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vendredi 2 août 2019

Ce qu’on sait de la mort de Steve Maia Caniço à Nantes




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Ce qu’on sait de la mort de Steve Maia Caniço à Nantes






Ajoutée le 30 juil. 2019

Le corps retrouvé dans la Loire le 29 juillet est bien celui de Steve Maïa Caniço, disparu dans la nuit du 21 au 22 juin après une opération de police controversée le soir de la Fête de la musique. Le lendemain, mardi, le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé les conclusions de l’enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) concernant cette affaire : selon la police des polices, « il ne peut être établi de lien entre l’intervention des forces de police et la disparition de M. Steve Maïa Caniço ». Edouard Philippe a annoncé qu’il saisissait l’Inspection générale de l’administration (IGA), estimant que « le déroulement de cette soirée, l’enchaînement des faits restent confus ». Une information judiciaire « contre X » pour « homicide involontaire » a par ailleurs été ouverte. Deux magistrats instructeurs vont être saisis pour rechercher d’éventuelles responsabilités pénales. Retour en images sur ce drame qui a déclenché une vague d’indignation. ___ Abonnez-vous à la chaîne YouTube du Monde dès maintenant : http://www.youtube.com/subscription_c...

A Nantes, un « élan citoyen » pour accentuer les recherches et retrouver Steve

Cinq semaines après la disparition du jeune homme lors de la Fête de la musique, ses amis s’évertuent à mettre la pression sur les autorités, promptes à se retrancher derrière le secret de l’enquête.
Par   Publié le 27 juillet 2019 à 06h08 - Mis à jour le 30 juillet 2019 à 20h24
« Nous voulons la vérité pour Steve ! » Quai Wilson, à Nantes (Loire-Atlantique), le bitume et les murs sont constellés de messages revendicatifs, fiévreux ou poétiques, réclamant que la lumière soit faite sur la disparition de Steve Maia Caniço. Le jeune homme, animateur périscolaire de 24 ans, n’a plus donné signe de vie depuis la soirée techno orchestrée sur ce quai dépourvu de parapet, la nuit de la Fête de la musique.
A l’heure où il était prévu de couper le son, les forces de l’ordre sont arrivées pour mettre fin aux réjouissances. La situation s’est envenimée et la fête s’est achevée dans la panique au terme d’une opération de police controversée qui a vu chuter dans la Loire une dizaine de personnes. « Chaque jour, nous sommes livrés à nous-mêmes, énonce Aliyah, amie du disparu. Chaque jour, nous essayons de trouver tous les moyens possibles pour inscrire Steve dans les esprits de chacun. »

« Où est Steve ? »

Le mot d’ordre « où est Steve ? » tourne en boucle sur les réseaux sociaux pour interpeller le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. La question s’affiche aussi un peu partout en ville, comme elle surgit dans d’autres métropoles. Le Voyage à Nantes, manifestation estivale faisant la part belle à l’art dans l’espace public, n’a pas échappé à cette incantation, les affiches « Où est Steve » ayant colonisé, dès le 10 juillet, les centaines de statues disposées place Royale par l’artiste Stéphane Vigny, lequel a déclaré accepter le « détournement » de son installation.
Le 20 juillet, à la faveur d’une chaîne humaine quai Wilson, des voix ont émis l’idée d’organiser des recherches citoyennes. Deux jours plus tard, une page Facebook « Trouvons Steve » a été créée. Les administrateurs du compte appelaient alors les citoyens à venir « marcher sur les bords de Loire » ce samedi 27 juillet et espéraient pouvoir compter sur la présence de « personnes possédant un drone équipé de caméra » ou disposant « de canoës, barques ou de toute embarcation pouvant descendre la Loire ».
La page « Trouvons Steve » a rapidement regroupé 1 250 membres, une cinquantaine d’entre eux manifestant leur intention de participer à l’opération. Cette dernière a finalement été annulée jeudi en fin de journée, après un échange avec Me Cécile de Oliveira, avocate de la famille de Steve Maia Caniço.
« L’avocate nous a indiqué qu’une telle initiative n’était pas demandée par la famille, explique posément David-Mickaël Moisan, 35 ans, chaudronnier de formation vivant à La Baule, l’un des administrateurs du compte. Il est évident que l’on va respecter cette volonté. Nous, on ne connaissait pas Steve, mais sa disparition nous touche. Si une telle histoire arrivait à un membre de nos familles, on ne supporterait pas le silence des autorités. » « Il s’agissait d’une initiative pleine de bonnes intentions mais il y a un risque de gêner le travail des enquêteurs, note Me Cécile de Oliveira. Et puis il y a la peur qu’une personne glisse dans l’eau, personne ne supporterait qu’un autre drame survienne. » « La potentielle scène de découverte d’un corps, que chacun redoute, ne doit pas être polluée par des tiers », complète un proche du dossier.

« Ça a fait accélérer les choses »

Sur les bords de Loire où a disparu Steve Caniço, à Nantes (Loire-Atlantique), le 20 juillet.
Sur les bords de Loire où a disparu Steve Caniço, à Nantes (Loire-Atlantique), le 20 juillet. SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP
Reste ce constat indéniable : la mobilisation générale, sous ses multiples facettes, accentue la pression sur les autorités qui ont longtemps opposé un silence absolu à toute question sur la disparition du jeune homme. La stratégie parvient à faire bouger les lignes. Ainsi, alors que Me de Oliveira s’impatientait d’entendre Pierre Sennès, procureur de la République de Nantes, s’exprimer « sur les moyens mis en place pour retrouver Steve », le magistrat a consenti à détailler, mercredi 24 juillet, en début de soirée, les dispositifs actionnés.
Le procureur a surtout annoncé de nouveaux moyens avec l’arrivée d’un sonar de la préfecture de police de Paris, qui sonde le fleuve depuis vendredi.
« Moi, je trouvais ça bien l’idée de recherches citoyennes et j’avais prévu de me rendre sur les bords de la Loire ce samedi, note Mathis, 21 ans, ami proche de Steve. Je comprends la position de la famille, et je m’y plie sans difficulté. Mais je me dis que l’idée n’a pas été inutile, j’ai l’impression que ça a fait accélérer les choses. Si on n’avait pas poussé à la roue, qui sait si le sonar aurait été déployé. Il a fallu cinq semaines pour l’envoyer ici. » « Au moins, il y a encore eu du bruit autour de Steve, ça maintient la pression », juge M. Moisan, qui salue « un élan d’humanité et de solidarité sans commune mesure »« Ce qui est sûr, c’est que les autorités voient qu’on ne lâchera rien tant que l’on n’a pas retrouvé Steve, abonde Dorine, 23 ans, autre amie du disparu. On veut savoir la vérité, et puis avoir le corps de notre ami. Pour pouvoir enfin faire notre deuil. »
Lire aussi : « Où est Steve ? », le grand silence politique autour du disparu de Nantes
Jeudi 25 juillet, Christophe Castaner a indiqué que les conclusions de l’enquête administrative relative à l’intervention policière décriée, procédure confiée à l’Inspection générale de la police nationale, seraient rendues publiques la semaine prochaine, assurant : « Il est normal que nous soyons sur le sujet à la fois exemplaires et transparents. » La police des polices est également saisie d’une enquête judiciaire à la suite du dépôt d’une plainte contre X, émanant de 89 participants à la soirée techno, pour mise en danger de la vie d’autrui et violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique.
Les enquêteurs de la police judiciaire de Rennes mènent aussi des investigations, sous l’autorité d’une juge d’instruction nantaise, visant à rechercher les causes de la disparition de M. Caniço.

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