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mardi 1 août 2017

Mademoiselle Moreau, une femme libre



Un bel hommage rendu à Jeanne Moreau ...lu dans le DL du mardi  1 er août 2017

LE BILLET PAR GILLES DEBERNARDI

 Mademoiselle Moreau, une femme libre 

Du plus loin qu’on se souvienne, elle a toujours été là.
 Dès 1947, parmi la troupe de Jean Vilar au festival d’Avignon. 
Puis donnant la réplique à Jean Gabin dans “Touchez pas au grisbi”. 
À l’heure des “Valseuses”, face au tandem Depardieu-Dewaere : « Ça vous dirait de coucher avec une vieille ? ».
 Au festival de Cannes, presque toujours, à cheval entre deux millénaires.
Qu’avait-elle de si particulier pour s’inscrire ainsi dans la mythologie populaire ? 
Sa voix grave inimitable, bien sûr, qu’imite pourtant Laurent Gerra pour rire un peu.
 Et surtout l’extraordinaire liberté qui la rendait à nulle autre pareille. 
Elle ne fut pas starlette, n’en ayant ni la plastique, ni la niaiserie. Lorsque Jeanne Moreau accède au vedettariat avec “Ascenseur pour l’échafaud” de Louis Malle, elle a presque trente ans.
 C’est une actrice confirmée, ardente et réfléchie, en pleine possession de son métier.
 Quel charme sensuel, en plus !
 Dans le demi-siècle qui suit, les plus grands réalisateurs du monde y succomberont. 
En attendant, après “Jules et Jim”, la voici propulsée icône de la Nouvelle Vague. Seule Brigitte Bardot, dans ces années-là, peut prétendre la devancer auprès de la critique et du grand public. Mademoiselle Moreau, au lieu de cultiver son image et sa carrière, préfère multiplier les aventures artistiques. 
Le box-office ne l’obsède guère. Au cinéma comme au théâtre, elle va partout où la poussent son instinct et sa curiosité.
 Intello chez Peter Brook, farceuse chez Jean-Pierre Mocky, comediante, tragediante, personne n’a jamais pu l’enfermer dans une case.
 Personne. À 89 ans, Jeanne l’insoumise a quitté la scène. 
Mais dans le tourbillon du souvenir, son lumineux visage n’a pas fini de tourner. 

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