L’heure n’est pas au bilan
Editorial de la Tribune des travailleurs du 18 mai 2016
Ce 17 mai, à nouveau, par centaines de milliers, travailleurs et jeunes sont dans la rue pour exiger le retrait de la réforme El Khomri. Dans de nombreux secteurs (cheminots, industrie chimique, routiers), la grève s’engage, les blocages s’organisent.
Certes, depuis dix semaines que la mobilisation a commencé, les obstacles ne manquent pas. Les difficultés non plus.
Obstacles : d’abord la répression ordonnée par le gouvernement et le recours au 49-3. Et puis les manœuvres autour des prétendus amendements et des motions de censure, artifi ces s’inscrivant dans le cadre des institutions de la Ve République. Tout cela dans un objectif : tenter d’étouffer la détermination de la classe ouvrière et de la jeunesse — soutenues par trois quarts des citoyens interrogés dans les sondages — à imposer le retrait de la loi El Khomri.
Difficultés : celles ressenties par un nombre grandissant de travailleurs et de militants au sujet de la « tactique » des journées d’action saute-moutons, ou encore du refus des dirigeants d’appeler clairement à la grève jusqu’au retrait.
Malgré cela, à chaque étape — on le voit à nouveau ce 17 mai — les travailleurs et les jeunes reprennent la voie de l’action.
C’est là que de curieuses sirènes commencent à se faire entendre.
Au plan politique, c’est L’Humanité qui, interrogeant Pierre Laurent, ce 17 mai, estime que « le mouvement contre la loi travail peine à retrouver l’élan du départ », et s’interroge sur d’autres manières d’agir. A quoi Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français répond en évoquant les « votations citoyennes » et la construction d’un « nouveau soclepolitique pour une nouvelle majorité en 2017 ». De son côté, Jean-Luc Mélenchon nous assure qu’il est inutile de s’inquiéter car grâce à « la prochaine motion de censure en juillet », c’est une certitude, « dans deux mois, Valls sera renversé ». Sans parler des appétits présidentiels qui se multiplient à la « gauche » du PS…
Dans le mouvement syndical, ces sirènes rencontrent parfois un écho. « Plus que jamais la grève est à l’ordre du jour ! Mais quelle que soit l’issue du bras de fer en cours, les conséquences syndicales et politiques sont déjà considérables », peut-on lire dans un organe syndical. Quelle que soit l’issue ?
Qu’importe le résultat du combat, pourvu qu’il ait des « conséquences considérables » ? D’autres ne manquent aucune occasion d’expliquer doctement que si les travailleurs ne viennent pas aux assemblées générales, ils n’ont qu’à s’en prendre qu’à eux-mêmes car les dirigeants, eux, ont fait tout ce qu’il fallait, « un sans-faute » en somme. Bref : si l’on n’aboutit pas, ce serait la faute des travailleurs.
N’en déplaise aux oiseaux de mauvais augure et aux empressés-du-bilan-de-fi n-de-grève, tant qu’un combat n’est pas perdu, on se bat pour le gagner.
Ce régime est à bout de souffle. Il peut à tout instant céder.
La lutte de classe n’a pas dit son dernier mot. Non, décidément, l’heure n’est pas au bilan.
Elle est au combat.
Certes, depuis dix semaines que la mobilisation a commencé, les obstacles ne manquent pas. Les difficultés non plus.
Obstacles : d’abord la répression ordonnée par le gouvernement et le recours au 49-3. Et puis les manœuvres autour des prétendus amendements et des motions de censure, artifi ces s’inscrivant dans le cadre des institutions de la Ve République. Tout cela dans un objectif : tenter d’étouffer la détermination de la classe ouvrière et de la jeunesse — soutenues par trois quarts des citoyens interrogés dans les sondages — à imposer le retrait de la loi El Khomri.
Difficultés : celles ressenties par un nombre grandissant de travailleurs et de militants au sujet de la « tactique » des journées d’action saute-moutons, ou encore du refus des dirigeants d’appeler clairement à la grève jusqu’au retrait.
Malgré cela, à chaque étape — on le voit à nouveau ce 17 mai — les travailleurs et les jeunes reprennent la voie de l’action.
C’est là que de curieuses sirènes commencent à se faire entendre.
Au plan politique, c’est L’Humanité qui, interrogeant Pierre Laurent, ce 17 mai, estime que « le mouvement contre la loi travail peine à retrouver l’élan du départ », et s’interroge sur d’autres manières d’agir. A quoi Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français répond en évoquant les « votations citoyennes » et la construction d’un « nouveau soclepolitique pour une nouvelle majorité en 2017 ». De son côté, Jean-Luc Mélenchon nous assure qu’il est inutile de s’inquiéter car grâce à « la prochaine motion de censure en juillet », c’est une certitude, « dans deux mois, Valls sera renversé ». Sans parler des appétits présidentiels qui se multiplient à la « gauche » du PS…
Dans le mouvement syndical, ces sirènes rencontrent parfois un écho. « Plus que jamais la grève est à l’ordre du jour ! Mais quelle que soit l’issue du bras de fer en cours, les conséquences syndicales et politiques sont déjà considérables », peut-on lire dans un organe syndical. Quelle que soit l’issue ?
Qu’importe le résultat du combat, pourvu qu’il ait des « conséquences considérables » ? D’autres ne manquent aucune occasion d’expliquer doctement que si les travailleurs ne viennent pas aux assemblées générales, ils n’ont qu’à s’en prendre qu’à eux-mêmes car les dirigeants, eux, ont fait tout ce qu’il fallait, « un sans-faute » en somme. Bref : si l’on n’aboutit pas, ce serait la faute des travailleurs.
N’en déplaise aux oiseaux de mauvais augure et aux empressés-du-bilan-de-fi n-de-grève, tant qu’un combat n’est pas perdu, on se bat pour le gagner.
Ce régime est à bout de souffle. Il peut à tout instant céder.
La lutte de classe n’a pas dit son dernier mot. Non, décidément, l’heure n’est pas au bilan.
Elle est au combat.
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