Bonjour à chacun et chacune d’entre vous,
Un an déjà ! Un an que dure cette injustifiable guerre déclenchée par le pouvoir poutinien au cœur de l’Europe. Une longue année que le peuple ukrainien vit une tragédie qu’il est temps de faire cesser. Plus de 300 000 morts, des centaines de milliers de blessés, l’exode forcé de dizaines de milliers d’Ukrainiens, d’enfants déplacés, de familles séparées. Chaque jour l’armée russe bombarde, tue, viole, détruit des équipements civils, prive les familles et les citoyens ukrainiens de leurs écoles, des jardins d’enfants, de l’accès à l’eau ou à l’énergie. L’Assemblée générale des Nations-Unis vient à la majorité de condamner cette agression guerrière et demande le retrait des troupes russes. Une nouvelle fois la Chine et l’Inde se sont abstenues tout en réclamant le respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Deux peuples cousins, aux familles mêlées, se haïssent désormais pour longtemps. Il y a besoin d’une mobilisation internationale exceptionnelle pour arrêter les chars de Poutine et l’engrenage guerrier en cours. Il y a besoin de hisser le rapport de force, non pas pour poursuivre la guerre, mais pour ouvrir les chemins de la paix. Or, il semblerait que depuis quelques jours on assiste à de nouvelles poussées guerrières. Le président ukrainien a lui-même révélé que ses alliés ne considéraient plus l’envoi de missiles de moyenne portée comme « tabou ».
Miné par les inégalités, par de multiples conflits et guerres, par les modifications climatiques, les insécurités sociales, alimentaires, sanitaires, le monde a pourtant besoin de paix et de coopération. À cette heure, ni Poutine, ni les forces de l’OTAN n’empruntent ce chemin. Au contraire. De part et d’autre on s’apprête à livrer une bataille de positions de chars telle que l’Europe n’en a pas connu depuis 1945.
Cela signifie que dans les semaines à venir les vastes champs détrempés ukrainiens vont être le théâtre de combats de chars et d’une guerre de tranchées qui opposera les armes russes aux armes occidentales. C’est ce genre de conflit que nous souhaitions ne plus connaître sur le sol européen.
La Russie mobilise trois cent mille jeunes recrues pour les jeter dans la mêlée guerrière. L’Ukraine reçoit des pays occidentaux, notamment des États-Unis d’Amérique, de plus en plus d’engins de guerre toujours plus sophistiqués. Une course à la production d’armements, inégalée depuis très longtemps, est enclenchée.
Après la livraison de chars, on s’apprête à franchir un nouveau cap. L’un des dirigeants d’une entreprise d’armements américaine - Lookeed - a déclaré au journal The Guardian « qu’on parlait beaucoup du transfert par une tierce partie » d’avions F16, tandis que la presse polonaise a révélé que le pays a déjà livré en secret plusieurs MIG 29 à l’Ukraine.
En Russie, comme aux États-Unis, les usines d’armements tournent à plein. Et, le secrétaire général de l’OTAN vient de commander aux membres de l’alliance atlantique de décréter « l’économie de guerre ».
L’utilisation de ces mots indique que nous passons un cran supplémentaire dans l’escalade militaire et guerrière. Celui-ci exige de faire fonctionner à plein toutes les usines d’armements, voire de réquisitionner d’autres entreprises pour les transformer en unités de production militaires. Ajoutons que l’utilisation de ce concept est souvent le prétexte à une soumission encore plus grande des peuples.
Elle servira demain à justifier les réductions de dépenses publiques pour les biens communs indispensables au profit des budgets de surarmement. Elle peut justifier aussi la limitation de droits démocratiques jusqu’à rendre illégaux des mouvements sociaux ou des grèves.
Aucun mot n’a été prononcé lors de la récente conférence de Munich en faveur de la recherche d'un cessez-le-feu ouvrant les voies d’une paix durable sur le continent européen. Il semble même que, lors de la prochaine conférence de Ramstein au mois d’avril, l’envoi d’avions de combat à l’Ukraine sera mis officiellement à l’ordre du jour. Cette escalade devient dangereuse et rend le monde encore plus insécure. Un monde qui sous le double effet de la guerre et de la recomposition du capitalisme s’est beaucoup modifié en un an.
Par effet domino, M. Poutine a contribué à ressusciter l’OTAN et a permis le retour des États-Unis en Europe. Il a ouvert la voie au réarmement de l’Allemagne et au renforcement de l’armée polonaise. Le maître du Kremlin n’a donc atteint aucun des objectifs qu’il avait proclamés en déclenchant cette sale guerre. Il a considérablement desservi les mouvements pour la paix.
Certes la guerre n’est pas mondiale, mais elle est mondialisée, au sens où elle touche toutes les citoyennes et tous les citoyens du monde.
La combinaison des tensions géopolitiques sur fond de recomposition du capitalisme mondialisé est en train de provoquer une tragédie sociale : selon un rapport des Nations-Unies, 1,2 milliard de personnes vivant dans 94 pays se trouvent « en pleine tempête » exposées aux trois insécurités alimentaire, énergétique et financière issues des crises et conflits actuels.
L’insécurité sociale avec les hausses de prix fait mal aux travailleurs et aux populations en Europe et ailleurs. Les insécurités alimentaires, sanitaires, climatiques, environnementales ne trouveront pas de solutions sous le bruit sourd des chenilles des chars, le bourdonnement d’avions de combat ou le sifflement des obus et des missiles. Les responsables des pays qui n’ont pas soutenu l’invasion russe, tout en refusant de s’aligner sur l’OTAN et le dollar, combattent cet ordre du monde et explorent d’autres voies que celles proposées par les pays occidentaux qui visent à mettre sur pied une « OTAN économique » pour la mise à l’écart de la Russie et de la Chine, afin constituer une nouvelle « géopolitique des chaînes d’approvisionnements ».
Un comble de la contradiction du monde capitaliste quand on pense que ce projet est contraire aux règles de l’Organisation mondiale du commerce !
L’ensemble de ces pays « non alignés » représentent les deux tiers de l’humanité. Ils peuvent jouer un rôle décisif auprès de M. Poutine sans s’aligner sur l’OTAN.
De ce point de vue, l’initiative du président Lula est extrêmement importante et doit être soutenue avec force. Il s’agit de créer un groupe de contact pour la paix réunissant plusieurs pays, dont la France, sous l’égide de l’ONU. De son côté, la Chine a présenté un plan de cessez-le-feu pour progresser vers la paix. Ces nouvelles initiatives doivent être appuyées.
Le président de la République doit sortir du covoiturage avec M. Biden et l’OTAN et saisir ces propositions afin d’engager la France dans un patient travail diplomatique pour la paix. Cette initiative peut être l’ébauche de la réunion d’une conférence internationale visant la construction d’une architecture de paix, de désarmement et de sécurité commune en Europe.
Compte tenu de la transformation du conflit en une guerre Russie contre OTAN, les grands pays tiers comme la Chine, le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud deviennent les plus utiles et les plus efficaces pour réussir un tel projet. Et ils peuvent être les garants de la sécurité de l’Ukraine comme de celle de la Russie et donc de tout le continent européen. La diversité des initiatives pour la paix dans les villes européennes ces 24 et 25 février peut contribuer à mettre la paix et la sécurité humaine à l’ordre du jour du calendrier du monde. C’est urgent ! C’est vital ! Toutes les informations qui parviennent des chancelleries européennes, de la Maison-Blanche comme du Kremlin ne portent pas à l’optimisme. Raison de plus pour se faire entendre !
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