Sans partager tout ou partie de cette analyse et polémique , je publie cette contribution à titre d'information. Plus que jamais la question du devenir du POI est posée. Les deux fractions du CCI préparent de façon séparée le V ème congrès du POI qui semble d'hors et déjà scissioné. BV
Extrait d'une causerie parue sur le site http://www.luttedeclasse.org/
Crise du POI
CCI-POI. Escrocs en bande organisée. Il y en a vraiment qui ne doutent de rien.
Pedro Carrasquedo (La Commune), ex-dirigeant lambertiste pendant 18 ans (et plus) :
- "Je ne touche au titre des 98 trimestres effectués comme permanent que...177 euros et bien sûr pas un centime d indemnités. Et moi aussi mes cinq premières années de permanent ont été non déclarées : j’étais payé en liquide de la main à la main par le trésorier de l’époque Iltis) Vitoria et Jean Paul Gady ont allègrement voté notre exclusion. Ils n’ont eu aucun état d âme. Et maintenant que leurs amis de quarante ans coupent les vivres, ils s’offusquent.
Qu’on soit bien clairs : Gady, Vitoria mais aussi Lacaze and co et Seldjouk and co obéissant sans ciller à Lambert qui était à la manoeuvre, nous ont virés avec une aumône. Je suis resté deux ans au chômage et ne dois mon salut qu’au passage de concours dans la Fonction publique. Et maintenant, Vitoria qui a quand même touché 1150 euros en plus des 750 euros pendant 11 ans se plaint de ces méthodes. De bourreaux, elle et son compagnon sont devenus victimes. Ils nous jouent les étonnés offusqués. Je les plaindrai quand j aurai le temps. Précision : Gady joue celui qui n’était au courant de rien. Vilain gros menteur."
Reproche qui vaut également pour le rédacteur de ces lignes, quel crétin ! Mieux encore.
Pedro Carrasquedo est pire, puisque s'ils n'avaient pas ouvert leur gueule, personne n'aurait su que les lambertises avaient escroqué la Sécu pendant plus d'un demi-siècle, car lui, Pedro Carrasquedo, il ne s'en était pas vanté pour en avoir profité ou l'avoir fermé. Excusez-moi, il est con au point de publier leur lettre dans le portail de la Commune, peut-être qu'elle a été publiée ailleurs, je n'en sais rien !
Et moi qui aie été jusqu'à regretter d'avoir quitté l'OCI en janvier 1981, je ferais mieux de remercier ma première épouse qui m'avait forcé à prendre cette décision (chantage au divorce)... salutaire, ce que j'ignorais à cette époque.
Pedro Carrasquedo leur en veut d'avoir balancé le pot aux roses, la goutte qui fait déborder le vase à purin du lambertisme, à croire qu'il aurait préférer ménager les escrocs qui sont à la direction du CCI quand il termine en écrivant :
- "Clochards de la pensée, tous autant que vous êtes. Mercenaires à cent balles Vous avez fait du chantage à la retraite en échange du silence politique."
Il doit être jalou ma foi ! Lui il n'a pas fait de chantage et il a gardé le silence tout court, ce n'est guère mieux.
Au moins les militants du CCI d'hier et d'aujourd'hui savent dorénavant à quoi s'en tenir à propos de leurs dirigeants-permanents-à-vie.
Pour la petite histoire, un jour je m'en étais pris connement à La Commune, à croire que j'avais moi aussi conservé de sales habitudes sectaires, depuis j'ai fait le ménage.
Le lambertisme a toujours eu une politique trade-unioniste.
L'orientation de Gauquelin (Lacaze pour les intimes) ou la majorité du CCI-POI résumée ici :
En mai-juin 1968, notre politique n’a pas été sans faiblesse. La grève générale, spontanément réalisée, mettait au centre de tout la question du gouvernement, la question du pouvoir… Pendant la grève générale, nous avons, à juste titre, mis en avant le mot d’ordre de la constitution d’un comité central de la grève générale. Nous n’avons pas répondu à la question du gouvernement… Dès lors, que nous le voulions ou non, notre politique avait un caractère trade-unioniste. Nous versions dans l’illusion que la grève générale « organisée » par le CC de grève se suffirait à elle-même. De plus, nous n’avons pris aucune initiative réelle qui ouvre la voie à la réalisation de ce comité central de la grève générale. (Stéphane Just, Comment le révisionnisme s’est emparé de la direction du PCI, 1984, GB, p. 11)
Un courriel reçu d'un militant du POI
Que faire ?
Camarade,
J'ai plus que ton âge, militant depuis février 1970 et se posant la même question que Lénine après la trahison de la 2ème internationale ; manifestement tu penses qu'on ne peut rien redresser dans le POI ; avons-nous été naifs ? Je vivais avec des camarades honnêtes ici, non des voyoux, présents dans toutes les diffusions, les combats syndicaux comme politiques ; personnellement je pense qu'il faut exiger un quitus financier au prochain congrès et nous n'éviterons pas une litanie de procès de la justice bourgeoise qui sera ravie de finir de détruire cette organisation parce que informée d'accords non légaux entre dirigeants et permanents par ces lettres rendues publiques, au passage l'illégalité est insupportable quand il n'y a plus d'accord politique à moins de l'ouvrir ; avait-on les moyens de savoir ? Non, si ce n'est peut-être de pas accepter de dénoncer la soi-disant violence des exploités licenciés ; alors ne plus rien faire, non , il y aura des combats et avec ce qu'on a déjà appris, on continuera au moins dans une libre discussion et le temps décidera aussi de la voie à mener en fonction du débat.
Salutations.
Je vais essayer de répondre brièvement à ton courriel, pour autant qu'il appelait une réponse.
Redresser quoi dans le POI ? As-tu lu l'article que le groupe GMI a publié sur le CCI ? Il est accablant du début à la fin, sur la base des faits il apparaît que Lambert fut un imposteur de la première heure et que tous les dirigeants qui l'ont aidé à se maintenir à la tête de l'appareil le savaient pertinemment, la plupart de ceux qu'il virera l'avoueront par la suite, en recoupant leurs affirmations et en mettant bout à bout tous les éléments qui sont parvenus à notre connaissance on aboutit à la même conlusion épouvantable que les militants et cadres ignoreront jusqu'au bout, il serait donc injuste ou stupide de les en blâmer, ils sont davantages à plaindre.
Ce serait intéressant de comparer l'attitude de Staline et la conclusion à laquelle était parvenu Lénine à son sujet, avec celle des dirigeants du CCI et ce qu'en disent certains ex-dirigeants du CCI.
Léon Trotsky - OEuvres – 1932 - Le "testament" de Lénine - 31 décembre 1932 - Edité en français par la revue "Quatrième Internationale" (numéro spécial – Dossier de la "destalinisation" – hiver 1956)
- "Ce que Lénine découvrit en Staline sous ces nouvelles conditions, il le dit avec prudence mais tout à fait clairement dans son testament : un manque de loyauté et une tendance à l'abus du pouvoir. (...)"
Lénine, peu à peu, en vint à perdre sa confiance morale en Staline.
Et quand à la rupture définitive avec Staline, Trotsky observera que ce fut un "acte, unique en son genre dans la vie de Lénine" qui "doit avoir eu des causes psychologiques graves".
Lénine avait fini par prendre la mesure du danger que représentait Staline, qui s'était fabriqué un personnage qui trahissait sa véritable et abominable personnalité, qui se manifestait de plus en plus ouvertement au fur et à mesure qu'il allait monter dans l'appareil du parti bolchevik, ce que Lénine ne pouvait pas manquer de relever et que de nombreux témoignages ou de nombreuse plaintes qui étaient remontés jusqu'à lui confirmaient.
Lénine qui était bourré de principes et d'une moralité à toute épreuve, n'en était pas moins très tolérant envers ceux qui ne les respectaient pas à la lettre, il connaissait trop bien la nature humaine et ses faiblesses pour ne pas accabler ceux qui ne faisaient pas preuve d'une rigueur absolue dans leur conduite, par contre il ne pouvait pas admettre qu'on affecte une attitude pour ensuite la trahir ou la mettre au service d'une autre cause inavouable ou satisfaire des intérêts purement individuels, ce qui dénotait un état d'esprit particuièrement malsain et nuisible, dangereux pour le parti, dans la mesure où on n'a aucune emprise sur elle, sinon de la démasquer pour pouvoir éliminer celui qui l'a adoptée.
Lénine qui était d'une droiture morale exceptionnelle, tout comme Trotsky, ne pouvait pas s'accommoder plus longtemps d'un personnage aussi détestable (ambitieux, prétentieux, sournois, malicieux, malhonnête, menteur, etc.) que Staline au poste de secrétaire général du parti bolchevik. Tandis que Lénine incarnait la morale la plus élevée, embrassant les intérêts de l'humanité toute entière, communiste, Staline incarnait celle du roturier devenu aristocrate, de l'imposteur dénué de scrupules, cynique, dont la morale ne devait servir que sa propre ambition.
Quand on a en tête le texte que le groupe GMI a consacré au CCI et la conclusion à laquelle ils sont parvenus pas à pas sur Pierre Lambert et qu'on la met en parallèle avec la conclusion à laquelle était parvenu Lénine (et Trotsky) sur Staline, on est saisi par la ressemblance accablante qui en ressort, au point qu'on ne s'étonne plus qu'il soit resté aussi longtemps à la direction du CCI, toute sa vie en fait, comme Staline!
Cela pose bien des questions sur lesquelles nous n'avons pas le temps de nous étendre ici, nous les avons déjà en grande partie abordées dans de précédentes causeries, notamment une. Est-ce que cela aurait changé quelque chose que les militants et cadres sachent qui étaient vraiment Lambert et ses acolytes, de quoi ils étaient capables, sachant que cela leur aurait été présenté d'une telle manière qu'ils ne l'auraient pas cru ou n'auraient pas voulu le croire, pour ne pas dire qu'ils auraient trouvé le moyen de le justifier, exactement comme l'ont fait la plupart des militants et cadres du PC envers Staline et ses multiples crimes contre le socialisme. Lambert a usé de moyens déloyaux pour tourner le dos au trotskysme, et il a abusé des mêmes moyens pour éliminer ceux qui contestaient sa politique ou son autorité sur le parti, et la vie a continué au CCI comme si de rien n'était.
Question : L'homme est-il si faible qu'il serait incapable de tirer les leçons pratiques de ses expériences ? Il est incohérent et manque de rigueur, de discernement, de logique, il n'est pas né matérialiste et dialecticien et force est de constater qu'il peine à le devenir, il n'est pas seulement incapable d'interpréter le monde dans lequel il vit, il est incapable d'interpréter qui il est et comment il fonctionne, en fait la réalité le domine ou il passe à côté sans s'en apercevoir, exactement comme avec sa propre vie.
Comment pourrait-il prendre conscience de sa condition, alors qu'il n'est même pas foutu de prendre conscience de son ignorance ? Par la force des choses nous dira-t-on, certes, mais cela risque d'être insuffisant pour s'élever au niveau indispensable pour en changer, disons qu'au détour de conditions favorables il pourra faire preuve d'un instant de lucidité qui s'estompera une fois que ces conditions se seront volatilisées, et il retournera à son niveau de conscience antérieur qui en réalité n'avait pas progressé ou si peu qu'il ne pouvait pas se maintenir à un niveau supérieur plus longtemps, pour qu'il en soit autrement il faudrait que cette expérience s'inscrive dans la durée ou qu'elle se répète un grand nombre de fois pour qu'elle finisse par s'inscrustrer dans son cerveau ou parvienne à modifier son mode de pensée, sa manière d'interpréter la société ou le monde.
On comprend là à quel point cette question est capitale pour l'avenir de la civilisation humaine.
Les dirigeants bolcheviks n'étaient pas des crétins, les dirigeants du CCI non plus, et pourtant ils ne se sont pas conduits autrement. Ils se sont laissé acheter, corrompre, leurs faiblesses l'ont emporté sur leurs qualités, leur ignorance sur leur conscience.
Il existe une autre explication, je préfèrerais dire qu'elles se complètent. Les bolcheviks allaient subir le contrecoup de trois ans de guerre civile en Russie, de la défaite de la révolution hongroise et de la débâcle du mouvement révolutionnaire en Allemagne, le prolétariat étant vaincu dans tous les pays, l'espoir que la révolution triomphe dans un autre pays s'éloignait, l'heure était donc à la construction du "socialisme dans un seul pays" cher à Staline et au combat contre tous ceux qui s'y opposeraient, dont Trotsky.
Lambert pour garder la main sur ses troupes allait se livrer à une monstrueuse mystification pendant des décennies à l'aide de la théorie foireuse de l'imminence de la révolution qu'il n'avait pas cessé de trahir en réalité à l'insu des militants du CCI, et il ne lui restera plus qu'à la balancer ainsi que son parti (PCI) une fois qu'il était devenu évident pour tous les militants du CCI que la révolution était renvoyée à une date indéterminée, pour finalement l'abandonner au profit de la défense de la République et de la démocratie bourgeoise, et se moquer de ceux qui y croyaient encore ou les éliminer, pour bien montrer le cynisme du personnage.
Si Trotsky n'est pas parvenu à redresser le parti bolchevik qui au départ avait été construit sur des bases saines ou correctes, je ne vois ni qui ni comment il serait possible de redresser le CCI qui a été conçu à l'origine par Lambert sur des bases pourries.
Que les militants et cadres du CCI ne s'en soient pas aperçus, qu'ils aient été bernés ou qu'ils se soient illusionnés eux-mêmes pendant des décennies est assurément une expérience fort pénible à assumer, et on en est sincèrement désolé pour les militants et cadres demeurés loyaux envers le socialisme, qu'ils en aient pris conscience maintenant ne changera rien, le lambertisme était une planche pourrie qui était destinée à les engloutir et elle ne sera jamais autre chose, il faut qu'ils se fassent une raison ou se rendent à l'évidence.
Quand des militants du CCI m'écrivaient qu'ils avaient encore avalé une couleuvre, je me disais qu'ils devaient avoir une sacrée constitution, mais que le jour où le plat de consistance arriverait ils s'étoufferaient. Je n'ai pas essayé de les convaincre de quoi que ce soit, puisqu'ils ne voulaient rien entendre.
On a vu plus haut que c'était des conditions défavorables sur le plan international qui avaient conduit les dirigeants bolcheviks à basculer du mauvais côté, cela dit ni Lénine ni Trotsky et bien d'autres bolcheviks n'ont pas flanché. Pourquoi ? Parce qu'ils interprétaient la situation en marxistes, ils savaient que d'autres occasions se présenteraient d'ici peu en Europe et que rien ne justifiait d'abandonner la révolution socialiste mondiale.
En réalité, Trotsky affirmera qu'à peine une poignée de bolcheviks méritaient d'être qualifiés de marxistes, et il insistera sur le niveau d'arriération des masses russes qui profitera à Staline. Ce qui me fait dire que notre priorité devrait être de faire en sorte qu'un maximum de militants parviennent à maîtriser le marxisme et à en être dignes. Nombreux sont ceux qui se prennent pour des marxistes, alors que ce n'est pas le cas. Et quant à leur comportement dans la vie ou en tant que militant, il ne doit pas être plus brillant en général. Et notre seconde priorité devrait être de tout faire pour aider les masses à progresser afin qu'elles soient moins facilement manipulables. Je ne vois pas en quoi ces deux objectifs seraient incompatibles avec notre intervention dans la lutte des classes, la défense de tous nos droits ou acquis, un programme d'action révolutionnaire et l'organisation des masses, la construction du parti, de l'Internationale.
Si nous n'adoptons pas cette orientation et ces mesures, nous serons condamnés à connaître la même situation qu'en Grèce. Voyez où ils en sont, après tous les coups terribles qu'ils ont pris, ils n'ont toujours rien compris ou si peu. On nous dit qu'ils résistent, on veut bien le croire et ils en ont fait la démonstration à de nombreuses reprises, mais ce que l'on constate aussi, c'est qu'ils sont prompts à plier l'échine.
Complément sur les groupes CPS et GMI issus du lambertisme.
J'ai échangé une correspondance avec eux pendant une brève période il y a dix ans avant d'abandonner.
Le groupe CPS est une caricature des lambertistes nostalgique de la "belle époque" où le réformisme bourgeois auquel avait adhéré l'OCI pouvait encore faire illusion et tromper les travailleurs qui avaient cru rejoindre une organisation trotskyste.
Celui de La Commune ne vaut guère mieux. Le plus fréquentable, si on peut se permettre, c'est encore le groupe GMI qui est parvenu à se défaire des oripeaux hideux du lambertisme, je n'ai pas en tête leurs positions ou analyses sur toutes les questions qui nous intéressent, en lisant leur littérature j'ai constaté qu'ils s'adressaient essentiellement à des militants aguerris, ce qui peut s'expliquer par leur faiblesse numérique, ils cherchent avant tout à recruter des militants d'autres organisations plutôt que des travailleurs inorganisés, du coup leur discours, qui a le mérite généralement de partir des faits, ressemble davantage à un cour de théorie marxiste qui rebutera un grand nombre de militants qui ne possèdent pas les connaissances requises pour le suivre, et plus encore les travailleurs qui ne possèdent aucun repère pour s'y retrouver, bref on a l'impression désagréable d'être à nouveau en présence d'une machine à propagande bien huilée à laquelle la réalité est priée de se plier sur la base parfois d'analyses incomplètes ou de faits qui semblent volontairement écartés ou tronqués et auxquelles on est appelé à adhèrer aveuglément.
Je n'ai pas eu le temps d'étudier à fond la question, il semble que les citations des marxistes auxquels ils recourent intempestiblement sert à camoufler le refus de prendre en compte certains faits ou les transformations que la société a connues depuis plus d'un demi-siècle qui constitue leur principale faiblesse du fait qu'ils sont incapables de se mettre dans la tête et la peau d'un travailleur qui n'a jamais participé à la lutte des classes ou qui n'a jamais été organisé, et qui par conséquent ne pense pas et n'interprète pas la situation avec les yeux d'un militant, ce qui est le cas de l'immense majorité d'entre eux.
Ce sont des militants professionnels qui semblent couper de ce que vivent au quotidien les travailleurs qui subissent le matracage de la propagande officielle, qui consiste à formater leur conscience et à les détourner de la politique ou des partis politiques dont ils ont une impression négative ou épouvantable, on ne peut pas dire que c'est le genre de discours qui pourrait les ramener à la politique ou faire en sorte qu'ils s'y intéressent de plus près. Ils ont le mérite d'avoir entrepris l'inventaire de la lutte des classes des 70 dernières années que je réclame depuis des années.
Je le répète, il ne s'agit là que d'impressions qui peuvent être amenées à évoluer. Un de leurs dirigeant m'a fait comprendre un jour que mes causeries étaient de la merde, pourquoi pas, il avait le droit de le penser, mais face à ce que j'ai pris pour du mépris, j'ai estimé qu'il ne valait pas la peine que je perde mon temps avec eux. On s'est peut-être mal compris, c'est possible du fait qu'on n'avait pas suivi le même parcours, cela dit cette attitude témoignait selon moi qu'aucune discussion n'était possible en ayant un tel état d'esprit, que l'on retrouve justement chez tous les dirigeants lambertistes d'hier et d'aujourd'hui, état d'esprit incompatible avec celui que doit avoir un dirigeant ouvrier ou trotskyste.
A leur décharge ou pour atténuer le jugement négatif que je porte sur eux ou les réserves que j'ai formulées, il se peut que nous n'abordions pas de la même manière la question du parti, à savoir parti révolutionnaire ou parti de masses. On pourrait dire depuis l'époque où Engels l'avait affirmé, aucun parti communiste ne s'est construit en débauchant des militants d'autres partis ou alors ce n'était pas un parti communiste. Vous pourrez tout au plus recruter quelques poignées de militants qu'il vous faudra suivre de près, encadrer fermement et former, s'ils l'acceptent, et surtout ne leur confier aucune responsabilité avant s'être assuré qu'ils avaient bien rompu avec l'idéologie qu'ils avaient adoptée dans leur ancien parti, bref, tout le contraire de ce qu'ont fait les lambertistes. Mais dans leur cas c'était voulu dans la mesure où ils partageaient la même idéologie réformiste.
On pourrait aborder la question du parti autrement.
Sachant qu'il n'existe pas un modèle unique de parti transposable dans tous les pays, la question du parti devrait être résolue par une combinaison alliant parti révolutionnaire et parti de de masses selon un dosage variant selon les pays, la composition de la société, des classes, leur niveau de développement, etc. Peut-être que pour un pays comme la France, la bonne combinaison consisterait à adopter la forme d'un parti révolutionnaire tout en adoptant un contenu ou un discours qui s'adresserait aux plus larges masses possible, afin de recruter des militants dans toutes les couches exploitées et de tisser des liens solides avec elles, ce qui permettrait d'en faire un véritable parti ouvrier, sans évidemment renier nos principes et le programme de la révolution socialiste. Bref, cette question doit être abordée en s'inspirant des enseignements de la révolution russe de 1917, tout en tenant compte de la sociéte dans laquelle nous vivons... Un parti de masse tel que l'on conçu les lambertistes depuis 1985 est voué à l'échec, ils viennent de le prouver. Et un parti révolutionnaire qui calquerait le parti bolchevik serait voué à dégénérer, LO en est la parfaite illustration. Or il semblerait que c'est ce type de parti que le groupe GMI a adopté.
Maintenant les militants peuvent essayer de se rapprocher ou de prendre contact avec ce groupe de militants, ils verront bien de quoi ils retournent, qu'ils nous fassent part de leur expérience pour qu'on en fasse profiter les militants et les lecteurs qui se connectent à notre portail et qui sont à la recherche d'une organisation pour continuer le combat politique. Si elle était concluante et bien ce serait tant mieux, dans le cas contraire on saurait à quoi s'en tenir et on tirerait un trait dessus, nous ne sommes pas borné ou nous n'avons aucun a priori, on demande juste à juger sur pièces pour cesser d'aller de désillusion en désillusiion, ce qui nous semble légitime.
Poursuivons.
Effectivement, quelque part dans mes causeries j'ai dû sacrifier la forme mais sans jamais altérer le contenu.
J'ai essayé d'aborder les choses ou la situation sous un auttre angle que celui du militant convaincu de la justesse de ses analyses et positions ou de ses convictions, afin de les rendre accessibles au plus grand nombre, sans violer le moindre principe, sans faire la moindre concession théorique ou sur le programme de la révolution socialiste, sur le socialisme.
On a essayé de faire en sorte que chacun puisse comprendre comment fonctionnait la méthode du marxisme et sur quoi elle reposait en mêlant des exemples pris dans l'actualité sociale ou politique ainsi que dans la vie quotidienne, de manière à ce que chacun puisse l'appliquer à ses propres expériences.
Au lieu de faire du marxisme un exposé dogmatique qui le réduirait à un instrument rigide et repoussant, on a préféré montrer comment s'en servir pour interpréter les actes les plus insignifiants de la vie quotidienne, ce qui permettait à chacun d'en faire l'expérience à partir de son propre vécu, sachant qu'il est différent d'un individu à un autre. On s'est efforcé de le présenter sous une forme pratique plutôt que théorique, partant du constat que c'était bien un processus matérialiste dialectique qui parcourait chacune de nos expériences, celle de la société, de la nature, etc.
On a surtout voulu éviter soigneusement de l'imposer en observant comment le matérialisme dialectique se matérialisait (inconsciemment) dans la réalité, ce qui là encore permettait à chacun de le vérifier librement. Je crois qu'en réalité on s'est davantage adressé à des travailleurs qu'à des militants, en partant du principe que s'ils étaient perfectibles ils avaient aussi leurs propres faiblesses en tant qu'hommes ou femmes, ce qu'on a tendance à oublier, refusant de séparer leur personnalité sociale et psychologique qui agissent réciproquement l'une sur l'autre et peuvent développer des obstacles à leur progression indivuelle et à la compréhension de leur condition, à la prise de conscience qu'ils doivent prendre leur destin en mains pour changer la société. Le but était que chacun gagne en confiance en soi une fois armé du matérialisme dialectique, condition s'il en est indispensable pour se forger librement ses propres convictions, acquérir un esprit critique sans lequel il sera difficile, voire impossible de s'orienter dans la vie comme en politique dans la bonne direction ou éviter tous les écueils ou pièges que la société vous a réservés.
On ne s'est pas posé en maître du marxisme ou en dirigeant, j'ai même souvent rappelé que je n'en avais pas les capacités, car notre ambition (un grand mot pour ne pas dire un gros mot) demeurait modeste. J'ai été traité de mégalomane et bien d'autres choses encore de très désagréables pour m'être mis en avant, pour avoir déballé ma vie, cela me semblait normal au regard du type d'intervention auquel j'étais contraint, à travers un portail Internet, puisque personne ne me connaissait. Un excès de méfiance peut s'avérer aussi néfaste qu'un excès de confiance, aussi ai-je fait en sorte de mettre les lecteurs à l'aise pour ne leur imposer ni l'un ni l'autre, et j'espère qu'ils l'ont apprécié.
Comme n'importe qui je suis soumis aux mêmes contraintes en présence de portails (ou de formations politiques) dont je ne connais pas les auteurs (les dirigeants) ou leurs intentons. C'est très désagréable et spontanément j'adopte une attitude de réserve, de retenu, je prends mes distances avec ce que je lis, je suis vigilant mais pas suspicieux, bon, j'ai l'avantage de parfaitement maîtriser mon attitude ou d'en avoir pleinement conscience ce qui m'évite d'en faire éventuellement un obstacle à la compréhension des éléments qui parviennent à ma connaissance ou de les déformer, auquel cas je n'en retirerais aucun profit, ce qui serait dommage, ce n'est pas vraiment mon but. Etre concentré, attentif ou vigilant ne veut pas dire être maladivement suspicieux.
Et puis je savais pertinemment que les militants étaient aussi susceptibles que le reste de la population, j'ai eu l'occasion de m'en rendre compte à de multiples occasions, ils ont été formatés ainsi, et la pression de l'idéologie dominante qui pousse à l'excès chacun à adopter ce genre de rapport n'arrange franchement rien. C'est la raison pour laquelle j'ai essayé de jouer la carte de la sincérité, de la loyauté, de l'honnêteté, qui ne garantit évidemment pas la justesse d'une analyse ou d'une orientation politique, en me disant que cela permettrait peut-être de créer un climat de confiance propice à une large discussion entre militants, en vain. A la place j'écoperai de moqueries, de mépris, d'insultes et de calomnies. Plus d'une fois j'ai trouvé cela désespérant sans jamais penser abandonner cette méthode puisque c'était la seule que je connaissais.
Vous avouerez que les derniers développements de la crise du CCI-POI justifiait cette démarche ou me donnait raison ; quand on a la moindre responsabilité politique, on se doit d'être d'une loyauté absolue, je ne sais pas si j'ai hérité cela de mon père ou de Lénine, y compris dans la vie en général, sauf envers nos ennemis de classe auxquels on ne dévoilera pas nos réelles intentions, sauf à être stupide, ce qui m'est arrivé plus d'une fois tellement j'étais attaché à ce principe, et de le payer très cher.
Un autre courriel reçu
Salut Jean-Claude,
D'accord, mais on fait quoi maintenant politiquement ? Là est tout le problème, en dehors de ces gens d'appareil, tous ceux qui ne sont pas aussi tordus, et les militants de base ou sympathisants, etc...
Sur le plan syndical, on a la même problématique, mais si les militants dans les entreprises désertent les syndicats (avec le peu de syndiqués qui restent), où tout cela va nous mener ?
Je suis en réflexion sur ces 2 questions en ce moment, et je t'avoue que je vais encore avoir besoin de temps pour y réfléchir. D'autant plus après la vision d'une vidéo de Xavier Mathieu, un ex délégué syndical CGT de Continental qui est passé sur Canal+ il y a 3 jours. Déserter les OS, c'est laisser le champs totalement libre à cette classe dominante dont la violence envers les salariés augmente de jours en jours, je peux pas déserter même si j'engraisse des permanents syndicaux et que ma cotisation permet à en stabiliser l'appareil...voilà, chaque jour, j'y réfléchi.
Bonne journée.
La question se pose différemment selon qu'on dispose d'un mandat syndical ou non, qu'on a été élu ou non délégué du personnel ou au Comité d'entreprise sur une liste syndicale ou qu'on est seulement syndiqué. Tout dépend aussi de la taille de l'entreprise dans laquelle on travaille, du secteur d'activité à laquelle elle appartient, la composition de la section syndicale où l'on milite, combien de syndiqués comporte-t-elle...
Il ne s'agit pas de déserter les syndicats, il ne s'agit pas non plus de s'y investir au point de ne plus faire que cela ou de réduire le militantisme à son intervention sur ce plan-là au détriment de son activité politique.
La question du syndicalisme a été totalement dénaturée. La preuve en est qu'il a été détourné de son objectif initial : l'émancipation du capital. Quel militant a cela en permanence à l'esprit ? Je pense qu'il faut commencer par là pour y voir plus clair. Et à partir de là de nombreuses questions surgissent qui vont nous aider à avancer, à condition de les traiter sérieusement.
La question essentielle est-elle oui ou non de favoriser la prise de conscience des travailleurs de leur condition dans l'entreprise ou l'administration où on travaille ou de passer son temps à diffuser la politique de collaboration de classe des appareils pourris des syndicats, ce qui revient effectivement à rouler pour eux ? Pire, perdre son temps à guerroyer avec eux pour tenter de les convaincre de la justesse de nos positions, autant essayer de convaincre Macron ou ton patron de la justesse du socialisme !
Ceux qui ont obtenu des places de permanents dans les syndicats ou qui sont montés dans leurs instances ont fait allégeance aux appareils vendus, ils les ont achetées (leurs places), ils ne les ont pas conquises, ce qu'on a tendance malheureusement à oublier. S'agirait-il de les imiter ?
Les militants n'ont semble-t-il pas compris non plus ou ils ne tiennent pas compte qu'à partir du moment où des agents du capital contrôlent les syndicats, combattre pour les déloger relève de la mystification, puisqu'ils ont le pouvoir de virer tout militant qui afficherait cette prétention ou combattrait tout simplement sur une ligne politique conforme au socialisme. Ils ne peuvent promouvoir au sein de leurs instances que des militants serviles à leur égard ou qui partagent leur politique ou encore des militants qui leur sont utiles et dont ils contrôlent l'activité et peuvent bloquer l'évolution au sein de l'appareil ou les virer à tout moment s'ils le jugents nécessaire. Ils peuvent tout au plus admettre la présence de militants qui combattent réellement sur le terrain de la lutte des classes, dès lors que cela fait vivre le syndicalisme (dénaturé) qui est leur gagne pain, à condition qu'ils n'empiètent pas sur leurs prérogatives ou leur pouvoir, ce qui implique qu'il existe à la base un consensus entre eux et qu'ils tirent profit de ces rapports pour assurer la stabilité de leurs appareils liés au régime en place.
S'il apparaît inévitable que des délégué syndicaux ou des cadres situés aux échelons intermédiaires de l'appareil se radicalisent au contact des masses ou prennent en compte leurs besoins, ils n'en conservent pas moins le contrôle de l'orientation de leur syndicat qui s'exprime lors de leur rencontre avec les membres du gouvernement ou du patronat, et ce sont eux seuls qui détiennent et conservent également le pouvoir d'appeler ou non les masses à la mobilisation générale et de mobiliser ou non l'ensemble des forces de leur syndicat sur les mots d'ordre qu'ils auront déterminés. Prétendre qu'il pourrait en être autrement relève de l'imposture, y compris lors d'une crise révolutionnaire, car au même titre que les dirigeants des partis ouvriers traitres au socialisme, jamais les appareils syndicaux acquis au capitalisme ne rompront avec lui, ils préfèreraient encore liquider leurs partis et leurs syndicats plutôt que d'adopter le socialisme, c'est ce que nous enseigne la lutte des classes du passé, et c'est à se demander si elle a réellement exister puisque pratiquement tous les militants à quelques exceptions près se comportent comme s'ils l'ignoraient.
Maintenant il en serait tout autrement si les délégués syndicaux étaient élus par les syndiqués et non désignés par les appareils.
Pourquoi le législateur qui incarne les intérêts du capitalisme a-t-il accepté en accord avec les directions pourries des syndicats un tel règlement, sinon qu'il permet aux appareils acquis à sa cause de conserver le contrôle de leurs syndicats pratiquement en toute circonstance il faut le souligner. Le scénario des appareils débordés par la base est du domaine de la fable, c'est une mystification de plus que les révisionnistes du marxisme utilisent pour justifier le trade-uninonisme et masquer leur capitulation. Ce scénario ne serait valable qu'en cas de crise révolutionnaire, à condition que les masses se soient organisées indépendamment des syndicats liés au capital en les intègrant ou non dans leur organisme de double pouvoir. Ce qui signifierait pas forcément que les syndicats seraient contraints de modifier la composition de leurs instances ou de leur appareil, encore moins son orientation.
Apparemment on ne compte plus les illusions que les militants ont pu placer dans le syndicalisme ou la conception qu'ils en ont est totalement déformée, c'est à croire qu'ils en attendaient des miracles !
Les lambertistes auraient pu fonder un véritable syndicat ouvrier, mais ils ont préféré collaborer dans tous les sens du terme avec les appareils pourris. Trotsky avait envisagé cette hypothèse dès lors que les trotskystes ne pourraient pas développer leur politique dans les syndicats ou ils en seraient chassés, et si l'appareil de FO a pu s'accommoder de ces révolutionnaires de pacotille depuis sa création , c'est justement parce qu'ils avaient abandonné le combat contre son appareil et basculé eux-même dans le trade-unionisme, l'opportunisme, à partir de ce moment-là, ils n'avaient aucune raison d'en sortir et de créer un syndicat.
Rompre avec la conception frelatée, réformiste du syndicalisme, de la lutte de classes, du militantisme tout court, généralement répandue dans le mouvement ouvrier, est indispensable pour renouer avec la lutte de classe du prolétariat révolutionnaire du début du XXe siècle, le marxisme, le socialisme.
On aurait pu se contenter de ce texte de Trotsky qui démontre que le lambertisme avait rompu avec le trotskysme ou qu'il ne l'avait jamais incarné ou qu'il y était toujours demeuré étranger. Ce texte constitue une condamnation sans appel du lambertisme depuis 1945.
L'indépendance des syndicats : cela n'a jamais existé et n'existera jamais, signé Trotsky, lisez, c'est écrit noir sur blanc.
L. Trotsky - OEuvres - octobre 1929 - Syndicalisme et communisme 14 octobre 1929.
Extraits. En période de “paix”, quand les formes les plus militantes d'action syndicale sont des grèves économiques isolées, le rôle direct du parti dans les syndicats reste au second plan. En règle générale, le parti n’intervient pas dans chaque grève isolée.
... pour tout ce qui se situe entre la grève économique locale et l'insurrection révolutionnaire de classe, on trouve toutes les formes possibles de relations réciproques entre le parti et les syndicats, les degrés variables de leadership direct et immédiat, etc. Mais en toutes circonstances, le parti cherche à gagner le leadership général en comptant sur la vraie autonomie des syndicats qui, en tant qu’organisations — cela va sans dire — ne sont pas “soumises” à lui.
Les faits démontrent que des syndicats politiquement “indépendants” n’existent nulle part. Il n'y en a jamais eu. L'expérience et la théorie indiquent qu'il n'y en aura jamais. Aux Etats-Unis, les syndicats sont directement liés par leur appareil au patronat industriel et aux partis bourgeois. En Angleterre, les syndicats, qui dans le passé ont principalement soutenu les libéraux, constituent maintenant la base du parti travailliste. En Allemagne, les syndicats marchent sous la bannière de la social-démocratie. En république soviétique, leur conduite appartient aux bolcheviques. En France, une des organisations syndicales suit les socialistes, l’autre les communistes. En Finlande, les syndicats ont été divisés il y a un peu de temps, l’un allant vers la socialdémocratie, l'autre vers le communisme. C'est comme ça partout.
Les théoriciens de l’ »Indépendance » du mouvement syndical n'ont pas pris la peine jusqu'ici de penser à cela : pourquoi leur slogan non seulement est loin de se réaliser où que ce soit, mais, au contraire, pourquoi la dépendance des syndicats vis-à-vis du leadership d'un parti devient partout la règle, sans exception, et ce ouvertement ? Ceci correspond en fait aux caractéristiques de l'époque impérialiste, qui dévoile toutes les relations de classe et qui, même chez le prolétariat accentue les contradictions entre son aristocratie et ses couches les plus exploitées.
L'expression courante du syndicalisme d’autrefois est la prétendue Ligue syndicaliste. Par tous ses traits, elle apparaît comme une organisation politique qui cherche à subordonner le mouvement syndical à son influence. En fait la Ligue recrute ses membres non pas selon les principes syndicaux, mais selon ceux des groupements politiques ; elle a sa plateforme, faute de programme, et la défend dans ses publications ; elle a sa propre discipline interne dans le mouvement syndical. Dans les congrès des confédérations, ses partisans agissent en tant que fraction politique tout comme la fraction communiste. Pour faire court, la tendance de la Ligue syndicaliste se ramène à une lutte pour libérer les deux confédérations du leadership des socialistes et des communistes et pour les unir sous la direction du groupe de Monatte.
La Ligue n'agit pas ouvertement au nom du droit et de la nécessité pour la minorité avancée de combatte pour étendre son influence sur les masses ; elle se présente masquée par ce qu'elle appelle l’“Indépendance” syndicale. De ce point de vue, la Ligue s’approche du Parti socialiste qui réalise aussi son leadership sous couvert de l'expression “indépendance du mouvement syndical”. Le parti communiste, au contraire, dit ouvertement à la classe ouvrière : voici mon programme, ma tactique et ma politique, que je propose aux syndicats.
Le prolétariat ne doit jamais croire n'importe quoi aveuglément. Il doit juger par son travail. Mais les ouvriers devraient avoir une double et une triple méfiance vers ces prétendants au leadership qui agissent incognito, sous un masque qui ferait croire au prolétariat qu'il n'a besoin d’aucun leadership.
Le droit d'un parti politique d’agir pour gagner les syndicats à son influence ne doit pas être nié, mais cette question doit être posée : Au nom de quel programme et de quelle tactique cette organisation agit-elle ? De ce point de vue, la Ligue syndicaliste ne donne pas les garanties nécessaires. Son programme est extrêmement amorphe, de même que sa tactique. Dans ses positions politiques elle agit seulement au fil des événements. Reconnaissant la révolution prolétarienne et même la dictature du prolétariat elle ignore le parti et ses droits, est contre le leadership communiste, sans lequel la révolution prolétarienne risquerait de rester à jamais une expression vide.
L'idéologie de l'indépendance syndicale n'a rien de commun avec les idées et les sentiments du prolétariat en tant que classe. Si le parti, par sa direction, est capable d'assurer une politique correcte et clairvoyante dans les syndicats, pas un seul ouvrier n’aura l'idée de se rebeller contre le leadership du parti. L'expérience historique des bolcheviques l’a prouvé.
C’est aussi valable la France, où les communistes ont obtenu 1.200.000 voix aux élections tandis que la Confédération Générale du Travail Unitaire (la centrale syndicale rouge) a seulement un quart ou un tiers de ce nombre. Il est clair que le slogan abstrait de l'indépendance ne peut venir en aucun cas des masses. La bureaucratie syndicale est une tout autre chose. Elle voit non seulement une concurrence professionnelle dans la bureaucratie de parti, mais elle tend à se rendre indépendante du contrôle par l’avant-garde prolétarienne. Le slogan de l'indépendance est, par sa base même, un slogan bureaucratique et non un slogan de classe.
Après le fétichisme de l’“indépendance”, la Ligue syndicaliste transforme également la question de l'unité syndicale en fétiche. Il va de soi que le maintien de l'unité des organisations syndicales a d'énormes avantages, tant du point de vue des tâches quotidiennes du prolétariat que de celui de la lutte du Parti communiste pour étendre son influence sur les masses. Mais les faits montrent que dès que l’aile révolutionnaire dans les syndicats remporte ses premiers succès, les opportunistes prennent la voie de la scission. Les relations paisibles avec la bourgeoisie leur sont plus chères que l'unité du prolétariat. C'est le constat incontestable des expériences de l'après-guerre.
Nous, communistes, avons toujours intérêt à démontrer aux ouvriers que la responsabilité du dédoublement des organisations syndicales incombe complètement à la social-démocratie. Mais il ne s’en suit pas que la formule creuse de l'unité nous serait plus importante que les tâches révolutionnaires de la classe ouvrière.
En fait l’avenir de la révolution dépend non pas de la fusion des deux appareils syndicaux, mais de l'unification de la majorité de la classe ouvrière derrière des slogans révolutionnaires et des méthodes révolutionnaires de lutte. Aujourd’hui l'unification de la classe ouvrière est seulement possible par la lutte contre les collaborateurs de classe qui se trouvent non seulement dans les partis politiques mais aussi dans les syndicats.
La question des rapports entre le parti, qui représente le prolétariat comme il devrait être, et les syndicats, qui représentent le prolétariat tel qu’il est, est la question la plus fondamentale du marxisme révolutionnaire.
Une politique correcte doit être opposée à une politique erronée. C’est dans ce but que l'opposition de gauche s’est constituée en fraction. Si l’on considère que le Parti communiste français dans sa totalité est dans un état complètement irrécupérable — ce que nous ne pensons pas — un autre parti doit lui être opposé. Mais la question de la relation du parti à la classe ne change pas d’un iota par ce fait.
L'opposition de gauche considère qu’il est impossible d’influencer le mouvement syndical, de l'aider à trouver une orientation correcte, de l'imprégner avec des slogans corrects, sans passer par le parti communiste (ou une fraction pour le moment) qui, à côté de ses autres attributs, est le laboratoire idéologique central de la classe ouvrière.
La tâche bien comprise du Parti communiste ne consiste pas seulement à gagner en influence sur les syndicats, tels qu'ils sont, mais à gagner, par le biais des syndicats, une influence sur la majorité de la classe ouvrière.
On ne s’en sortira pourtant pas en opposant les syndicats au parti (ou à la fraction) mais dans la lutte sans compromis pour changer complètement la politique du parti comme celle des syndicats.
L'Opposition de gauche doit indissolublement lier les questions du mouvement syndical aux questions de la lutte politique du prolétariat. Elle doit donner une analyse concrète du stade actuel de développement du mouvement ouvrier français. Elle doit donner une évaluation, tant quantitative que qualitative, du mouvement actuel des grèves et de ses perspectives par rapport aux perspectives du développement économique de la France.
Une nouvelle délimitation ? De nouvelles polémiques ? De nouvelles scissions ? Ce seront les lamentations des âmes pures mais fatiguées, qui voudraient transformer l'Opposition en une retraite calme où l’on pourrait tranquillement prendre congé des grandes tâches, tout en préservant intact le nom de révolutionnaire « de gauche ». Non ! Nous leur disons, à ces âmes fatiguées : nous ne voyageons certainement pas sur la même route. La vérité n'a pourtant jamais été la somme de petites erreurs. Une organisation révolutionnaire n'a pourtant jamais été composée de petits groupes conservateurs, cherchant avant tout à se démarquer les uns des autres. Il y a des époques où la tendance révolutionnaire est réduite à une petite minorité dans le mouvement ouvrier. Mais ces époques n’exigent pas des arrangements entre les petits groupes pour se cacher mutuellement leurs péchés mais exigent au contraire une lutte doublement implacable pour une perspective correcte et une formation des cadres dans l'esprit du marxisme authentique. Ce n’est qu’ainsi que la victoire est possible.
Les derniers événements ont montré au-delà du doute que sans démarcation idéologique claire et précise de la ligne du syndicalisme, l'Opposition communiste en France n'ira pas de l’avant. Fin des extraits.
Ne cherchez pas, elle a disparu depuis... Ou si, c'est ici, ce portail, notre courant politique.
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