Après 47 ans d’adhésion, le Royaume-Uni s’apprête à quitter, ce vendredi soir, l’Union européenne.
Notre envoyé spécial a pris le pouls d’un pays plus que jamais divisé à l’heure du grand départ, rongé par les risques d’éclatement : il a arpenté les territoires pauvres de l’Essex, au nord-est de Londres, qui ont massivement voté pour le Brexit en 2016, avant de gagner les rues de Tottenham, dans le nord de la capitale, où des émeutes urbaines avaient éclaté en 2011.
Impossible de connaître les effets du Brexit, à terme, sur l’économie britannique, puisque les négociations restent en cours, pour fixer la nouvelle relation commerciale entre Londres et l’UE – elles dureront au moins jusqu’en décembre 2020. Mais des activistes, eux, s’inquiètent de plus en plus bruyamment d’
une transformation de Londres en « Singapour-sur-Tamise », sous l’influence des « ultras » du gouvernement Johnson.
Difficile aussi de mesurer l'ampleur du rôle joué par Cambridge Analytica, cette firme contestée de ciblage électoral, au service du vote pro-Brexit, il y a trois ans et demi.
L'enquête que Mediapart publie cette semaine, qui donne la parole à plusieurs lanceurs d'alerte au cœur de l'affaire, établit que des lois électorales ont été contournées. Mais le débat reste vif pour savoir si le Brexit en 2016 a fonctionné comme le terrain d'essai pour la victoire de Donald Trump aux États-Unis, quelques mois plus tard.
Quant aux effets du Brexit sur la construction européenne, il faut là encore se contenter d’hypothèses. Marque-t-il le début de la fin, d’une douce désintégration, qui commencerait par l’Est ?
Des universitaires joints par Mediapart restent prudents. À court terme, le départ des 73 eurodéputés britanniques, partiellement remplacés, va faire pencher un peu plus vers la droite le Parlement de Strasbourg, au grand dam du groupe écolo.
Il y a tout de même matière à réconfort en ce jour « historique » : quoi qu’on pense du Brexit et de ses conséquences, Britanniques et Européens ont tenu leur engagement – et respecté la majorité nette (51,9 %) qui s’est exprimée pour le divorce en ce jour de juin 2016. L’affaire, on le sait, était loin d’être gagnée, et le suspense fut intense pendant plus de trois ans.
D’autant que les esprits les plus chagrins ne manqueront pas de rappeler que le triomphe de Boris Johnson aux législatives de décembre dernier n’a pas empêché la formation d’une majorité de voix pour des partis favorables à l’annulation pure et simple du Brexit,
ou à la tenue d’un nouveau référendum sur le sujet. Mais ces débats sont désormais, sans doute, de l’histoire ancienne.
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