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Réforme du collège et « formation » des enseignants « Comment désapprendre son métier d’enseignant… »
article paru dans laTribunes des travailleurs du 3 novembre
Alors que l’immense majorité des enseignants rejettent avec leurs syndicats la réforme du collège et exigent son abrogation, la ministre de l’Éducation nationale persiste à vouloir l’imposer et ne lésine pas sur les moyens pour ce faire. Elle a mobilisé les inspecteurs pédagogiques pendant ces congés de Toussaint dans dix-sept académies pour y préparer des enseignants volontaires.
Par Nicole Fisher
Le journal Le Monde s’est fait l’écho de la satisfaction du ministère : « Il y avait un risque, et au final, c’est une bonne surprise ; ces formations ont fait le plein. » Selon lui, 6 150 enseignants se seraient portés volontaires (soit 3 % des enseignants de collège). Le ministère voudrait en « former » 14 000 autres à la rentrée. Comme dit Le Monde, « l’enjeu est de taille : il s’agit de faire accepter et de préparer la profession à une réforme qui, dans beaucoup d’endroits, suscite des inquiétudes, voire une franche hostilité ». C’est le moins que l’on puisse dire, et pour cause.
Qu’est-ce que cette «formation» ?
Est-ce pour mettre à jour les connaissances disciplinaires et mieux les transmettre aux élèves ? Pas du tout. La loi de refondation de l’école (1) a supprimé les programmes disciplinaires annuels. Elle a introduit des cycles de trois ans et a défini un « socle de connaissances et de compétences » dans le cadre de « la formation tout au long de la vie ». La réforme du collège en découle et ladite « formation » des enseignants se résume à : comment désapprendre son métier d’enseignant. La formation aux enseignements pratiques interdisciplinaires ne signifie rien d’autre que la mort des disciplines et un « formatage » des enseignants pour qu’ils renoncent à enseigner la matière pour laquelle ils ont été formés. Au sortir de la « formation » de la réforme du collège, il n’y a plus de professeur de mathématiques, ni de professeur d’anglais, de lettres ou de musique. C’est une déformation au compte du décervelage. L’enseignant devrait se « former » à une multitude de tâches d’animation, d’évaluation, de conseils, de relations avec les associations, les collectivités territoriales, les acteurs économiques. Il devrait se « former » à s’adapter au projet d’établissement et à la politique locale.
Une situation alarmante
Les enseignants, en se mobilisant, avec leurs syndicats, pour l’abrogation de la réforme du collège (2), ont lancé un cri d’alarme : il s’agit de sauver l’enseignement, en collège comme ailleurs, il s’agit de recouvrer leur statut, abrogé par le ministre Hamon, statut qui garantit leur discipline ; il en va en effet de l’élévation du niveau de connaissances et de culture de tous les élèves et du degré de qualification inscrit dans leurs diplômes. La ministre pense-t-elle sérieusement qu’ils renonceront à leurs exigences ?
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