16
Oct
2015
[70e AG ONU] Israël + Palestine : “L’heure tourne et je ne suis pas en mesure de discuter en détail de toutes les violations israéliennes commises contre notre peuple.”
Israël – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU
Allocution de S.E. M. Benjamin Netanyahu, Premier Ministre de l’État d’Israël, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale
« Mesdames et Messieurs,
Je vous salue de la part de Jérusalem, une ville dans laquelle le peuple Juif, ses espoirs, ses prières pour la paix et pour toute l’humanité, ont eu un écho au travers du temps.
Il y à 31 ans, en tant qu’Ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies, j’ai pris la parole pour la première fois à cette tribune. Ce jour là, je me suis exprimé contre une résolution, présentée par l’Iran, pour chasser Israël des Nations Unies. A l’époque, et toujours aujourd’hui, l’Organisation a toujours été hostile à Israël, la seule démocratie du Moyen Orient. Aujourd’hui et alors, certains essayaient de nier l’existence du seul Etat Juif au sein du concert des Nations. J’ai terminé ce discours en disant : « Mesdames et Messieurs, laissez votre fanatisme à la porte ! ». Plus de trois décennies après, en tant que Premier Ministre de l’Etat d’Israël, une fois encore’ai le privilège de m’adresser à vous depuis cette tribune. Pour moi, ce privilège a toujours été accompagné d’une responsabilité, à savoir : dire la vérité. Et après avoir entendu pendant trois jours les dirigeants du monde saluer l’accord nucléaire avec l’Iran, je commence mon discours aujourd’hui en disant « Mesdames et Messieurs, laissez votre enthousiasme à la porte ! »
Cet accord ne rend pas la paix plus plausible ; en permettant à l’Iran d’avoir des milliards de dollars de revenus, cela sape la paix. Penchez-vous sur ce que l’Iran a fait au cours des six derniers mois, depuis l’annonce à Lausanne de l’accord-cadre. L’Iran a augmenté ses livraisons d’armes à la Syrie, elle a envoyé des milliers de gardes révolutionnaires en Syrie, l’Iran a envoyé des milliers de combattants chiites pakistanais et afghans en Syrie ; l’Iran défend le régime brutal d’Assad.
L’Iran a également envoyé des tonnes d’armes et de munitions aux rebelles Houthistes du Yémen. Il y à deux jours encore, l’Iran a menacé de renverser la Jordanie. Le Hezbollah, qui travaille pour l’Iran, a fait entrer en contrebande des missiles pour abattre nos avions, couler nos bateaux ; l’Iran fournit au Hezbollah des missiles de précision pour frapper de manière précise n’importe quelle cible en Israël. L’Iran aide la Hamas et le Djihad islamiste à faire entrer des armes à Gaza ; l’Iran a également dit clairement qu’il voudrait défendre deux fronts de la terreur contre Israël, en Cisjordanie et dans le plateau du Golan, où il y a eu des tirs de roquettes récemment, contre le nord d’Israël.
Israël continuera de répondre à toute attaque. Israël continuera d’agir pour prévenir un transfert d’armes stratégiques au Hezbollah, à partir et au travers du territoire Syrien. L’Iran et le Hezbollah sèment la terreur dans les villes du monde. Il y à des cellules, trois cellules de ce type ont été découvertes au Koweit, en Jordanie et à Chypre. Au mois de mai, les forces de sécurité chypriotes ont lancé un raid à Larnaka contre un appartement du Hezbollah, où ils ont trouvé cinq tonnes de nitrate d’ammonium. C’est la même quantité de nitrate d’ammonium qui a été utilisée qui a été utilisée pour faire exploser un bâtiment fédéral à Oklahoma City. Et c’est juste un appartement, dans une ville, dansun pays ! Mais l’Iran crée des milliers de cellules terroristes partout dans le monde.
Mesdames et Messieurs, l’Iran crée ces cellules terroristes dans cet hémisphère également. Je répète : l’Iran a fait tout cela, tout ce que je viens de décrire, au cours des six derniers mois ! Lorsque l’Iran essayait de convaincre le monde de lever les sanctions. Imaginez ce que l’Iran fera après que ces sanctions ont été levées. Une fois que l’Iran sera tout à fait libéré, l’Iran se ruera sur d’avantage de proies. Après l’accord nucléaire, l’Iran a commencé à dépenser des milliards de dollars pour des armes, des satellites,.. Vous pensez que c’est pour la paix ? Vous pensez que des centaines de milliards de dollars en termes de contrats, après la levée des sanctions, vont faire de ce tigre féroce un simple matou ? Eh bien si vous pensez cela, vous devriez peut-être y réfléchir davantage.
En 2013, le Président Rohani a entamé ce qu’on appelle son « offensive de charme », ici aux Nations Unies, et deux ans après, l’Iran exécute davantage de prisonniers politiques, continue l’escalade dans ses agressions régionales et élargit rapidement son réseau de terreur. Les actions parlent plus que les discours, mais dans le cas de l’Iran, apparemment les discours sont aussi importants que les actions. Ecoutez simplement le vice-commandant de la garde révolutionnaire Iranienne, voilà ce qu’il a dit au mois de février, je le cite : « La révolution islamique ne se limite pas aux frontières géographiques ». Il a déclaré que l’Afghanistan, l’Irak, le Liban, la Syrie, la Palestine et le Yémen faisaient partie des pays qui, je cite : « .. étaient conquis par la République Islamique d’Iran. » Fin de citation. Conquis !
Et pour ceux d’entre vous qui pensent que l’accord de Vienne va déboucher sur une modification de la politique de l’Iran, écoutez ce qu’a dit l’Ayatollah Khamenei, Leader Suprême de l’Iran, quelques jours après l’accord de Vienne ; et je le cite : « Notre politique vis-à-vis du gouvernement arrogant des Etats-Unis ne changera pas. Les Etats-Unis continueront d’être l’ennemi de l’Iran ». En donnant davantage d’argent aux Mollah, on va alimenter la répression au sein de l’Iran. Cela va déboucher sur davantage d’agressions à l’extérieur des frontières iraniennes. En tant que chef d’un pays qui se défend chaque jour contre l’augmentation des agressions de l’Iran, je voudrais croire que cet accord va empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire ; mais je ne peux pas y croire, parce que ce n’est pas le cas.
Cet accord impose des limites au programme nucléaire de l’Iran ; à juste titre, parce que la communauté internationale a reconnu que l’Iran était un pays dangereux. Mais voilà quelle est l’astuce dans le cadre de cet accord : si l’Iran ne change pas de comportement, en fait si l’Iran s’avère plus dangereux encore au cours des prochaines années, les limitations les plus importantes seront encore levées automatiquement après dix ans et après quinze ans. Nous aurons donc un régime islamiste terroriste qui aura besoin simplement de quelques semaines pour se doter d’un arsenal d’ogives nucléaires. Cela n’a pas de sens. Si l’Iran veut être traité comme un pays normal, que l’Iran agisse comme un pays normal ! Cet accord va traiter l’Iran comme un pays normal, même s’il s’agit d’une théocratie qui conquiert ses voisins, qui utilise le terrorisme partout dans le monde et qui souhaite la mort d’Israël et la mort de l’Amérique. Est-ce que quelqu’un ici pense vraiment que, envoyer des fonds et des armes vers une telle théocratie va limiter son appétit pour la violence ? Est-ce que vous pensez vraiment que l’Iran, cette théocratie, va changer ses méthodes de travail ?
Voilà une règle que j’ai apprise au cours de ma vie, et je suis sur que c’est également votre cas : lorsque l’on récompense un mauvais comportement, cela ne fait qu’empirer.
Mesdames et Messieurs, j’ai souvent dit que le pire danger auquel notre monde était confronté c’était un islam militant accompagné d’armes nucléaires, et je suis vraiment très inquiet que l’accord nucléaire avec l’Iran va s’avérer être le certificat de mariage de cette terrible union. Je sais qu’il y à des personnes bien intentionnées, et qui pensent sincèrement que cet accord est le meilleur moyen de barrer la voie à un Iran nucléaire. Mais une des leçons les plus importantes, et que l’on retient le moins, de l’histoire, est la suivante : les meilleures intentions n’empêchent pas les pires résultats. La grande majorité des Israéliens pense que cet accord nucléaire avec l’Iran est un très mauvais accord. Et ce qui complique encore davantage les choses, c’est que l’on constate que le monde se félicite de ce mauvais accord ; le monde se précipite pour faire des affaires avec un régime qui, ouvertement, espère nous détruire.
La semaine dernière, le Commandant de l’armée Iranienne a proclamé, je le cite : « Nous allons annihiler Israël, c’est certain. Nous sommes heureux d’être les chefs de file lorsqu’il s’agit d’exécuter les ordres du Leader Suprême, à savoir : détruire Israël. » Fin de citation. Et le Leader Suprême lui-même, quelques jours après l’annonce de l’accord, a publié son dernier livre ; le voilà ; c’est quatre cent pages qui présentent de manière détaillée comment il a l’intention de détruire l’Etat d’Israël. Le mois dernier, Khamenei a, une fois de plus, précisé ses intentions génocidaires, devant un des principaux organes religieux de son pays. Il a parlé d’Israël, le foyer de six millions de juifs, et il a dit, je le cite: « Dans vingt cinq ans, Israël n’existera plus. » Fin de citation. Soixante dix ans après le meurtre de six millions de juifs, les dirigeants de l’Iran promettent de détruire mon pays, promettent d’assassiner ma population ; et la réaction de cet organe, la réaction de presque tous les gouvernements représentés ici, ça a été absolument rien ! Le silence complet ! Un silence assourdissant…
Peut-être pouvez-vous comprendre pourquoi Israël ne s’associe pas à cette liesse. Si l’Iran promettait de détruire votre pays, peut-être que vous seriez moins enthousiastes. Si certains, qui travaillent pour l’Iran, tiraient des centaines de roquettes sur votre pays, vous seriez peut-être moins enthousiastes. Si cet accord débouchait sur une course aux armements dans votre région, vous seriez peut-être plus réticents. Mais ne pensez pas que l’Iran est un danger uniquement pour Israël ; au-delà des agressions de l’Iran au Moyen Orient, l’Iran construit, produit des missiles balistiques intercontinentaux, dont le seul objectif est de transporter des ogives nucléaires. L’Iran dispose déjà de missiles qui peuvent atteindre Israël. Et donc, les missiles intercontinentaux qui sont en cours de production en Iran, ce n’est pas pour nous ! C’est pour vous ! C’est pour viser l’Europe, les Etats-Unis, pour permettre d’obtenir des destructions massives, n’importe quand, n’importe où !
Mesdames et Messieurs, il n’est pas facile de s’opposer à quelque chose qui est salué par les plus grandes puissances du monde. Croyez-moi, ce serait bien plus simple de rester silencieux. Mais au cours de notre histoire, le peuple juif a appris quel était le prix du silence, et en tant que Premier Ministre de l’Etat juif, quelqu’un qui connaît cette histoire, je refuse de rester muet. Permettez-moi de le répéter : le jour où le peuple juif restera passif face à ses ennemis génocidaires, eh bien ces jours appartiennent au passé. Ne pas être passif, cela signifie prendre la parole, dénoncer ces dangers. Nous l’avons fait, nous le faisons et nous le ferons. Cela signifie également nous défendre contre ces dangers ; nous nous sommes défendus, nous nous défendons encore, et nous nous défendrons à l’avenir. Israël ne permettra pas à l’Iran de rejoindre le club des pays dotés de l’arme nucléaire. Je sais que empêcher l’Iran de développer des armes nucléaires restera la politique officielle de la communauté internationale ; mais personne ne doit douter de la détermination d’Israël de se défendre contre ceux qui souhaitent nous détruire.
Dans chaque génération, il y a eu des personnes qui ont voulu nous détruire. Dans l’antiquité, c’était le cas de Babylone et de Rome ; au Moyen-âge, nous avons été les victimes de l’Inquisition, et dans les temps modernes nous avons été les victimes des pogroms et de l’holocauste. Mais le peuple juif persévère. Aujourd’hui un autre régime promet de détruire Israël. Ce régime ferait bien de réfléchir à la chose suivante : je suis ici aujourd’hui pour représenter Israël, un pays qui a soixante sept ans, mais qui représente un peuple de quatre mille ans. Les empires de Babylone et de Rome ne sont pas représentés au sein du concert des nations, ni le Troisième Reich. Ces empires que l’on pensait invincibles ont disparu depuis bien longtemps, mais Israël vit ! Le peuple d’Israël vit !
La renaissance d’Israël est le témoignage de l’esprit indomptable de mon peuple. Le peuple juif a toujours rêvé de retourner vers sa terre, même pendant les heures les plus sombres de notre histoire, et nous avons connu beaucoup de ces heures sombres, nous n’avons jamais perdu espoir, nous avons toujours voulu reconstruire notre capital Jérusalem ; la création d’Israël a été la concrétisation de ce rêve. Cela nous a permis de vivre en tant que peuple libre, dans notre foyer ancestral, cela nous a permis d’accueillir des juifs des quatre coins du monde, qui sont venus se réfugier contre les persécutions, d’Europe, du Yémen, d’Irak, du Maroc, d’Ethiopie, de l’Union Soviétique et de cent autres pays. Et aujourd’hui, face à la montée de l’antisémitisme, une fois de plus, en Europe et ailleurs, beaucoup de juifs viennent en Israël pour nous rejoindre et façonner l’avenir de notre pays, ensemble.
Voilà mon message aux dirigeants de l’Iran : votre plan, visant à détruire Israël, échouera ! Israël ne permettra à aucune force sur cette planète de menacer son avenir. Et voici mon message à tous les pays représentés ici : quelles que soient les résolutions que vous adoptiez dans ce bâtiment, quelles que soient les résolutions que vous prendrez dans vos capitales, Israël fera tout ce qui sera nécessaire pour se défendre et pour défendre sa population.
Mesdames et Messieurs les délégués, si cet accord avec l’Iran se poursuit, j’espère que vous le mettrez en œuvre, comment dire, avec un peu plus de rigueur que celle utilisée dans le cadre des six résolutions du Conseil de Sécurité qui ont constamment été violées par l’Iran et qui sont maintenant tout simplement ignorées. Assurez-vous que les inspecteurs puissent véritablement faire leur travail, assurez-vous que les sanctions qui doivent être prises immédiatement en cas de problème, le soient. Assurez-vous que toute violation de la part de l’Iran ne soit pas tout simplement balayée sous le tapis persan. Il y à une chose que je puis vous assurer : nous veillerons ! La communauté internationale a maintenant un devoir clair ; tout d’abord, il faudra s’assurer que l’Iran respectera toutes ses obligations nucléaires. Maintenez l’Iran sur des charbons ardents. Deuxièmement, penchez-vous sur les agressions régionales de l’Iran, en commençant par les agressions contre Israël. Troisièmement, utilisez des sanctions et tous les outils qui sont à votre disposition pour « détricoter » le réseau terroriste de l’Iran.
Mesdames et Messieurs, Israël travaille avec nos partenaires pour la paix, pour relever les défis sécuritaires que représentent l’Iran, Daech, et d’autres. Nous travaillons également avec d’autres Etats au Moyen Orient, ainsi qu’avec des pays en Afrique, en Asie et au-delà ; beaucoup de pays dans notre région savent que, tant l’Iran que Daech, sont nos ennemis communs. Et lorsque des ennemis luttent l’un contre l’autre, il ne faut pas en renforcer l’un face à l’autre. Des dangers communs, c’est indubitable, rapprochent Israël et ses partenaires arabes. J’espère que nous serons en mesure de mettre sur pieds des partenariats durables, favorables à la sécurité, à la prospérité et à la paix. Mais en Israël, nous n’oublions jamais une chose : nous n’oublions jamais que le partenaire le plus important d’Israël a toujours été, et sera toujours, les Etats-Unis d’Amérique. L’alliance entre Israël et les Etats-Unis est inébranlable. Le Président Obama et moi avons convenu d’empêcher les terroristes qui travaillent pour l’Iran de s’armer, d’empêcher l’Iran de déstabiliser des pays au Moyen Orient. Israël apprécie beaucoup la volonté du Président Obama de renforcer notre sécurité, d’aider Israël à préserver la qualité de ses forces armées, et de nous aider à relever les défis énormes auxquels nous sommes confrontés. Israël est heureux que ce sentiment soit largement partagé par la population américaine et par les représentants au Congrès, tant par ceux qui défendent l’accord avec l’Iran que par ceux qui s’y opposent.
Le Président Obama et moi avons dit tous les deux que nous avions des divergences, des désaccords concernant l’accord Iranien, mais nous sommes tout-à-fait d’accord sur la nécessité de travailler ensemble afin de garantir notre avenir. Un avenir qui pourrait être radieux ; Israël est tout-à-fait prêt à saisir les promesses du vingt-et-unième siècle ; Israël est un chef de file en matières de sciences, de technologies, en matière d’eau, d’agriculture, de médecine, de biotechnologies, et dans beaucoup d’autres secteurs qui ont été révolutionnés par l’innovation israélienne. Israël est un pays d’innovation. Les Israéliens ont un savoir-faire, il se trouve partout, dans vos smartphones, dans vos ordinateurs, lorsque vous utilisez un GPS, dans vos exploitations agricoles, lorsque vous allez à l’université, en chimie, en économie, chez votre médecin lorsqu’on utilise un médicament contre la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques ; et même dans vos assiettes, lorsque vous mangez par exemple des tomate-cerises… Nous sommes fiers de tout cela en Israël. Nous avons fait d’énormes progrès en très peu de temps. Nous sommes très fiers que notre petit pays apporte des contributions énormes à toute la planète. Mais les rêves de notre peuple, présentés par les prophètes de la Bible, ne seront réalisés que lorsque nous connaîtrons la paix. Les accords de paix avec l’Egypte, et la Jordanie, sont des pierres angulaires de notre stabilité. Israël s’engage à parvenir à la paix avec les Palestiniens également.
Israël connaît le prix de la guerre. Je connais le prix de la guerre. J’ai failli être tué sur le champ de bataille, j’ai perdu beaucoup d’amis ; Yoni, mon frère, est décédé. Ceux qui connaissent le prix de la guerre apprécient mieux quelle pourrait être la bénédiction de la paix pour nous, pour nos enfants, pour nos petits-enfants. Je suis prêt à reprendre immédiatement des négociations directes avec l’Autorité Palestinienne, sans conditions préalables, quelles qu’elles soient. Malheureusement, le Président Abbas a dit hier qu’il n’était pas prêt à faire cela. J’espère qu’il changera d’avis, car je reste engagé en faveur de la vision de deux Etats, deux peuples, avec un Etat Palestinien démilitarisé qui reconnaîtrait l’Etat juif. Le processus de paix a commencé il y à plus de deux décennies, et malgré les mailleurs efforts de six Premiers Ministres Israéliens, Rabin, Peres, Barak, Sharon, Olmert et moi-même, les Palestiniens ont constamment refusé de mettre fin à ce conflit et d’opter pour une paix durable avec Israël. On a encore entendu ce rejet hier de la bouche du Président Abbas. Comment peut-on faire la paix avec notre partenaire palestinien qui refuse de venir à la table des négociations ? L’Autorité Palestinienne devrait tenir ses engagements, les Palestiniens ne doivent pas s’écarter de la paix. Président Abbas, je sais que ce n’est pas facile, je sais que c’est dur ; mais nous le devons à nos populations, nous devons essayer, encore et encore. Car ensemble, si nous entamons des négociations sur les négociations, si nous nous asseyons et essayons de résoudre ce conflit, si nous nous reconnaissons les uns et les autres, si nous faisons cela je pense que nous serons en mesure de faire des choses remarquables pour nos populations.
Les Nations Unies peuvent œuvrer en faveur de la paix, en soutenant des négociations directes et sans conditions entre les parties. Les Nations Unies n’y parviendront pas en essayant d’imposer des solutions, ou en encourageant les rejets et les refus Palestiniens. Mesdames et Messieurs les Délégués, l’ONU devrait faire une autre chose ; l’ONU devrait enfin se débarrasser de cette tendance à toujours critiquer Israël. Un exemple de cette obsession absurde : pendant quatre années de violences horribles en Syrie, où plus d’un million de personnes ont perdu la vie. C’est plus de dix fois – plus de dix fois – le nombre d’Israéliens et de Palestiniens combinés qui ont perdu la vie au cours d’un siècle de conflits ! Eh bien, malgré cela, l’année dernière, cette assemblée a adopté vingt résolutions contre Israël, et une seule résolution concernant le carnage en Syrie. N’est-ce pas une injustice ? Est-ce que ce n’est pas disproportionné ? Vingt résolutions… Et une seule concernant la Syrie.
Très franchement, cela ne me surprend pas ; pour citer Yogi Berra, un grand joueur de base-ball et un philosophe amateur : « C’est du déjà vu. Toujours et encore». Cela suffit ; trente et un ans après ma première apparition à cette tribune, je vous demande encore quand l’ONU va laisser ce fanatisme anti-israélien à l’extérieur de ce bâtiment. Quand l’ONU va-t-il arrêter de présenter Israël comme une menace pour la paix, pour contribuer à la paix en Israël ? Et la même question devrait être adressée aux dirigeants Palestiniens : Quand commencerez-vous à travailler avec Israël pour faire progresser la paix, la réconciliation ? Et quand arrêterez-vous d’inciter à la violence et à la haine ? Président Abbas, arrêtez de répandre des mensonges concernant les intentions d’Israël concernant le Mont du Temple. Israël est tout-à-fait prêt à conserver le status quo ; ce que vous devriez dénoncer, ce sont les actions des islamistes militants qui font entrer des explosifs dans la mosquée d’Al Aqsa, et qui essaient d’empêcher des juifs de visiter des sites sacrés. Telles sont les véritables menaces.
Mille ans avant la naissance du christianisme, plus de quinze cent ans avant l’apparition de l’islam, le Roi David a créé notre capitale et le Roi Salomon a construit un temple sur ce mont. Mais Israël respectera toujours les lieux sacrés de tous, dans une région qui est frappée par la violence et pas énormément d’intolérance, où des fanatiques islamistes essaient de détruire le patrimoine de civilisations, Israël est un haut lieu de la tolérance ; c’est Israël qui garantit la sécurité de ces Lieux Saints. Car, contrairement aux pouvoirs qui ont géré Israël par le passé, nous respectons les Lieux Saints et la liberté religieuse de tous : juifs, musulmans, chrétiens, de tous ! Et cela, Mesdames et Messieurs, cela ne changera jamais ; parce que Israël sera toujours fidèle à ses valeurs. Ces valeurs sont affichées chaque jour, lorsque le parlement Israélien discute de chaque thématique en toute transparence, lorsque le Président de la Cour Suprême fait son travail, lorsque la communauté chrétienne est florissante en Israël alors qu’elle est décimée dans d’autres pays, lorsque les médecins et les infirmières de l’armée Israélienne soignent des milliers de blessés qui viennent de Syrie, ou lorsqu’il y à des catastrophes naturelles comme en Haïti ou au Népal. Tel est le vrai visage d’Israël. Tels sont les véritables valeurs d’Israël. Au Moyen Orient, ces valeurs sont attaquées, sauvagement par des islamistes militants qui forcent des millions de personnes à fuir.
A quelques kilomètres de Daesh, à quelques kilomètres de l’Iran, Israël est là, courageusement, pour défendre la liberté, le progrès. Israël est au front de cette bataille contre le barbarisme. Et donc, au lieu de continuer cette habitude de critiquer, de manière insensée, Israël, rejoignez Israël qui lutte contre le fanatisme. Rejoignez Israël alors que nous empêchons ce fanatisme d’atteindre vos pays. Mesdames et Messieurs, rejoignez Israël, soyez aux côtés d’Israël, parce qu’Israël ne se défend pas qu’elle-même ; plus que jamais, Israël vous défend.
Source : ONU 14/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
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État de Palestine – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU
Allocution de S.E. M. Mahmoud Abbas, Président de l’État de Palestine, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale
Au nom de Dieu, clément et miséricordieux,
Mesdames, Messieurs,
Je suis venu de Palestine me présenter ici devant vous, contraint de tirer la sonnette d’alarme au sujet des graves dangers qu’encourt Jérusalem où des groupes israéliens extrémistes commettent des incursions systématiques et répétées sur la mosquée d’Al Aqsa afin d’imposer une nouvelle réalité et de diviser. Ils permettent ainsi à des extrémistes protégés par les forces d’occupation israéliennes, par des ministres et par des membres de la CNESSET, d’entrer dans la mosquée tout en empêchant les fidèles musulmans d’y entrer également et d’y exercer librement leur droit religieux. Tels sont les desseins du gouvernement israélien, en violation directe du statu quo qui prévalait depuis 1967 et avant. Ce faisant, la puissance occupante commet une grave erreur, étant donné que nous n’allons pas accepter ceci, et le peuple palestinien ne permettra pas la mise en œuvre de ce plan illégal qui exacerbe la sensibilité des Palestiniens et des musulmans de par le monde. J’en appelle au gouvernement israélien avant qu’il ne soit trop tard pour qu’il cesse de recourir à la force brutale pour imposer ses plans visant à compromettre les lieux saints islamiques et chrétiens à Jérusalem, et en particulier pour qu’il cesse ses agissements dans la mosquée d’Al Aqsa. En effet, ces agissements feront d’un conflit politique un conflit religieux et créeront une situation explosive à Jérusalem et dans le reste du territoire palestinien occupé.
Excellence, Mesdames et Messieurs, c’est un honneur pour moi que de prendre la parole devant vous aujourd’hui au nom de l’Etat de Palestine, devant cette auguste assemblée dans le cadre de cette session qui marque le 70ème anniversaire de la création des Nations Unies, organisation qui a fait de la promotion et de la protection de la paix, de la sécurité internationale et du respect des droits de l’homme des objectifs primordiaux.
La question de la Palestine a été une des premières questions inscrites à l’ordre du jour des Nations Unies depuis sa création, hélas cette question n’est toujours pas résolue. Alors même que l’Organisation et ses états membres échouent à mettre un terme à l’injustice dont souffre notre peuple, alors même que l’Organisation et ses membres ne parviennent pas à aider notre peuple à exercer son droit à l’autodétermination et à jouir de sa liberté en tant qu’Etat souverain et indépendant.
Excellence, Mesdames et Messieurs, je vous enjoins de vous pencher sur l’histoire de la question de la Palestine et des résolutions pertinentes des Nations Unies pour comprendre une vérité évidente : une injustice historique a été infligée à notre peuple et à notre patrie, un peuple qui vivait de façon pacifique sur ses terres, qui apportait une contribution intellectuelle, culturelle et humanitaire véritable à l’humanité ; ce peuple ne mérite pas d’être privé de ses terres, de mourir dans l’exil, d’être engouffré par les mers ou de passer sa vie à fuir d’un camp de réfugiés à un autre. Hélas, la juste cause de ce peuple reste dans l’impasse après toutes ces années. Notre peuple a placé tous ses espoirs dans les pays membres de cette organisation pour l’aider à retrouver la liberté, l’indépendance et la souveraineté afin que le souhait et le droit d’avoir un Etat comme tous les autres peuples du monde soient une réalité, à la recherche également d’une solution juste pour la question des réfugiés palestiniens conformément à la Résolution 194 de l’Assemblée Générale et à l’initiative arabe pour la paix.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nous demandons l’équité, la justice et la paix. Lorsque la Palestine a été divisée en deux Etats avec la création d’Israël il y a soixante-sept ans, la deuxième partie de la Résolution n’a toujours pas été appliquée. La Palestine, qui est un Etat observateur aux Nations Unies, mérite d’être pleinement reconnue et d’être membre à part entière. Il est déraisonnable et douloureux, à la lumière des énormes sacrifices que nous avons consentis, et compte tenu de toutes ces années d’exil et de souffrance, compte tenu également du fait que nous avons accepté de faire la paix en vertu de la solution des deux Etats, fondée sur le droit international et des résolutions pertinentes des Nation Unies, d’initiatives de paix arabe et de la feuille de route du quatuor, il est déraisonnable et douloureux disais-je, que la question de la Palestine ne soit toujours pas résolue. C’est une injustice.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, la poursuite du statu quo est complètement inacceptable, étant donné que cela revient à accepter la logique de la force brutale infligée par le gouvernement israélien, alors qu’il continue l’expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem Est notamment, et qu’il poursuit le blocus de la bande de Gaza, accroissant ainsi les souffrances immenses de nos populations et ce, au mépris des Nations Unies et des accords conclus entre les deux parties sous l’égide de la communauté internationale. Nous rappelons ici les propos de feu le Premier Ministre Israélien Itzhak Rabin en 1976, lorsqu’il a déclaré qu’Israël deviendra un état d’apartheid s’il poursuit l’occupation du territoire palestinien. Itzhak Rabin a décrit les colonies de peuplement israéliennes sur les terres palestiniennes en disant qu’il s’agissait d’un cancer. Pourquoi de telles mesures sont-elles prises ? La persistance de ce problème nous amène à nous poser la question suivante : est-ce que les votes des pays démocratiques contre des résolutions portant sur la Palestine et les droits légitimes de notre peuple servent la paix et ceux qui croient à la solution des deux Etats ? Ou bien est-ce que cela ne fait qu’encourager des extrémistes ? Est-ce que cela ne ferait pas qu’encourager la haine et accroitre le racisme en leur faisant croire qu’ils sont au-dessus de la loi à tel point qu’ils peuvent bruler une famille palestinienne dans la ville de Duma en Cisjordanie, tuant un nourrisson ainsi que son père et sa mère ? Il ne reste de cette famille qu’Ahmed, un orphelin âgé de quatre ans, aujourd’hui à l’hôpital entre la vie et la mort, un enfant profondément brulé qui souffre de ses blessures alors que les meurtriers restent en liberté et n’ont pas encore été arrêtés. Où est la justice ? Où est la démocratie ? Où est l’Etat démocratique qui prétend prôner la démocratie et l’Etat de droit ? Ce n’est pas le premier crime de ce type. Auparavant déjà, ils avaient brulé vif et tué un enfant Palestinien, Mohammed Aboukter à Jérusalem, ainsi qu’un enfant Mohammed Abdour à Gaza, et avant eux, des milliers de personnes ont été tuées à Gaza et en Cisjordanie. Nous nous souvenons aussi du massacre de Daeriassim et de tous les autres crimes, crimes restés impunis. Jusqu’à quand ? Jusqu’à quand Israël sera-t-il au-dessus du droit international et ne sera pas tenu de rendre des comptes ?
L’heure tourne et je ne suis pas en mesure de discuter en détail de toutes les violations israéliennes commises contre notre peuple. Je ne pourrai pas vous présenter par le menu les nombreuses lois répressives adoptées par les gouvernements israéliens qui se sont succédé, dont notamment une loi officielle donnant l’instruction de tirer à balles réelles, d’arrêter, de réprimer les manifestants palestiniens qui descendent pacifiquement dans la rue, alors qu’Israël continue à imposer une occupation illégale.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nous ne répondons pas à la haine et à la brutalité de l’occupation israélienne en utilisant les mêmes moyens. Au lieu de cela, nous œuvrons pour la culture de la paix et de la coexistence de nos peuples dans notre région et nous avons à cœur de voir le jour où notre région connaitra la paix, la sécurité, la stabilité et la prospérité. Mais ceci ne sera pas possible si l’occupation se poursuit, si les colonies de peuplement perdurent, ce ne sera pas possible avec le mur, avec ces crimes, ces gens qui sont brulés vifs, avec des meurtres d’enfants, de jeunes, de nourrissons, avec des cultures détruites et brulées, avec des arrestations de personnes sans chef d’inculpation ni procès. Comment un Etat peut-il prétendre être un oasis de démocratie ? Comment peut-il prétendre que ses tribunaux et son appareil de sécurité fonctionnent selon une loi qui accepte l’existence de gangs et d’organisations terroristes qui terrorisent notre peuple et qui s’attaquent à des lieux saints, à nos biens au vu et au su de l’armée et de la police israélienne qui ne les dissuadent pas et ne les punissent pas mais qui, au lieu de cela, leur apporte plutôt une protection.
Monsieur le Président, l’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme à cette injustice, de mettre un terme à ces souffrances ? L’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme à ce mur d’annexion raciste ? L’heure n’est-elle pas venue de le détruire ? L’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme à ces barrières qui sont construites ? De démanteler ces points de contrôle humiliants mis en place par les forces d’occupation israélienne ? L’heure n’est-elle pas venue de faire cesser le blocus imposé à la bande de Gaza pour que notre peuple puisse enfin connaitre la liberté et la dignité sur ses terres ? L’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme aux colonies de peuplement raciste, terroriste et colonial sur nos terres, des mesures qui détruisent la solution des deux Etats. Nous vous posons cette question : l’heure n’est-elle pas venue de mettre un terme à l’occupation la plus longue de l’Histoire qui étouffe nos peuples ? Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nonobstant tous les obstacles imposés par l’occupation, depuis la création de l’Autorité Palestinienne, et à ce jour nous nous sommes attachés sans relâche à édifier et à jeter les fondations de l’Etat, à créer les infrastructures et les institutions nationales souveraines. Nous avons enregistré de véritables progrès sur le terrain comme l’ont affirmé plusieurs organes internationaux, en particulier les Nations Unies, la Banque Mondiale ou le Fonds Monétaire International, nous poursuivons nos efforts et notre travail avec le soutien de nos frères et de nos amis afin de renforcer notre Etat. Attachés que nous sommes aux normes internationales, à l’état de droit et à la transparence en tant qu’Etat moderne et démocratique. Dans ce contexte, nous apprécions grandement les efforts déployés par la HLC sous l’égide de la Norvège et nous exhortons les pays donateurs à continuer à apporter une vie meilleure à nos populations et à appuyer les efforts que nous déployons pour mettre en place les institutions de l’Etat. Notre accession au statut de membre d’organisations internationales et notre adhésion à des traités ou des conventions est une mesure qui n’est prise contre personne, il s’agit plutôt de sauvegarder nos droits, de protéger notre peuple, d’harmoniser nos lois et nos règlements, de les rendre conformes aux règles internationales et de renforcer notre statut, notre identité juridique internationale. Est-ce là une erreur ? En ce qui concerne la situation palestinienne à terme, nous sommes déterminés à préserver l’unité de notre terre et de notre peuple, nous n’accepterons pas de solution temporaire ou bien un Etat fragmenté, nous ne le permettrons pas. Nous ne laisserons pas ceux qui souhaitent le faire agir de la sorte, nous essaierons de constituer un gouvernement d’unité nationale qui mette en œuvre le programme de l’Organisation de Libération de la Palestine et nous nous efforcerons d’organiser des élections législatives et présidentielles. Monsieur le Président, la Palestine est un pays de sainteté et de paix, c’est le lieu de naissance du Christ, messager d’amour et de paix qui nous a été envoyé pour notre miséricorde. C’est la Palestine qui recherche la paix et le peuple palestinien veut vivre sur ses terres dans la sécurité, l’harmonie et la stabilité, et des relations de bon voisinage avec tous les peuples et pays du monde. Témoin la contribution spirituelle, humanitaire et culturelle que nous avons apporté à l’humanité dès le départ.
Récemment, le 17 mai 2015, deux religieuses de Palestine à savoir Alphonsine Gattaz et Mariam Baouardi ont été canonisées par sa Sainteté le pape François au Vatican en présence de dizaines de milliers de fidèles venus du monde entier. A cette occasion, le drapeau de la Palestine a été hissé au Vatican qui a reconnu l’Etat de Palestine comme en témoigne l’accord conclu entre le Saint Siège et l’Etat de Palestine. Nous espérons que ceux qui n’ont pas encore reconnu notre Etat le feront dès que possible. Nous souhaitons que l’Etat indépendant de Palestine occupe la place qui lui revient dans la communauté des Nations et nous sommes certains que cela contribuera activement aux progrès humanitaires, économiques et culturels de la civilisation, ce qui aura des effets positifs sur nos peuples, notre région et le monde. C’est depuis la Palestine et avec la Palestine que la paix pourra devenir une réalité. Je le répète, ceux qui recherchent la paix, ceux qui veulent lutter contre le terrorisme devraient d’abord et avant tout régler le problème de la Palestine, c’est là le début de cet effort. Et je saisis cette occasion pour remercier au nom de mon peuple tous ceux qui, le 10 septembre ont voté en faveur de la résolution qui nous a permis de hisser le drapeau de la Palestine au siège des Nations Unies.
Aujourd’hui, nous avons donc le drapeau hissé aux Nations Unies et un jour, que j’espère prochain, ce drapeau sera également hissé à Jérusalem Est, capitale de l’Etat de la Palestine. Je souhaite également rendre hommage aux décisions prises récemment par les parlements européens qui ont sans ambages condamné les activités de peuplement par Israël et qui ont affirmé le droit du peuple Palestinien à la souveraineté, à l’indépendance aux côtés de l’Etat d’Israël que nous reconnaissons alors qu’Israël ne nous reconnait pas et nous saluons les parlements qui ont également établi un comité sur les relations avec la Palestine. Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, un certain nombre de pays et parlements européens ont également affirmé la reconnaissance de l’Etat de la Palestine, réitérant ainsi notre droit naturel à l’indépendance. A cet égard, nous adressons nos remerciements au royaume de Suède qui a fait montre de courage et qui a reconnu l’Etat de Palestine.
En effet, quiconque prétend appuyer la solution des deux Etats doit reconnaitre les deux Etats, et non pas simplement un seul Etat. Si vous êtes favorables à la solution des deux Etats, pourquoi n’appuyer qu’un seul Etat ? Aujourd’hui, je lance un appel à tous les pays qui n’ont pas encore reconnu l’Etat de Palestine pour qu’ils reconnaissent l’Etat de Palestine et nous sommes confiants. Nous espérons qu’ils le feront, mus par leur foi en la justice. Depuis cette tribune aux Nations Unies, et en cette période de fête religieuse, je voudrais lancer un appel sincère au peuple d’Israël, un appel en faveur de la paix, une paix fondée sur la justice, la sécurité et la stabilité pour tous. Je lance également un appel au Conseil de Sécurité et à l’Assemblée Générale afin qu’ils assument leurs responsabilités avant qu’il ne soit trop tard. J’espère sincèrement que ces organes assumeront leurs responsabilités avant qu’il ne soit trop tard. Vous n’êtes pas sans savoir qu’Israël a compromis les efforts déployés par le gouvernement du Président Barack Obama ces dernières années, et plus récemment les efforts du secrétaire d’Etat John Kerry qui cherchait à conclure un accord de paix par le biais d’une négociation. Les politiques et pratiques du gouvernement israélien et la position de son premier ministre et des membres de son gouvernement nous amènent à tirer une conclusion sans équivoque, à savoir qu’ils déploient tous les efforts possibles pour réduire à néant la solution des deux Etats, solution que nous cherchons pourtant à mettre en œuvre sur la base des résolutions légitimes sur le plan international. Il n’y a pas d’autre explication. Nous nous félicitons des efforts déployés par les Européens et la communauté internationale, y compris l’initiative française qui demande la constitution d’un groupe d’appui international pour parvenir à la paix. Lors d’un sommet récent, les Etats arabes ont confirmé leur soutien à la résolution du Conseil de Sécurité qui réaffirme les paramètres clés pouvant mener à une solution pacifique conformément à la solution des deux Etats sur la base des frontières d’avant 1967, solution assortie d’un calendrier pour mettre un terme à l’occupation. Etant donné qu’il n’est plus utile de perdre du temps dans des négociations pour le simple plaisir de faire des négociations, soulignons que ce qui est nécessaire aujourd’hui, c’est la mobilisation des efforts internationaux pour qu’il soit mis un terme à l’occupation, conformément aux résolutions qui sont légitimes sur le plan international. D’ici là, je demande aux Nations Unies, et en particulier à son Secrétaire Général et au Président de l’Assemblée Générale, d’assurer la protection internationale du peuple Palestinien conformément au droit international humanitaire. Nous demandons votre protection, nous avons besoin de votre protection, nous avons besoin d’une protection internationale, nous ne pouvons pas rester dans cette situation, nous sommes attaqués de tous côtés, des agressions contre nous viennent de toutes parts, nous n’avons personne pour nous protéger, nous vous en faisons la dmeande, je vous en conjure, s’il vous plait, nous vous en implorons, nous avons besoin d’une protection internationale.
Mesdames, Messieurs, nous avons essayé de faire pression sur Israël pour qu’il mette en œuvre les accords signés et négocie conformément à la solution des deux Etats grâce à des pourparlers directs. C’est ce que nous faisons, nous avons des contacts directs avec le gouvernement israélien, également par le biais des Etats-Unis, de la Fédération de Russie, de l’Union Européenne, des Nations Unies, des membres du quatuor et d’autres parties. Néanmoins, le gouvernement israélien persiste à poursuivre ses efforts pour anéantir la solution des deux Etats et pour ancrer deux régimes sur le terrain : un régime d’apartheid, actuellement imposé sur le territoire de l’Etat de la Palestine à l’encontre du peuple palestinien d’un côté, et un autre régime caractérisé par de vastes privilèges et par la protection des colons israéliens d’un autre côté. Notre territoire occupé est marqué par deux systèmes : un système d’apartheid et un autre système qui accorde de vastes privilèges aux colons israéliens. Est-ce que cela est possible ? Est-ce que cela est acceptable ? Voilà la question que nous posons aux Nations Unies.
L’accord d’Oslo, ses annexes et les accords ultérieurs signés avec Israël stipulaient que ces accords devaient être mis en œuvre dans un délai de cinq ans, c’est-à-dire jusqu’en 1999, et qu’ils devraient se terminer avec la pleine indépendance de l’Etat de Palestine et la fin de l’occupation israélienne. Mais Israël a mis un terme au processus de retrait des zones B et C qui représentent plus de 60% du territoire de la Cisjordanie, y compris Jérusalem Est. Israël a plutôt accru ses activités de colonies de peuplement en tout lieu. Israël a enfreint tous les accords, je le répète, Israël a violé tous les accords dont ceux signés par l’actuel gouvernement israélien actuel. Depuis le discours du président Obama au Caire en 2009, dans lequel le président Obama demandait la cessation des activités de peuplement, quelle a été la réponse israélienne ? Eh bien le gouvernement israélien a accru les activités de peuplement d’au moins 20% en Cisjordanie et à Jérusalem Est, violant ainsi les obligations qu’il avait souscrites, et selon lesquelles Israël ne devait entreprendre aucune action unilatérale illégale qui porterait préjudice à la solution définitive. De surcroit, à maintes reprises, la puissance occupante a empiété sur la zone A qui était censée relever des compétences juridictionnelles de sécurité palestiniennes et où nous avions mis en place les institutions de l’Etat Palestinien. Dans le même temps, Israël refuse de revoir les accords économiques qui influent sur les capacités de l’économie palestinienne à se développer et à devenir indépendante. Israël est déterminé à imposer sa domination sur notre économie, domination qui ressemble à la domination militaire et sécuritaire et qui nie le droit du peuple Palestinien au développement et à l’exploitation de ses ressources naturelles. Ce faisant, Israël a sapé les fondations sur lesquelles reposaient les accords politiques et sécuritaires. Tous ces accords ont également été hypothéqués par les mesures prises par les gouvernements israéliens qui se sont succédé et qui ont réduit à néant la phase de transition qui devait conduire à l’indépendance de notre Etat, et ce, en commettant des violations flagrantes de nos droits, rendant la situation intenable. Par conséquent, dans ce cadre, nous déclarons ici même que, tant qu’Israël refuse de respecter les accords signés avec nous, ce qui fait que notre Autorité n’a pas de véritable pouvoir, et tant qu’Israël refuse de cesser les activités de peuplement, et de libérer le groupe de prisonniers palestiniens conformément à nos accords, Israël ne nous laisse aucune autre possibilité que d’insister sur le fait que nous ne serons plus les seuls à rester attachés à la mise en œuvre de ces accords alors même qu’Israël continue à les enfreindre. Par conséquent, nous déclarons officiellement que nous ne pouvons pas continuer à être liés par ces accords signés avec Israël, et nous insistons sur le fait qu’Israël doit assumer pleinement toutes ses responsabilités en tant que puissance occupante, étant donné que le statu quo ne saurait perdurer, et que les décisions du Conseil Central Palestinien de mars dernier sont précises et contraignantes. Israël compromet ces accords et par conséquent, nous ne nous considérons plus liés par eux ; Israël est pleinement responsable de cette situation. Voilà, la décision prise par le gouvernement palestinien et nous annonçons ici cette décision. Notre patience est arrivée à bout et visiblement, Israël n’écoute pas la vérité, et Israël devrait assumer ses responsabilités et ses devoirs en tant que puissance occupante. L’Etat de Palestine, sur la base des frontières du 4 juin 1967 avec Jérusalem Est pour capitale est un Etat sous occupation. Oui, nous sommes un Etat occupé de la même façon que nombre de pays l’ont été durant la deuxième guerre mondiale ! Rappelons que cent trente sept pays, je dis bien cent trente sept pays de par le monde reconnaissent notre Etat, c’est-à-dire quatre fois plus d’Etats que ceux qui ont reconnu Israël lors de sa création, donc je répète : cent trente sept Etats ! Il y a par ailleurs une reconnaissance universelle du droit à l’autodétermination de notre peuple. A cet égard, je voudrais également rappeler la résolution 67 de l’Assemblée Générale en date de 2012 qui a accordé à la Palestine un statut d’Etat observateur et qui a réaffirmé que le Comité Exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine constituerait le gouvernement intérimaire de l’Etat de Palestine, ainsi que le Conseil National Palestinien et le parlement palestinien de l’Etat de Palestine.
Je dois le répéter : la situation actuelle n’est pas tenable. Nous devons commencer à mettre en œuvre ces déclarations par des voies juridiques et pacifiques. Soit l’Autorité Nationale Palestinienne sera le vecteur utilisé par le peuple palestinien pour passer de l’occupation à l’indépendance, soit Israël la puissance occupante devra assumer pleinement ses responsabilités. Dans le même temps, et sur la base de notre attachement au principe du droit international, l’Etat de Palestine poursuivra ses efforts pour adhérer aux organisations et aux conventions internationales, je parle là de toutes les organisations internationales. C’est dans notre droit, nous avons le droit d’adhérer à toutes les organisations internationales, étant donné que ceci nous permet également d’être en harmonie avec notre stature de droit international. Nous agirons en utilisant les voies pacifiques et juridiques, y compris en tant que partie contractante aux conventions de Genève de 1949, et Etat partie au statut de Rome de la Cour Pénale Internationale ; nous sommes effectivement partie à la Cour Pénale Internationale et ceux qui craignent la Cour Internationale, ceux qui craignent les tribunaux internationaux doivent cesser de commettre ces crimes. Nous n’aimons pas aller à la Cour Pénale Internationale, mais l’agression nous force à le faire et nous demanderons le soutien de toutes les organisations internationales, y compris la Cour Pénale.
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, je continue toutefois à tendre la main dans l’espoir d’une paix juste qui garantira les droits de mon peuple ainsi que la liberté et la dignité humaine, et je dis à nos voisins, au peuple israélien que la paix est dans notre intérêt, dans votre intérêt, dans l’intérêt des générations futures. Les esprits étriqués sont destructeurs, nous devons nous tourner vers l’autre et j’espère sincèrement que vous prendrez en considération la réalité dangereuse qui règne sur le terrain, que vous tournerez votre regard vers l’avenir, et que vous accepterez pour le peuple palestinien ce que vous acceptez pour vous-mêmes, et c’est alors que vous verrez que la paix est possible. C’est alors que vous pourrez jouir de la sécurité, de la paix et de la stabilité. Ces valeurs sont les aspirations qui sont également celles du peuple palestinien.
Encore une fois, je vous remercie de votre attention.
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, que la paix et la bénédiction divine soit avec vous.
Source : ONU 14/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
Une réponse à [70e AG ONU] Israël + Palestine : “L’heure tourne et je ne suis pas en mesure de discuter en détail de toutes les violations israéliennes commises contre notre peuple.”....