Chère lectrice, cher lecteur,On ne nous avait jamais dit que Michel de Montaigne était à sa façon débonnaire un maître zen. On savait certes que ce coureur de jupons – péchés de jeunesse! – cavalier et buveur distingué s’était lancé en 1572, à 39 ans, dans une entreprise alors sans précédent: un livre qui serait le réceptacle de ses pensées fugueuses, mais aussi la chronique d’une fin de siècle déchirée par les guerres de religion et les épidémies.
A travers un savoureux Dictionnaire amoureux de Montaigne (Plon), le philosophe André Comte-Sponville invite à enfourcher le cheval de celui qui fut aussi maire de Bordeaux. Dans un entretien vibrant, il nous dit comment Les Essais constituent un antidote à la neurasthénie qui menace quand le Covid-19 et ses suppôts, les variants anglais et sud-africain, obligent au repli dans les pénates.
L’auteur du Bonheur désespérément en est convaincu: Montaigne est un frère pour ses lectrices et ses lecteurs. Il traite de tout, de la barbarie des conquistadors comme de la peste, avec une clairvoyance courageuse. Il dialogue avec Epicure et Lucrèce sans jouer lui-même au vieux sage. Il s’attaque au sexe et à la mort avec une liberté d’esprit incomparable.
Sa leçon? Il faut «jouir loyalement de son être», c’est-à-dire de l’action. «Il s’emploie à ne pas être séparé du présent par la nostalgie du passé ou la crainte d’un avenir», éclaire André Comte-Sponville. Un vrai maître zen. «Quand je danse, je danse», clamait Montaigne.
Bonne lecture!
– Alexandre Demidoff, journaliste culturel |
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