. Le premier ministre chinois Li Keqiang a déclaré lundi que le vote des Britanniques en faveur du « Brexit » augmentait les incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale et a réaffirmé la volonté de Pékin de voir une Union européenne unie et stable et un Royaume-Uni prospère.
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Micro-Macro |
par Thibaut Soulcié |
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Dans la presse étrangère |
Quel impact du « Brexit » sur le commerce Royaume-Uni-UE ? |
Les quartiers financiers de Londres de la City et Canary Wharf séparés par la Tamise, le 24 juin 2016. LEON NEAL / AFP
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A la suite du vote favorable au « Brexit » jeudi, la Grande-Bretagne devra parvenir à un nouvel accord commercial avec l’Union européenne. La tâche sera complexe et devra être effectuée sous la pression dans d’un délai de deux ans, souligne The Guardian. Ces discussions devront examiner le cadre pour l’exportation et l’importation de produits et services. En outre, les négociations devront couvrir les procédures douanières, les contrôles de passeport pour les voyageurs d’affaires et de la réglementation sur les questions telles que les normes environnementales, de santé et de sécurité. Actuellement, les entreprises britanniques commercent avec l’UE sur une base en franchise de droits et sans contingents. Au cours des négociations pour un nouvel accord sur le commerce, Bruxelles pourrait chercher à imposer un tarif de 5 % sur toutes les exportations d’automobiles du Royaume-Uni (8 sur 10 sont exportées). Il y a aussi le risque que l’UE impose des quotas, qui limitent la quantité de biens et services qui peuvent être vendus en Europe. L’industrie des services financiers et professionnels de la Grande-Bretagne est un contributeur important au PIB (environ 12 %). Samedi, un cadre supérieur à la Banque centrale européenne déclarait que les banques de la City risquaient d’être privés de leurs lucratifs« passeports » UE qui leur permettent de vendre des services au reste de l’union. Mais il y a un certain nombre de scénarios possibles, y compris que le statu quo actuel demeure. Cependant, pour des millions de personnes qui ont fait campagne et ont voté pour quitter l’UE, ce serait difficile à accepter.
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Etudes & documents |
Islande : attention à la surchauffe ! Le Fonds monétaire international (FMI) a appelé mercredi l’Islande à faire attention au risque de surchauffe économique, et à empêcher à l’avenir les fortes hausses de salaires comme celles négociées en 2015. « Le plus gros risque pour l’Islande est la surchauffe. Les hausses de salaires généreuses, s’ajoutant à des voyants économiques déjà au rouge, rappellent l’historique islandais de boom et de krach », écrit-il dans son rapport annuel sur l’économie du pays. Il décrit un scénario de hausse des salaires, de la demande, des prix des biens importés, des taux d’intérêt et des actifs financiers, rendant l’île « vulnérable à un arrêt brutal qui pourrait être déclenché par des facteurs extérieurs ». L’une des priorités selon le FMI est de mener à bien la réforme des négociations salariales envisagée par le gouvernement de centre droit. A la faveur de mouvements sociaux et d’une excellente conjoncture, les syndicats islandais avaient obtenu lors des négociations triennales par branches des revalorisations importantes. D’après les calculs du FMI, le salaire réel a gagné 7,3 % en 2015, et devrait progresser de 8,8 % en 2016. Le gouvernement risque cependant de ne pas avoir le temps de mener à bien de grande réforme des relations sociales. Il a promis des élections législatives anticipées à l’automne, et les sondeurs le donnent perdant au profit du Parti pirate, formation a priori hostile à l’austérité budgétaire et salariale.
Source : Fonds monétaire international.
L’économie américaine a renoué avec la croissance, des réformes sont nécessaires. L’économie américaine affiche l’une des plus fortes reprises de tous les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), mais l’horizon n’est pas sans nuages, selon la dernière « Etude économique des Etats-Unis », publiée par l’OCDE. Sept ans après la crise financière, l’économie des Etats-Unis a rebondi, fermement soutenue par la politique monétaire et une politique budgétaire au caractère expansionniste judicieusement modulé dans le temps. La production dépasse de 10 % son meilleur niveau d’avant la crise, la vigueur de la création d’emplois dans le secteur privé a considérablement fait refluer le chômage et la viabilité des finances publiques a été en grande partie restaurée. Des réformes importantes sont toutefois nécessaires pour que cette performance perdure. « La reprise est là, même si elle a du mal à se concrétiser », a déclaré José Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, lors du lancement du rapport à Washington, au côté de Jason Furman, président du comité des conseillers économiques de la présidence des Etats-Unis. « A bien des égards, l’économie américaine est un modèle pour les autres pays de l’OCDE, mais, à l’aune des Etats-Unis, la reprise est timide et risque de s’essouffler. Il convient de rééquilibrer le dosage des politiques publiques et de mettre en œuvre des mesures qui se renforcent mutuellement afin d’accroître la productivité, de réduire les inégalités et de promouvoir une croissance durable. »
Source : Organisation de coopération et de développement économiques. |
À lire sur Le Monde.fr |
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Feu vert pour les Galeries Lafayette sur l’ouverture du dimanche
Une décision de justice inattendue permet de valider l’accord sur le travail dominical que le grand magasin avait signé avec ses syndicats le 20 mai.
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Sources : Le Monde.fr
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