Plus de quatre ans après avoir brièvement goûté au frisson de la liberté lors de la "révolution du Nil" (25 janvier-11 février 2011) qui a chassé du pouvoir Hosni Moubarak, les Egyptiens sont-ils en passe de faire le deuil de leurs aspirations démocratiques ? Les élections législatives qui se profilent à partir de dimanche, et jusqu'au 2 décembre, semblent en tout cas marquer une nette régression vers la politique d'ancien régime. Selon toute vraisemblance, ce scrutin "sera marqué par le clientélisme et les réseaux d'intérêts", prédit ainsi Al-Ahram Hebdo, qui évoque le retour au premier plan des "felouls", les proches de l'ex-raïs. Les islamistes, eux, sont confrontés à des fortunes diverses : si les Frères musulmans, déclarés "organisation terroriste" en décembre 2013 sur oukase du maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, sont bannis de l'élection, le parti salafiste Al-Nour pourrait espérer glaner quelques sièges, souligne Ahram Online. Et que dire des libéraux ? Comme l'explique The Economist, leurs querelles internes et leur incapacité à séduire l'électorat les condamnent d'ores et déjà à être spectateurs, impuissants à contenir la dérive autoritaire que connaît actuellement l'Egypte. Il y a quelques jours, le Washington Post avait d'ailleurs qualifié le scrutin à venir de "cirque politique (...) destiné à divertir et à détourner l'attention (...) plutôt que de décider de – ou même d'influencer – l'avenir du pays". Le Middle East Monitor abonde dans ce sens, considérant le futur Parlement comme une simple chambre d'enregistrement dont le rôle se bornera à entériner les décrets présidentiels. Dans ce contexte, rien d'étonnant à ce que les électeurs, désabusés, ne croient pas au changement (Al-Ahram Hebdo). Auteur d'une tribune sans concession dans le Daily News Egypt, le chercheur Ziad A. Akl se désole pour sa part que partis et candidats n'aient aucune vision politique. Un paradoxe fâcheux, quand on sait que le Parlement est censé être le principal lieu... d'expression politique. |
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