Pourquoi la CGT ne doit pas participer à la conférence sociale d'octobre
Adresse au Bureau confédéral, à la direction nationale de la CGT Finances publiques (le13 octobre)
(Texte adopté par la CE CGT Finances des Bouches-du-Rhône par 17 voix contre 4, immédiatement transmis à la direction nationale CGT Finances et à la Commission confédérale nationale de la CGT qui siègeait au même moment. Une prise de position unanime de la CE CGT Finances de la Charente-Maritime allant dans le même sens a été adoptée)
C'est indiscutable après le coup de force perpétré par le gouvernement pour imposer son projet d'accord dans la Fonction publique : le « dialogue social » n'a de valeur aux yeux du gouvernement que pour lui permettre d'appliquer sa politique de coups de boutoir contre le statut de la Fonction publique, le développement maximal de la mobilité entre les trois fonctions publiques pour accompagner les restructurations et le plan social qui découlent des coupes budgétaires du pacte de responsabilité.
Voilà pourquoi le gouvernement s'est permis ce que rarement un gouvernement avait osé faire auparavant, c'est-à-dire de s'asseoir sur les règles qu'il avait lui-même fixées pour la négociation dès lors qu'elles ne lui permettaient finalement pas d'appliquer son projet d'accord.
Le fait que le gouvernement, après ce passage en force, annonce qu'il y aura des groupes de suivi avec les organisations signataires, comme si on avait un accord signé en bonne et due forme, en est une preuve supplémentaire : pour le gouvernement Hollande-Valls-Macron, il n'y a pas de règle à respecter ; le seul impératif, ce sont les exigences du MEDEF, sa volonté de s'attaquer frontalement au statut de la Fonction publique, au Code du travail, aux salariés.
Les réactions du gouvernement après les événements d'Air France en sont la démonstration éclatante
Que des salariés s'opposent à un troisième plan social en trois ans, à un plan de 3000 suppressions de postes et licenciements dans un secteur économique en plein boum, qu'ils en soient exaspérés, voilà qui est insupportable pour monsieur Valls qui dénonce des « voyous ». Car pour lui, que les salariés protestent gentiment, passe encore, mais ils n'ont en aucune façon le droit d'exprimer qu'il s'agit d'une question vitale pour eux, de leur existence sociale. Ils ont le devoir de s'incliner devant une raison supérieure : la légitimité des suppressions d'emplois, la loi du patronat, quand bien même elle conduit directement à Pôle emploi.
Lorsqu'on compare la virulence de la réaction du gouvernement contre les salariés d'Air France, le déchaînement médiatique qu'il a suscité, avec l'impunité dont a bénéficié en 2013 le mouvement patronal des bonnets rouges en Bretagne et finalement la capitulation en rase campagne du gouvernement face à leurs exigences, on ne peut qu'être frappé par l'évidence que ce gouvernement est du côté des patrons, contre les salariés.
Il est pour la répression la plus féroce contre les travailleurs qui ont osé s'opposer au plan social et pour la domestication des organisations syndicales : elles doivent prendre en charge l'application de sanctions contre les salariés d'Air France et les attaques les plus violentes contre le monde du travail en s'associant, notamment dans le cadre de la prochaine conférence sociale, à la définition du calendrier des contre-réformes à venir, à commencer par l'entreprise de liquidation du Code du travail qu'est le projet d'inversion de la hiérarchie des normes du droit du travail. Voilà ce que signifie la déclaration de Hollande qui en appelle à un « dialogue social apaisé » tout en annonçant la répression pour les travailleurs.
Pour nous, il est inconcevable que la CGT s'inscrive dans ce cadre, qu'elle se prête à l'opération « dialogue social apaisé » du gouvernement car la CGT ne peut pas accepter que les travailleurs d'Air France soient soumis à la répression pour l'exemple, elle ne peut légitimer l'organisation d'un « dialogue social » ayant pour objectif de réduire les lois, règlements et conventions collectives qui protègent les salariés à des coquilles vides et de soumettre les salariés, entreprise par entreprise, au chantage patronal à l'emploi pour faire baisser leurs salaires et augmenter le temps de travail, c'est-à-dire détruire ce pourquoi la CGT s'est construite. Car elle ne peut cautionner le coup de force du gouvernement contre les fonctionnaires.
C'est pourquoi notre section demande que la CGT refuse de participer à la conférence sociale du 19 octobre pour affirmer :
· Nous sommes du côté des fonctionnaires, contre le plan de mobilité forcée que le gouvernement veut leur imposer !
· Nous sommes du côté des salariés d'Air France, contre le plan de 3000 suppressions d'emplois et licenciements! Nous exigeons aucune sanction contre les salariés !
· Nous sommes pour la défense intégrale du statut et du Code du travail !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire