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vendredi 2 août 2019

Après la mort de Steve Maia Caniço, le point sur toutes les enquêtes en cours - le 2 août 2019

Après la mort de Steve Maia Caniço, le point sur toutes les enquêtes en cours

Plusieurs enquêtes - sur la disparition du jeune homme, sur l’action de la police et sur l’organisation de la soirée - ont été lancées depuis la fin du mois de juin.
Le Monde avec AFP Publié le 31 juillet 2019 à 10h05 - Mis à jour le 31 juillet 2019 à 16h39
Temps de Lecture 6 min.
Après le temps des recherches, le temps des enquêtes. Depuis la confirmation mardi 30 juillet de la mort de Steve Maia Caniço, le slogan « Où est Steve ? » s’est effacé pour un autre : « Justice pour Steve ». Le corps de l’éducateur de 24 ans a été retrouvé lundi soir à Nantes dans la Loire, alors qu’il avait disparu après une opération de police très critiquée, le soir de la Fête de la musique.
De nombreux participants avaient notamment relaté avoir été aveuglés par un nuage de gaz lacrymogène, certains avaient chuté dans le fleuve. Quatorze personnes ont ainsi été repêchées par les secours durant la nuit de 21 au 22 juin.
Le premier ministre, Edouard Philippe, a qualifié mardi ce décès de « drame » et dit sa volonté de recevoir les parents du jeune homme, avec le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, « pour leur témoigner de [son] soutien et de[sa] volonté de transparence totale ». Les proches du disparu ont prévenu : « On ne lâchera rien. C’est toute la chaîne de responsabilités qui doit être questionnée. »
Le point sur les enquêtes en cours.

Les enquêtes sur la mort de Steve Maia Caniço
  • La recherche, toujours en cours, de responsabilités pénales
Une information judiciaire « contre X » pour « homicide involontaire » a été ouverte mardi à Nantes. Deux magistrats instructeurs vont être saisis pour rechercher d’éventuelles responsabilités pénales.
  • L’enquête close de l’IGPN
L’Inspection générale de la police nationale (IGPN, police des polices) avait été saisie le 24 juin pour faire la lumière sur les opérations de maintien de l’ordre à Nantes ce soir-là. Elle a fait part au premier ministre de ses conclusions le16 juillet.
Deux semaines après, le jour de la confirmation de la mort de Steve Maia Caniço, « les premières investigations confirment que l’intéressé était présent à proximité des lieux de l’opération de police ». Cependant, « il ne peut être établi de lien entre l’intervention des forces de police (…) et [sa] disparition après 04 h 00 dans le même secteur », poursuit-il.
  • L’enquête en cours du Défenseur des droits
Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, s’est également autosaisi, pour enquêter sur cette soirée, ont fait savoir, mercredi 10 juillet, ses services.
Les autres enquêtes sur l’action des forces de l’ordre
  • Coups de matraque sur un participant
L’IGPN a ouvert une enquête administrative « incidente » à celle publiée mardi. Dans sa synthèse, la police des polices évoque un potentiel cas de violence policière :
« Sur un autre plan, des coups de matraque montrés par une vidéo, sur une personne au sol, pourraient constituer à l’égard de son auteur non identifié pour le moment, un usage disproportionné de la force ou l’absence de justifications particulières, ce qui reste à établir. »
  • 85 plaintes pour « mise en danger de la vie d’autrui »
L’IGPN est également en charge d’une enquête ouverte après une plainte collective de 85 participants « pour mise en danger de la vie d’autrui et violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique ».
Ce dépôt de plainte est apparu « indispensable » aux yeux de Marianne Rostan, avocate au barreau de Paris spécialisée dans la défense des organisateurs de rave parties, « le procureur de la République de Nantes n’ayant pas jugé bon de déclencher de lui-même une plainte pour les faits que nous dénonçons ». L’enquête qui suivra, note encore l’avocate, « ne doit pas se limiter à ces seules infractions et pourrait viser la qualification de non-assistance à personne en danger si on estime, au terme des investigations qui seront menées, que les moyens mis en place pour secourir les personnes n’ont pas été suffisants ».
La présence de chiens policiers, l’usage de grenades de désencerclement et de lanceurs de balles de défense (LBD) « ont généré un mouvement de panique qui a conduit [les participants] à courir sans savoir où ils se dirigeaient, puis à basculer et à chuter dans la Loire », décrit l’avocate.

Les enquêtes sur l’organisation de la Fête de la musique
  • La saisine de l’IGA
L’Inspection générale de l’administration (IGA) a été saisie mardi par le gouvernement « pour comprendre les conditions de l’organisation » de la Fête de la musique à Nantes. Cet organe, rattaché au ministère de l’intérieur, exerce une mission de « contrôle supérieur », notamment de l’action des préfets.
Dans sa lettre de saisine, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a demandé au chef de l’IGA, Michel Rouzeau, d’examiner « les modalités de préparation des concerts de sound systems en vérifiant les dispositions prises en matière de sécurité des participants compte tenu des risques identifiés de sécurisation physique du site et de dimensionnement des dispositifs de police et de secours ».
M. Rouzeau, qui doit rendre ses conclusions le 4 septembre, est également chargé d’étudier « les conditions de gestion des incidents et, plus particulièrement, les circuits d’information et de décision entre les services de l’Etat et ceux de la Ville de Nantes » lors de la Fête de la musique.
  • Dix policiers blessés
La police judiciaire est également saisie d’une enquête liée aux plaintes de dix policiers blessés. L’un d’eux a notamment été roué de coups lors de l’intervention, selon un cadre de l’IGPN interrogé par l’AFP.

Mort de Steve Maia Caniço : marche blanche organisée samedi à Nantes, rassemblements interdits « dans une grande partie du centre-ville »
Le préfet de Loire-Atlantique évoque « un risque important que soient commises des actions violentes » dans le centre-ville lors de ces rassemblements non autorisés.
Le Monde avec AFP Publié hier à 21h51, mis à jour à 09h44
Temps de Lecture 3 min.
Un graffiti en hommage à Steve Maia Caniço à Nantes, le 15 juillet.
Un graffiti en hommage à Steve Maia Caniço à Nantes, le 15 juillet. LOIC VENANCE / AFP
Depuis la découverte, lundi, du corps de Steve Maia Caniço dans la Loire, plusieurs mots d’ordre appelaient à se rassembler pour rendre hommage au jeune homme disparu lors d’une intervention controversée des forces de l’ordre le 21 juin, au soir de la Fête de la musique. La plupart donnaient rendez-vous place du Commerce, à Nantes, samedi 3 août, dès 13 heures.
Mais le préfet de Loire-Atlantique en a décidé autrement, interdisant les rassemblements dans « une grande partie du centre-ville de Nantes » samedi, de 10 heures à 20 heures, « afin de garantir l’ordre public »« Un dispositif de sécurité adapté, réactif et mobile, sera déployé pour prévenir les violences, protéger le centre-ville et procéder, le cas échéant, aux interpellations des fauteurs de troubles »prévient le communiqué de la préfecture.
Les autorités soulignent que cet appel à rassemblement « n’a fait l’objet d’aucune déclaration à ce jour » et qu’« aucun organisateur » n’a « pu être identifié ». La préfecture fait aussi valoir que « cette mobilisation devrait être renforcée par la présence de manifestants ultras et d’individus extrêmement radicaux de type black bloc » et qu’« il existe donc un risque important que soient commises des actions violentes dans le centre-ville ».

Marche blanche
L’arrêté n’empêchera pas cependant la marche blanche organisée en mémoire de Steve Maia Caniço à l’initiative de ses proches, dont le départ sera donné à 11 h à la grue jaune de Nantes, au pied de laquelle le corps du jeune homme de 24 ans avait été retrouvé lundi.
Reste que la décision de la préfecture « inquiète » l’adjoint communiste à la mairie de Nantes, Aymeric Seassau. « Il y a, à Nantes, de la douleur, de l’émotion. Et cette émotion doit pouvoir continuer à être accueillie et pouvoir se manifester » a-t-il précisé à Franceinfo jeudi« On ne peut pas, alors que les propos du premier ministre lundi soir [sur l’absence de lien entre la mort du jeune homme et l’intervention de la police] ont été reçus dans la stupeur à Nantes, répondre par plus d’interdits. »
Des arrêtés préfectoraux ont également été pris pour interdire des « artifices »« le port et le transport, sans motif légitime, d’objets pouvant constituer une arme », ainsi que « l’achat et la vente au détail, l’enlèvement ou le transport de tout carburant dans tous les points de distribution situés dans les communes de Nantes Métropole ».
Des hommages rendus dans plusieurs villes
L’avocate de la famille du jeune homme, Me Cécile de Oliveira, avait expliqué mercredi à l’Agence France-Presse (AFP) qu’elle ne savait pas si les proches du jeune homme participeraient à cet hommage. C’est une possibilité, avait-elle expliqué, car « ils sont touchés par leur solidarité ».
Dans une tribune publiée sur le site Internet du magazine Trax, des acteurs des musiques électroniques ont annoncé jeudi que la prochaine Techno Parade, qui aura lieu le 28 septembre, serait dédiée à la mémoire de Steve Maia Caniço.« Nous n’acceptons pas qu’aujourd’hui, on puisse mourir pour avoir voulu danser quelques minutes après le couvre-feu », peut-on lire dans le texte signé par Média’son, la CNS (Coordination nationale des sons), Technopol, Le Socle, Nuits Parallèles et Freeform. Le cortège de tête portera ainsi « un appel clair pour un changement de posture des pouvoirs publics ».

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