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mercredi 30 août 2023

LSDJ (La Sélection du Jour) - La convergence chinoise ou la dérive totalitaire de l'Occident libéral : l'ère des bureaucrates le 30.08.2023

 


La Sélection Du Jour


30 AOÛT 2023 - N°1970

POLITIQUE

La convergence chinoise ou la dérive totalitaire de l'Occident libéral : l'ère des bureaucrates

Photo : Shutterstock (administration US en 1908).

Les tensions entre l'OTAN et la Chine n'ont jamais été aussi fortes… Cette situation dangereuse ne saurait masquer la convergence idéologique entre ces deux blocs, observe N.S. Lyons (voir en lien sur son blog « The Upheaval »). Les gouvernements occidentaux ont loué « l'efficacité chinoise » face au Covid-19. Jack Goldsmith, adjoint au Procureur Général sous l'administration Bush est allé plus loin en 2020 : « Dans le grand débat des deux dernières décennies sur l'équilibre entre liberté et contrôle, la Chine avait plus raison que tort ». La censure grandissante des réseaux sociaux, les grands médias soumis à un discours officiel semblent démontrer cette tendance totalitaire au sein du camp « libéral ». Comment expliquer cette dérive ? N.S. Lyons argumente en commençant par souligner la montée en puissance de l'État en Occident depuis la révolution industrielle, avec l'émergence du « managérialisme ».

La révolution industrielle du 19ème siècle a profondément changé les sociétés occidentales : des millions de paysans ont rejoint les villes et leurs usines. La gestion des moyens de production des centres urbains en pleine expansion est devenue beaucoup plus complexe. Une nouvelle élite de gestionnaires a vu le jour maîtrisant la planification économique. Leur nombre n'a fait que s'accroître à mesure que les organisations se sont massifiées au rythme des progrès techniques et de l'essor démographique. Ces experts ont supplanté l'aristocratie dont les valeurs – attachement à une terre, à un code social élaboré, à la religion ou à l'armée – n'étaient plus en phase avec cette nouvelle époque. La petite bourgeoisie des artisans, des commerçants fut, elle aussi, peu à peu déracinée par la nouvelle classe dominante. Certains ont été cooptés, absorbés en adoptant les nouvelles règles… Le même phénomène s'est produit dans le monde communiste : la bourgeoisie, l'aristocratie ont été éliminées - dans une violence extrême cette fois. Contrairement à ce que prétendaient les Marxistes, les anciennes classes dominantes n'ont pas été renversées par les masses laborieuses. Ces dernières ont souvent été utilisées par des bureaucrates prétendant libérer leurs pays.

En Occident, on peut décortiquer le corpus idéologique du « managérialisme » - les points communs avec le communisme sont nombreux. 1. Le scientisme : la croyance que la nature humaine peut être comprise et maitrisée grâce aux progrès technologiques. Les « sciences sociales » permettraient donc de modifier l'alchimie d'une société pour l'améliorer. 2. L'utopisme : la croyance que des « lendemains qui chantent » sont possibles. Un gouvernement ne serait donc moral qu'en étant progressiste. 3. Le « méliorisme »  : toutes les tares d'une société – criminalité, pauvreté etc… - ne dépendraient pas d'une nature humaine intangible mais pourraient être résolues par une politique efficace et éclairée. 4. Le « libérationnisme »  : les individus et les sociétés sont contraints par des règles, des coutumes et traditions. La science doit permettre de démanteler ces chaînes pour mettre en place un système plus efficace et plus moral. 5. Le matérialisme : le bonheur d'une société est soumis à la parfaite satisfaction des désirs individuels. Une frustration est le symptôme d'un problème systémique à résoudre. 6. L'universalisme : les êtres humains sont interchangeables et appartiennent à une même communauté mondiale. Les progrès étant applicables partout, un gouvernement progressiste est forcément centralisateur. 7. La prééminence de l'abstraction : la théorie serait supérieure au réel puisque ce dernier est plein d'imperfections et d'injustices. La digitalisation, la financiarisation de l'économie sont donc bienvenues puisqu'elles facilitent la mise en place d'un monde où le réel n'oppose plus de freins au progrès.

Dans ce système « post libéral », les élites (les directions des multinationales et des grands médias, les « intellectuels » et philanthropes) sont étroitement liées. Ceux qui n'appartiennent pas à ces cercles sont non seulement exclus mais indésirables. Les multinationales profitent du système car il désavantage les petites entreprises. Le rôle de l'État dans la gestion économique n'a fait qu'augmenter entre politiques fiscale et monétaire justifiant, là aussi, une inflation du nombre de fonctionnaires pour contrôler la bonne application de règlements. L'universalisme permet aux multinationales de s'implanter partout et le matérialisme favorise la croissance de la demande pour combler toujours plus de désirs. Les grands médias doivent rester intimement liés aux élites pour obtenir des subventions et garantir leur accès aux cercles de pouvoir. Les « intellectuels » et dirigeants d'ONG sont l'avant-garde de ce système en désignant les « nouvelles frontières » idéologiques et politiques à franchir… Entre l'autoritarisme chinois et le libéralisme de façade occidental, on dénote une différence de degrés, plutôt qu'une opposition fondamentale…

Ludovic Lavaucelle
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Pour aller plus loin :

The China convergence

>>> Lire l'essai sur : The Upheaval

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