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L’armée israélienne détruit des bâtiments dans une zone contrôlée par l’Autorité palestinienne
Les démolitions engagées lundi à Jérusalem-Est suscitent l’inquiétude de la communauté internationale qui y voit « un précédent dangereux ».
L’armée israélienne a finalement mis son ordre militaire à exécution. Lundi 22 juillet, à l’aube, elle a entrepris de démolir une dizaine de structures dans le quartier palestinien de Tsur Baher à Jérusalem-Est. Pour le justifier, les autorités israéliennes ont avancé une interdiction militaire de construire à proximité de la barrière érigée dès 2003 entre Israël et la Cisjordanie. Malgré la situation inédite de ces bâtiments, sur une zone contrôlée par l’Autorité palestinienne (AP), et les avertissements de la communauté internationale, leur démolition n’a pu être empêchée.
Au matin du 22 juillet, l’armée avait bouclé le secteur de Tsur Baher. A distance, il était néanmoins possible d’observer le va-et-vient des véhicules blindés, les grues et les bulldozers à l’œuvre, ainsi que les centaines de militaires mobilisés. Quelques tas de gravats signalaient les structures déjà démolies. Sur un bâtiment, des soldats israéliens installaient des explosifs.
في عملية هدم هي الأوسع منذ العام1967 شرعت جرافات الاحتلال الإسرائيلي بهدم 100 شقة سكنية ضمن 16 بناية في منطقة وادي الحمص في بلدة صورباهر جنوب القدس تنفيذاً لقرار المحكمة العليا المستند لقرار عسكري مسبق بهدم الشقق بحجة قربها من جدار الفصل علماً أن المنطقة تابعة للسلطة الفلسطينية.
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Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), treize structures, la plupart en construction, ont été visées, dont environ 70 appartements. Il estime que 350 personnes en seront affectées ; dix-sept autres ont déjà été déplacées.
A Jérusalem-Est, la partie orientale de la ville occupée par Israël depuis 1967, les démolitions de bâtiments considérés comme illégaux – parce que construits sans permis israéliens – sont fréquentes. Mais le secteur de Tsur Baher ici visé, Wadi el Humus, n’est pas intégré à la municipalité de Jérusalem. Selon les accords d’Oslo (1993), il se trouve principalement en zone A, donc sous le contrôle de l’AP, tout en étant situé du côté israélien du mur de séparation – qui est, à cet endroit, une barrière grillagée.
Longue bataille juridique
Wadi el Humus représente d’ailleurs le seul territoire d’expansion possible à Tsur Baher. « Les gens ne peuvent pas construire dans les frontières de la municipalité de Jérusalem car un permis est trop difficile à obtenir. Ils font donc bâtir près de la barrière, sous juridiction palestinienne », explique Jamal Darawy, le maire du village voisin de Noman (Cisjordanie) et le chef du conseil régional de Bethléem-Est. En zone A et B, c’est en effet le ministère palestinien du gouvernement local qui délivre les autorisations de construire.
Cependant, l’ordre militaire émis en 2011 par les autorités israéliennes interdit, pour des raisons de sécurité, les constructions à moins de 250 mètres de la barrière. Malgré cela, 200 bâtiments ont été érigés à Wadi el Humus, dont une centaine après 2011.
La longue bataille juridique a pris fin le 11 juin, lorsque la Haute Cour de justice israélienne s’est prononcée en faveur des démolitions à Tsur Baher. « Les structures ont été construites illégalement près de la barrière de sécurité, elles constituent un risque pour la vie des civils et des forces de sécurité », a justifié le ministre israélien de la sécurité publique, Guilad Erdan, lundi matin. Les Palestiniens refusent de croire à ce motif sécuritaire. « Des deux côtés de la barrière à Tsur Baher, il n’y a que des Palestiniens, argumente Jamal Darawy. Les raisons sont politiques. Les Israéliens veulent affaiblir l’autorité de l’AP et favoriser la colonisation en Cisjordanie », affirme-t-il.
Amy Cohen, directrice du plaidoyer international pour l’organisation Ir Amim, place cet épisode dans la perspective de « la bataille démographique à Jérusalem ». Avec 38 % de Palestiniens dans la ville sainte, « Israël veut y maintenir une majorité juive en contrôlant l’expansion spatiale des populations. La municipalité limite donc les permis de construire du côté palestinien et y démolit les structures dites illégales », explique-t-elle.
Un précédent dangereux
Les Palestiniens ainsi que la communauté internationale craignent désormais que des démolitions similaires, le long de la barrière, aient lieu à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. « Ces démolitions interviennent pour la première fois dans des zones relevant de la compétence de l’AP au titre des accords d’Oslo. Elles représentent un précédent dangereux, qui porte directement atteinte à la solution des deux Etats », a déclaré la porte-parole du ministère français des affaires étrangères.
Dans un communiqué, le président de l’AP, Mahmoud Abbas, a dénoncé une « escalade dangereuse » liée à « la mise en œuvre de “l’accord du siècle” dont l’objectif est d’enterrer la question palestinienne ». Il faisait ainsi allusion au fameux plan de paix américain dont le volet économique a été présenté à Bahreïn en juin. La rencontre avait été boycottée par l’AP, qui n’entretient plus de contacts avec l’administration américaine depuis la déclaration unilatérale de Jérusalem comme capitale d’Israël fin 2017.
Conforté par le soutien sans faille des Etats-Unis, Israël semble faire peu de cas des objections extérieures. La visite d’une vingtaine de diplomates à Tsur Baher, le 16 juillet, pour faire pression sur l’Etat hébreu et empêcher les démolitions, n’a guère abouti. Dans un ultime appel lundi, l’Union européenne a exigé des autorités israéliennes « qu’elles mettent immédiatement un terme aux démolitions en cours ».
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