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mardi 17 novembre 2015

Les Crises.fr - Diplomatie française : improvisations, revirements et amateurisme…

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17
Nov
2015

Diplomatie française : improvisations, revirements et amateurisme…


Diplomatie française : improvisations, revirements et amateurisme…

Source : Proche & Moyen-Orient, le 28 septembre 2015.
Quelques semaines avant l’élection de François Hollande, un groupe de hauts fonctionnaires français signait une tribune dans un quotidien parisien, appelant à rompre avec les postures médiatiques de Nicolas Sarkozy. Commentant les propositions du candidat socialiste, ce collectif écrivait : « on ne voit pas encore les axes structurants d’une politique réfléchie. Sans tabous ni autocensure, la première des préoccupations reste la non-prolifération nucléaire et le dossier iranien, mais aussi et peut-être davantage le Pakistan, ainsi que le réarmement d’autres puissances. Quelle est la meilleure politique au regard de nos intérêts? Est-ce pertinent de soutenir Israël quelles que soient les extrémités où l’on risque de nous entraîner? Quelles leçons tire-t-on de l’expédition libyenne – guerre déclenchée au nom des droits humains – dont on ne connaît toujours pas le bilan des victimes, ni l’ampleur des effets déstabilisateurs dans la sous-région sahélienne, sans parler de l’évolution inquiétante des libertés civiles et politiques? Et que penser de la politique de gribouille sur la Syrie, pouvant déboucher sur une militarisation accrue de la crise? L’appel au changement de régime est-il légitime, surtout lorsqu’il est porté par des pays comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite? Ne reproduit-on pas ici les erreurs commises par les Américains et les Britanniques en Irak ? Cela ne ressemble-t-il pas à un vieux remugle de néo-colonialisme? Quant à l’Afghanistan, il restera à dresser un bilan de notre engagement militaire. Ces questions rompent avec le politiquement correct dominant. Il faut cesser de se gargariser des grands discours ridicules sur notre « diplomatie universelle » et de nier béatement le déclin de la France dans le monde. Il est temps d’élaborer une doctrine de redressement, fondée sur des analyses géostratégiques tenant compte de la réalité, de nos moyens d’agir, de nos intérêts ainsi que de ceux de nos voisins européens, méditerranéens et africains ».
Une fois élu, François Hollande – qui ne s’était guère intéressé aux relations internationales – nommait à la tête de la diplomatie française l’ « ancien plus jeune Premier ministre de la Vème République ». En confiant le Quai d’Orsay à Laurent Fabius, le nouveau président de la République cédait ainsi à son tropisme d’ancien premier secrétaire du PS : ménager les tribus de la rue de Solferino en considérant que Fabius serait moins nuisible à l’intérieur du gouvernement qu’abandonné à la direction d’un courant qui avait mené la bataille contre le projet de constitution européenne, notamment. Du grand art… et un signal fort adressé à nos partenaires européens. Condition de son acceptation du maroquin des Affaires étrangères, Laurent Fabius favorisait le choix d’un conseiller diplomatique faible pour l’Elysée, en l’occurrence le regretté Paul Jean-Ortiz – homme droit et affable, surtout spécialiste de l’Asie, – ne voulant pas s’encombrer d’un sherpa trop pointu, genre Jean-David Levitte qui géra les dossiers internationaux pour Sarkozy tandis que Bernard Kouchner amusait la galerie du Quai d’Orsay, multipliant les voyages et des affaires pas toujours très claires…
Cette inversion hollandaise du dispositif Sarkozy (sherpa fort/ministre faible) pour un ministre fort et un conseiller diplomatique docile ne changea pas grand-chose à une diplomatie qui accentua les évolutions impulsées par une « école française néoconservatrice » qui avait déjà commencé à sévir sous le deuxième Chirac finissant : retour dans le commandement intégré de l’OTAN, alignement sur Washington et Tel-Aviv ! Et l’un de nos grands ambassadeurs de commenter : « avec Laurent Fabius, c’est Guy Mollet, les néo-cons américains et la morgue en prime… » Sans appel, ce jugement s’illustre particulièrement sur les trois grands dossiers proche et moyen-orientaux.
La Syrie d’abord ! En mars 2012, Alain Juppé avait curieusement décidé de fermer l’ambassade de France à Damas, contredisant les fondamentaux de la diplomatie qui consistent, justement, à ne jamais perdre le contact avec les pays qui s’éloignent le plus de nos positions, sinon de nos intérêts… Cherchant à corriger les effets désastreux du soutien passé de Michèle Alliot-Marie au dictateur tunisien, Paris se devait de revenir dans le sens de l’Histoire : Ben Ali dégage, Moubarak dégage, Kadhafi idem… Avec Washington et Londres, Paris s’enferma dans le « Bachar dégage ! », personnalisant une situation syrienne, pourtant très différente des autres mal nommées « révolutions arabes ».
Sur la Syrie, inaugurant une « ligne Juppé consolidée », selon les propres termes d’un ancien ambassadeur de France à Damas, Laurent Fabius a été principalement inspiré par deux personnes : Eric Chevallier – un copain de Kouchner promu par ce dernier « diplomate professionnel », thuriféraire de Bachar jusqu’en juillet 2011, moment où il fut rappelé à Paris pour se faire expliquer que la suite de sa carrière dépendait d’un complet revirement anti-Bachar – et Jean-Pierre Filiu, un ancien diplomate – ayant quelque compte personnel à régler avec le régime baathiste – devenu professeur des universités et militant de la « révolution syrienne ». Fin août, lors de son discours devant la 70ème conférence des ambassadeurs, François Hollande a encore confirmé cette ligne « renforcée » du « ni-ni » – ni Bachar, ni Dae’ch – estimant que bombarder Dae’ch en Syrie pourrait renforcer le « boucher de Damas ».
Début Septembre survient la « crise des migrants », soulevant un mélange d’émotions et de craintes dans les opinions européennes, confirmant l’absence de véritable politique de l’Union européenne en la matière. La décision d’accueil massif d’Angela Merkel, qui pense ainsi combler ses déficits démographique et de main d’œuvre, embarrasse François Hollande qui doit pourtant afficher sa convergence avec la dirigeante de l’Europe. Opposée en Mai 2015 à des quotas migratoires contraignants au sein de l’UE, la France se met à en soutenir le principe en Septembre. Après avoir qualifié de « stupide » l’idée de rétablir un contrôle aux frontières, le gouvernement français affirme qu’il « n’hésitera pas » à le faire si nécessaire, après la décision allemande de fermer certaines de ses frontières. Improvisation totale, le regard rivé sur la ligne d’horizon des présidentielles de 2017, ce revirement pathétique s’opèrera naturellement sous la pression des sondages d’opinion.
Avec la crise des migrants, le Front national retrouve son « cœur de métier », mais récolte aussi les bénéfices d’une équation relativement simple : les migrants affluent pour fuir la guerre civile syrienne dont Dae’ch est l’un des principaux protagonistes. Deux corollaires s’imposent tout aussitôt : 1) il faut lutter plus efficacement contre l’organisation terroriste d’autant que le bilan d’une année de lutte de la Coalition anti-Dae’ch, regroupant les plus puissantes armées du monde, est particulièrement nul. En effet, comment expliquer aux électeurs que la Coalition n’arrive pas à venir à bout d’une organisation qui compte tout au plus 40 à 45 000 hommes, alors qu’elle signe aussi des attentats en Europe ? 2) il faut parler avec Bachar al-Assad. Les affirmations régulièrement répétées du Quai d’Orsay selon lesquelles le « dictateur de Damas » a enfanté Dae’ch tout seul font sourire depuis longtemps les connaisseurs du pays et de la région. Depuis plusieurs mois, l’Espagne, la Pologne, la Tchéquie et d’autres pays de l’UE, plus récemment l’Allemagne, disent de même. Moscou défend cette position depuis l’hiver 2011/2012 et Washington a commencé à nuancer la sienne à partir de mars 2015.
Le coup de grâce du « ni-ni » hollando-fabiusien intervient mi-septembre avec l’officialisation d’un engagement militaire russe accru afin d’épauler Bachar al-Assad pour éviter que les catastrophes d’implosion territoriale et politique, commises en Irak et en Libye, ne se répètent. Durant un déplacement de Laurent Fabius à l’étranger, Jean-Yves Le Drian, dont la compétence en matière de défense n’est plus à prouver, le général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées (CEMA), et le général Benoît Puga, chef d’état-major particulier du Président, finissent par convaincre celui-ci que la position française n’est plus tenable au risque de se trouver marginalisée dans la nouvelle donne inaugurée par l’accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet dernier.
C’est le deuxième échec personnel de Laurent Fabius qui rejaillit sur l’ensemble de la diplomatie française : ne pas avoir accompagné la finalisation de l’accord sur le nucléaire iranien et n’avoir pas anticipé non plus ses conséquences régionales et internationales. Pire, Laurent Fabius s’est opposé pendant plus d’un an et demi aux progrès de la négociation en relayant systématiquement les critiques et les exigences… israéliennes ! Au nom de quels intérêts français ? On se le demande encore… La signature à peine sèche, le ministre français se précipite pourtant à Téhéran afin de devancer son homologue allemand : ce voyage est une telle catastrophe que lors de la dernière visite des patrons du MEDEF à Téhéran, il préfère se faire porter pâle et céder sa place au porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. Au Quai d’Orsay comme au MEDEF, personne n’ose dire que son entêtement contre l’accord a plombé les grandes, moyennes et petites entreprises françaises pour pas mal de temps ! Heureusement que les Iraniens sont pragmatiques et qu’ils ne mettent jamais tous leurs œufs dans le même panier, mais tout de même ! Pourquoi avoir refusé si longtemps cet inéluctable début de normalisation avec l’une des grandes puissances régionales du Moyen-Orient ? La question reste entière…
Les yeux toujours rivés sur le baromètre intérieur, François Hollande demande instamment à Laurent Fabius d’organiser à Paris, le 8 septembre dernier, une conférence internationale pour venir en aide aux Chrétiens et autres minorités d’Orient. Celui-ci s’exécute à reculons, toujours partisan d’armer l’opposition syrienne « laïque et modérée » pour en finir avec Bachar, c’est-à-dire « les bons p’tits gars de Nosra », comme il l’affirmait en décembre 2012 lors d’un voyage au Maroc. Rappelons que Jabhat al-Nosra, c’est tout simplement Al-Qaïda en Syrie, qui achète et absorbe, depuis plusieurs années, les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) qui n’existe plus que sur le papier. Rien appris, rien oublié ! Laurent Fabius persiste et signe. Cette conférence est un fiasco absolu. Mais un autre dossier inquiète fortement le président de la République : le conflit israélo-palestinien et les gosses des banlieues françaises qui critiquent, d’une manière de plus en plus organisée, les choix inconditionnellement pro-israéliens du gouvernement français.
Laurent Fabius effectue donc plusieurs déplacements en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés. Des projets de résolution pour le Conseil de sécurité des Nations unies sont mis en chantier. Mais là encore, l’improvisation va coûter cher. Le chef de la diplomatie française s’étonne de ne pas trouver un Benjamin Netanyahou enthousiaste et surtout redevable à la France éternelle d’avoir tout mis en œuvre pour faire échec à l’accord sur le nucléaire iranien ! Le 8 juillet 2015, Paris renonce à présenter devant l’ONU son projet de résolution concernant le conflit israélo-palestinien. En coulisses, Tel-Aviv et Washington ont torpillé le texte. « Je peux dire que le projet français de résolution du conflit devant le Conseil de sécurité n’est plus une priorité pour les dirigeants français », déplore le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Maliki.
Au Liban, Paris tente de débloquer la situation politique pour l’élection d’un président de la République (chrétien selon la constitution). Le palais de Baabda est inoccupé depuis août 2014. A la demande de Laurent Fabius, le patron d’ANMO (Direction Afrique du Nord/Moyen-Orient) Jean-François Girault multiplie vainement les consultations au Pays du cèdre, en Iran, en Jordanie et en Egypte. En fait, Paris ne fait plus rien sans en référer au nouvel allié saoudien. A la « politique arabe » du général de Gaulle et de François Mitterrand s’est substituée une « politique sunnite » de la France ! Il faut dire que cette « évolution » pèse quelque 35 milliards d’euros pour les grandes sociétés du CAC-40. Quant aux droits de l’homme tellement sollicités afin de pouvoir « punir », sinon « neutraliser » Bachar al-Assad, ils n’empêchent guère les ronds de jambe et les courbures d’échine répétés devant les dictateurs du Golfe.
Aux dernières nouvelles, un jeune saoudien chi’ite, Ali Mohamed al-Nimr risque d’être décapité puis crucifié, pour avoir « manifesté » contre le régime saoudien – cet ami de la France qui nous achète nos matériels d’armement et finance les Rafale pour l’Egypte… Une diplomatie époustouflante, en effet !
Richard Labévière
28 septembre 2015
1. « Pour un changement de politique étrangère » – Libération du 13 mars 2012.
2. Eric Chevallier coule aujourd’hui des jours heureux à Doha comme ambassadeur de France. Ayant tellement mis de cœur à l’ouvrage dans son revirement anti-Bachar en faveur de « l’opposition » syrienne, financée par le Qatar, les autorités du petit émirat pétrolier sont intervenues directement auprès de François Hollande pour qu’il y soit nommé représentant de la France.

[2012]Pour un changement de politique étrangère

Source : Les amis d’Etienne Pellot, pour Libération, le 13 mars 2012.
Alors que l’éventualité d’une attaque israélienne des sites nucléaires iraniens préoccupe les chancelleries occidentales, les différents cercles qui conseillent François Hollande s’affrontent à fleuret moucheté. Les gaullo-mitterrandiens préconisent une ligne d’indépendance nationale et de refus d’alignement sur le camp occidental alors que les néoconservateurs se satisferaient d’une politique extérieure proche de celle de Nicolas Sarkozy. Dans son discours devant les ambassadeurs en 2008, celui-ci avait annoncé cinq ruptures : le rapprochement avec les Etats-Unis et l’Otan au sein de la «famille occidentale» ; une nouvelle politique au Proche-Orient reposant sur une amitié affichée avec Israël ; le retour de la France en Europe, appuyé sur la Grande-Bretagne pour équilibrer la relation privilégiée avec l’Allemagne ; un recentrage sur le «business» de notre relation avec l’Afrique ; enfin, les droits de l’homme comme alpha et oméga de notre politique étrangère. Ne parlons pas de Bernard Kouchner qui, à peine nommé, menaçait de déclarer la guerre à l’Iran.
Au-delà de ces ruptures proclamées, c’est en réalité une politique purement opportuniste et souvent incohérente qui a été menée, à coups de postures médiatiques, de volontarisme déclamatoire et d’arrogance, avec de bien piètres résultats. Pire, l’affichage du mépris pour les diplomates non seulement français mais étrangers, les conduites inconsidérées vis-à-vis de nos partenaires, les apparitions minutées dans des pays d’importance majeure tels l’Algérie, l’Inde et la Turquie, les gaffes magistrales au Sénégal, au Mexique ou en Chine, ont considérablement affaibli l’image et la réputation de la France.
Le défi pour François Hollande, s’il est élu, sera de reconstruire une politique cohérente, s’appuyant sur des priorités clairement affichées, des engagements crédibles de coopération à long terme ou encore une capacité à peser sur les crises. Pour redonner à notre pays sa juste place dans le monde, il lui faudra veiller à ce que l’intendance suive en restaurant les moyens de la diplomatie française, sabotés par la Révision générale des politiques publiques (RGPP) et par des réformes ayant tourné court. Les six propositions du candidat socialiste, trois sur l’Europe et trois sur les questions internationales, donnent des orientations mais sont loin d’épuiser le débat que nous réclamons.
L’Europe: au-delà de propositions de sortie de crise privilégiant la croissance et l’emploi, des programmes de réindustrialisation et des règles de réciprocité sociales et environnementales en matière commerciale, il manque une vision politique d’ensemble, d’autant que ce qui se passe en Grèce pose crûment la question de la démocratie et de la souveraineté. La poursuite d’une simple coopération intergouvernementale suffira à résoudre une crise structurelle liée à l’impuissance des Etats face aux marchés ?
Pour le reste – renouveau du multilatéralisme, politique méditerranéenne, abandon de la Françafrique, relance de la francophonie, Afghanistan, reconnaissance de l’Etat palestinien, vocation de l’Otan -, on ne voit pas encore les axes structurants d’une politique réfléchie. Sans tabous ni autocensure, la première des préoccupations reste la non-prolifération nucléaire et le dossier iranien, mais aussi et peut-être davantage le Pakistan, ainsi que le réarmement d’autres puissances. Quelle est la meilleure politique au regard de nos intérêts ? Est-ce pertinent de soutenir Israël quelles que soient les extrémités où l’on risque de nous entraîner ? Quelles leçons tire-t-on de l’expédition libyenne – guerre déclenchée au nom des droits humains – dont on ne connaît toujours pas le bilan des victimes, ni l’ampleur des effets déstabilisateurs dans la sous-région sahélienne, sans parler de l’évolution inquiétante des libertés civiles et politiques ? Et que penser de la politique de gribouille sur la Syrie, pouvant déboucher sur une militarisation accrue de la crise ? L’appel au changement de régime est-il légitime, surtout lorsqu’il est porté par des pays comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite ? Ne reproduit-on pas ici les erreurs commises par les Américains et les Britanniques en Irak ? Cela ne ressemble-t-il pas à un vieux remugle de néocolonialisme ? Quant à l’Afghanistan, il restera à dresser un bilan sans concessions de notre engagement militaire.
Ces questions rompent avec le politiquement correct dominant. Il faut cesser de se gargariser des grands discours ridicules sur notre«diplomatie universelle» et de nier béatement le déclin de la France dans le monde. Il est temps d’élaborer une doctrine de redressement, fondée sur des analyses géostratégiques tenant compte de la réalité, de nos moyens d’agir, de nos intérêts ainsi que de ceux de nos voisins européens, méditerranéens et africains.

18 réponses à Diplomatie française : improvisations, revirements et amateurisme…

Commentaires recommandés....


PascalcsLe 17 novembre 2015 à 03h56
Il n’y a pas si longtemps de cela, le privilege de pouvoir intervenir sur ce forum m’amenait a comparer l’action de l’armée Française au moyen orient, et en Syrie en particulier, à celle d’une daphnie à la surface de l’eau.
Sous entendant bien évidemment représentée par cette image, l’errance de la politique étrangère de la France, c’est a dire sans stratégie, sans vision, sans cohérence, sans but ni objectifs clairs.
La tragédie parisienne de Vendredi dernier n’est que la pointe de l’iceberg de cette déshérence. Fabius est évidemment mis sur la selette mais il partage la responsabilité de ce désastre avec moult prédécesseurs dans son poste dont on se demande aujourd’hui l’intérêt de le maintenir ainsi que la cohorte de serviteurs qui s’y rattache, tant la politique étrangère de la France n’a plus aucun contenu autre qu’une apparence pour faire valoir et maintenir des milliers de gens dans l’emploi fonctionnarisé.
En 2003, Dominique de Villepin avait fait un discours du refus de cette politique suicidaire menée par les neocons au travers du monde. Il avait, fait rarissime, été acclamé par une salle d’audience de l’ONU debout pour l’applaudir. La France avait alors une voix, une vision, et une mission; celle de rappeler les valeurs fondamentales dans lesquelles elle croit même si elle pouvait encore trop souvent être prise a défaut au regard de ses actions. Ce discours reflétait le sentiment archi-majoritaire des populations européennes opposées aux politiques belliqueuses prônées et poussées par les neocons US; au moyen-orient surtout.
Ces mêmes neocons avaient en conséquence décidé que la résistance franco-allemand de l’époque se traduirait par “oubliez l’Allemagne et punissez la France”.
Et punie, ils y sont arrivés. Non pas par des actions immédiatement visibles mais en favorisant petit à petit l’avènement de politiciens de 3 eme choix en France, soutenus par toute la “deep state” française, elle même ayant le pistolet des neocons sur sa tempe. Nous avons donc vu l’avènement d’une cohorte de prétendus gouvernants dont la rectitude se compare a celle de nouilles trop cuites, et qui n’ont eu de cesse d’œuvrer afin que la France perde tout souveraineté. Nous en voyons et mesurons le résultat aujourd’hui et la politique “étrangère” de la France n’est que l’ambassadeur de ce désormais état de faits. Nos politiques ne sont aucunement décidées au quai d’Orsay ou a l’Elysée mais dictées, dans les grandes lignes, par les voisins du Crillon à proximité de la Place de la Concorde.
Il y a donc tout lieu d’etre inquiet pour la suite car le mal est fait et tres largement diffusé dans toutes les couches de cette “deep state” française. Un revirement de tendance est désormais difficile à envisager sans crise majeure à l’échelle planétaire. Apres tout, c’est probablement ce que veulent nos neocons chéris de toute manière.

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