Chère lectrice, cher lecteur,Roger Federer, ayant l’air légèrement éméché au milieu de ses amis, c’est sans doute bientôt fini. Utilisé une nouvelle fois dans la dernière campagne de publicité de Sunrise, le joueur de tennis disparaîtra prochainement de nos murs. Car c’est désormais quasi certain: Sunrise va s’évanouir, racheté par UPC. Un épiphénomène dans la crise actuelle, mais un bouleversement tout de même majeur dans le monde des télécoms suisses. Car la fusion des numéros deux et trois du marché aura des conséquences importantes et durables pour tous les consommateurs helvétiques.
Nous n’avions pas été enthousiastes lors de l’annonce, en août dernier, du rachat de Sunrise par UPC. Depuis cette semaine, l’opération semble inéluctable, avec le feu vert donné par les actionnaires du premier et l’approbation par la Commission de la concurrence. Deux mois et demi après la communication du mariage, aucun élément n’est à même de nous rassurer sur les bienfaits de cette opération. Car il ne faut pas oublier que c’est une opération par défaut dont il s’agit. Initialement, c’est bien Sunrise, en croissance continue, qui voulait s’emparer d’un UPC perdant régulièrement des parts de marché. Face au refus des actionnaires de Sunrise, le propriétaire américain d’UPC s’est retrouvé dans une impasse. Liberty Global n’a trouvé personne pour lui racheter sa filiale suisse et n’a eu d’autre choix que de se lancer à l’offensive en s’emparant, avec succès, de Sunrise.
Une opération par défaut, cela n’augurait à la base rien de bon. Et les dernières semaines ont confirmé ce sentiment. Sunrise a continué de concurrencer efficacement Swisscom, UPC a continué de perdre des clients. Liberty Global assure que le nouvel opérateur sera redoutable, agressif et mènera la vie dure à Swisscom. Il est permis d’en douter: le groupe américain risque surtout de vouloir maximiser un rachat à 6,8 milliards de francs. Et il ne faut pas oublier ce qui se passe en arrière-fond sur le marché, si important, de la fibre optique. Devenu proie, Sunrise a été contraint de quitter l’alliance pour la fibre, qu’il venait tout juste de lancer avec Salt. Les plans alléchants visant à dynamiser ce réseau en l’étendant pour mettre davantage de pression sur Swisscom tombent à l’eau. C’est donc bel et bien d’une perte de concurrence que l’on parle, pas d’un accroissement de la compétition.
Certes, Swisscom aura pour la première fois face à lui un opérateur actif aussi bien sur le réseau fixe que mobile. Mais il est à craindre que le futur UPC-Sunrise soit malgré tout bien inoffensif.
– Anouch Seydtaghia, journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies |
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