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CULTURE
Mocky a vraiment tout fait dans sa carrière, même un porno
Jean-Pierre Mocky est mort ce jeudi 8 août, laissant derrière lui une filmographie aussi vaste qu'hétéroclite, mettant en avant le plaisir autant qu'elle dénigrait la bêtise humaine.
CINÉMA - “J’ai mis beaucoup de temps à devenir ce que je suis...” Ce jeudi 8 août, un monsieur important du cinéma français est disparu: Jean-Pierre Mocky. Un homme qui réalise des longs métrages depuis soixante ans (“Les Dragueurs”, 1959), se renouvelant sans cesse, évoluant avec son époque.
“J’ai traversé des périodes différentes: le cinéma à papa avec les Fernandel et compagnie, puis la Nouvelle vague, et maintenant je suis dans une troisième période...”, expliquait-il à TV5 Monde en 2014, affirmant qu’une voyante lui avait prédit une longue vie et qu’il comptait en profiter pour continuer encore longtemps à explorer le cinéma. Une aventure qui lui aura permis de se frotter à tous les styles.
Au début des années 1970, le prolifique cinéaste va même jusqu’à réaliser... un film pornographique. ”C’était la faute à Giscard”, racontait-il encore à TV5 Monde. En 1974, Valéry Giscard-d’Estaing déclare vouloir “libérer le porno”, qui était alors interdit. “Brusquement dans les rues, les films se sont mis à fleurir alors qu’il y avait des petites filles qui allaient à l’école et qui voyaient ça... Il n’y avait pas de photo, juste les titres. Mais moi je trouvais ça dégueulasse, ça aurait dû rester secret ces trucs-là, comme les clubs échangistes.”
“J’ai encore le négatif, mais je n’ai pas le droit de le montrer”
Résultat, selon Jean-Pierre Mocky: “Toutes les salles de Paris étaient devenues porno, alors moi je ne pouvais plus sortir mes propres films... Alors j’en ai fait un aussi.” C’est ainsi que “Les couilles en or” voit le jour. Et d’ajouter qu’il a réalisé le film de manière pratiquement anonyme. “Je portais un masque de Batman pour qu’on ne me reconnaisse pas sur le tournage.”
Un film que l’on ne peut désormais pratiquement plus trouver. “L’interprète principale, qui est une très jolie femme et qui a sans doute fait ce film par provocation, s’est mariée. Son mari était un milliardaire et quand le film est sorti, il a racheté le négatif et le film a été interdit”, relatait encore le réalisateur. “J’ai encore le négatif, mais il est dans un coffre et je n’ai pas le droit de le montrer.”
Une palette large et bigarrée
Mais la carrière du cinéaste est loin de s’arrêter à cette anecdote. Celui qui faisait “des films pas chers, mais avec des stars” a croisé le gratin du cinéma, français et mondial. Il a commencé par jouer pour Jean Cocteau ou Michelangelo Antonioni, il fait tourner Gérard Depardieu, Francis Blanche, Catherine Deneuve ou Michel Galabru pour ne citer qu’eux, il a travaillé en tant qu’assistant pour Federico Fellini et Luchino Visconti, il a collaboré avec Clint Eastwood, il a contribué à faire perdurer la cinémathèque française avec François Truffaut...
Et derrière la caméra, il a fait montre d’une palette extrêmement large. La comédie franchouillarde évidemment (“Le miraculé” ou “L’étalon” par exemple), mais aussi la satire politique amère avec “L’Albatros” ou “Une nuit à l’Assemblée nationale”, la critique sociale dans le monde du sport avec ”À mort l’arbitre”, le drame policier avec “Noir comme le souvenir” ou encore le film absurde avec “Les saisons du plaisir” et sa bande-annonce emblématique.
Un cinéaste polyvalent, donc, qui est mort alors que son esprit fourmillait encore de mille idées, à l’image du film sur les gilets jaunes auquel il pensait déjà.
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