Une mobilisation citoyenne peut-elle changer le cours d'une élection présidentielle ? On en parle dans La Midinale avec Clément Pairot, auteur de "N'allez plus (seulement) voter !" aux éditions VA et chargé de mobilisation dans la Primaire populaire.
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Sur le militantisme
« Le propos de mon livre, c’est de mettre le pied à l’étrier du militantisme à un maximum de personnes et qu’elles-mêmes mettent le pied à l’étrier à un maximum de personnes. Cela peut avoir une progression virale assez proche du Covid. »
« Il faut s’ancrer, en tant que militant, dans la conviction que ce que tu fais n’est en rien exceptionnel et que tu peux aller chercher d’autres personnes pour militer avec toi. »
« J’ai des amis qui m’ont dit que j’avais tort de publier mon livre parce que les méthodes ultra-efficaces que je décris seront disponibles à tous - même à la droite et l’extrême droite. »
« Ma conviction, c’est qu’il est plus difficile de créer une campagne d’enthousiasme viral quand on a un propos aussi étriqué, rabougri et triste que celui de l’extrême droite et de la droite aujourd’hui. »
« Quand on a un programme radical et une organisation militante forte, on arrive à avoir des résultats électoraux inattendus. »
Sur les méthodes de mobilisation
« La première proposition que je fais, c’est de reprendre les conversations seul à seul et de ne pas se limiter à des partages sur les réseaux sociaux. »
« Il faut ensuite proposer aux gens un passage à l’action et pas uniquement de differ un tract. Il faut leur dire “Tu as envie que ça change ? Nous, on a une proposition : c’est de rassembler la gauche. Il faut donc que tu rajoutes ta voix à la pétition et qu’après tu viennes faire du porte-à-porte, du pote-à-pote et du recrutement en rue.” »
« Les méthodes dont je parle dans le livre et que l’on applique à la Primaire populaire permettent de sentir son pouvoir d’action en tant que militant-e parce que l’on sait à la fin de la journée combien de personnes on a fait signer - et même lorsque c’est un petit chiffre, c’est incroyablement gratifiant. »
Sur la mobilisation en période de campagne présidentielle
« L’élection présidentielle est un moment de cristallisation médiatique, politique et militante qu’il s’agit de ne pas louper. »
« En donnant aux militant-es du pouvoir d’agir et de permettre de décrocher une victoire qui paraît impossible aujourd’hui, cela va nous permettre, dans la foulée de l’élection, de nous structurer en mouvement social pour faire pression sur le candidat élu. »
« Il faut que l’on ait des relais en Europe pour que le narratif ne soit pas que la France dans sa transition écologique et sociale radicale. »
Sur la Primaire populaire
« La Primaire populaire part d’un constat simple : le mode de scrutin de la présidentielle joue contre nous parce qu’il est débile dans la mesure où l’on n’a qu’un seul bulletin de vote quelque soit le nombre de candidatures. »
« Nous, on voulait montrer qu’il y a une base commune de discussion et qu’ensuite, on pourrait trancher différemment les différends. »
« Notre but, c’est de réduire le nombre de candidatures et c’est pourquoi on interpelle tout le temps Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot pour leur proposer de se départager dans la primaire. »
« Il faut une convergence pour enfin sortir Emmanuel Macron de l’Elysée, éviter l’extrême droite et faire passer au gouvernement réellement sincère sur l’écologique et le social. C’est ça le vrai enjeu : le reste, c’est de la tambouille politique. »
Sur la nécessité du rassemblement à gauche
« 70% des sympathisants de gauche veulent une candidature de rassemblement. »
« Le vote à jugement majoritaire permet de ne pas être dans une dualité “tu gagnes ou tu perds”. Si, lors du scrutin de la Primaire populaire, les dizaines de milliers de votants - et peut-être millions - considèrent qu’une candidature est majoritairement à rejeter, au moins, ce sera clair. Mais ça ne sera pas Jean-Luc Mélenchon qui aura tué Anne Hidalgo - ou vice-versa -, ce sera les citoyens qui se seront exprimés. »
Sur les perspectives à moyen terme
« Je fais des insomnies à l’idée que la gauche ne repasse pas, en 2022, au second tour de l’élection présidentielle. Et je refuse d’attendre le 10 avril pour reprendre des nuits calmes. »
« Aujourd’hui, il y a 11 millions de personnes en France qui doivent choisir entre se chauffer ou se nourrir 3 fois par jour. Il y a une urgence à ne pas attendre 5 ans de plus pour enclencher la bascule vers la décarbonation et la sobriété énergétique de notre société. Notre démocratie a été tellement abîmée au cours des 20 dernières années. Il y a donc quelque chose d’assez suicidaire de faire l’impasse sur 2022 et de penser que 2027 existera. »
« Je ne crois pas qu’il y aura une élection présidentielle en 2027, soit parce que l’on a gagné et qu’on a changé le mode de scrutin soit parce qu’il y aura eu des ruptures dans notre démocratie. »
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