Vendredi 4 octobre – Théâtre fiscal
BONJOUR ! Les trois coups ont retenti. Depuis, la France assiste à un classique de son petit théâtre fiscal : ciel, mes impôts vont augmenter ! Les annonces – encore floues – du Premier ministre, suivies de précisions – encore absconses – du ministère de l’Economie ont relancé les sempiternelles questions à propos de notre fiscalité. Faut-il taxer les plus aisés ? A partir de quel revenu est-on riche ? Au vu du désordre financier, l’effort demandé n’est-il d’un début ou le début de la fin ? Etc.
Lexique. Ce vaudeville a son livret. On ne parle pas de hausses d’impôts, mais de « justice fiscale ». Les uns crient « inacceptable » (ils récusent la hausse), les autres « censure, censure ! » (ils en réclament plus). A Matignon, l’auteur du coup de bambou répète : « grave, grave ». Les portes ministérielles claquent. Le ministre des Comptes publics sort du placard. Il promet de ne cibler que la frange des plus aisés, sans rassurer les classes moyennes. Il dit viser les grandes entreprises, en inquiétant les PME. Du parterre au poulailler, la France vibre.
Chorégraphie. Je m’amuse, mais la situation ne l’est pas vraiment, amusante. Le pays affiche déjà le taux de prélèvements obligatoires le plus élevés du club des Etats riches et il est question de l’alourdir encore. Est-ce bien raisonnable, sauf à croire que la pression fiscale n’a aucun impact sur l’activité économique ?
VGE. En 1974, à peine élu président, Valéry Giscard d’Estaing estimait qu’au-delà de 40 %, nous abandonnerions notre société d’initiative et de responsabilité. Le taux était alors de 35,5 %. En 1981, à son départ, VGE l’avait porté à 40,1 %. Il est aujourd’hui à 48 %. Avons-nous changé de société ?
Logique folle. Peut-être pas. Quoi que... Avec des dépenses publiques représentant 57 % de la richesse produite, on peut se demander si le pays n’entre pas dans une terra incognita dangereuse. L'écart entre recettes et dépenses n’a jamais été aussi important hors temps de crise. Les déficits s’accumulent, la dette dépasse 3 200 milliards d’euros. Mais le raisonnement infernal n’a pas changé en un demi-siècle : au nom de la croissance, pas question de toucher aux largesses de l’Etat-providence ; au nom de la justice, il faut taxer toujours plus, et d’abord les plus aisés.
Arbitraire. Cette haine du riche n’a pas de limite. Il ne s’agit plus d'être efficace – c’est-à-dire de réduire le déficit – mais d'éliminer une partie des contribuables. Voilà comment la gauche radicale et certains économistes assument de prôner des taux d’imposition délibérément confiscatoires, à 80 %, voire 90 % au-delà de 410 000 euros. « Il s’agit de mettre fin à ce type de revenus, jugé socialement excessif et économiquement stérile ou tout au moins de le rendre excessivement coûteux », écrivent par exemple ces Fouquier-Tinville. La captation par l’arbitraire n’est plus loin. Une mauvaise comédie, avec trop d’actes et une fin hélas connue...
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Bonne lecture !
Rémi Godeau, rédacteur en chef de l’Opinion
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