16
Oct
2015
[70 AG ONU] Iran + Syrie + Turquie : “Pourquoi certains de vos gouvernements soutient-ils des pays qui ont l’habitude d’exporter leurs crises à l’extérieur de leurs frontières ?”
Iran – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU
Allocution de S.E. M. Hassan Rouhani, Président de la République islamique de l’Iran, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale
Au nom de Dieu le grand, le miséricordieux, loué soit Allah et que la paix et le salut soient sur le prophète Mohamed et ses compagnons.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
Je parle ici au nom d’un grand pays qui pleure le décès de milliers de pèlerins musulmans et de centaines de ses propres citoyens. Des personnes âgées, des jeunes, des hommes et des femmes qui s’étaient réunis pour le grand pèlerinage spirituel de La Mecque sont malheureusement tombés victimes de l’incompétence et de la mauvaise gestion de ceux qui ont fait défaut à leur devoir. Certaines personnes disparues ne peuvent être identifiées et il n’a pas été possible de rendre aux familles en deuil la dépouille des personnes décédées, ainsi des milliers d’innocents venus des quatre coins de la planète sont morts ou ont été blessés. C’est là un désastre si grand que l’on ne peut y répondre comme à une catastrophe naturelle ou comme à une question localisée.
La douleur et la détresse infligées à des millions de musulmans sont plus grandes que toute réparation possible sur le plan matériel. L’opinion publique exige que les responsables d’Arabie Saoudite s’acquittent promptement de leurs obligations internationales et accordent immédiatement l’accès consulaire pour l’identification et la restitution des dépouilles. De plus, il faut que les conditions soient mises en place en vue de mener une enquête approfondie et indépendante sur les causes de cette catastrophe et sur les moyens d’empêcher que pareille catastrophe ne se répète à l’avenir.
Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames et Messieurs les chefs d’État de gouvernement, Mesdames et Messieurs, Je parle ici au nom d’un pays qui, il y a deux ans, votait encore une fois pour une implication constructive dans les affaires du monde, et je puis vous annoncer fièrement qu’aujourd’hui un nouveau chapitre s’est ouvert dans les relations de l’Iran avec le reste du monde.
Il y a deux ans, le peuple iranien, dans le cadre d’élections libres, m’a confié un mandat, un mandat en faveur de la consolidation de la paix et d’une implication constructive dans les affaires du monde tout en défendant les droits, intérêts et la sécurité nationaux. Cette volonté manifestée par le peuple a pris la forme d’un effort délibéré et diplomatique qui a porté ses fruits avec le Plan d’action global commun conclu entre la République islamique d’Iran et six pays du monde, qui est devenu immédiatement un instrument international ratifié par le Conseil de sécurité des Nations unies. Du point de vue du droit international cet instrument est un précédent fort puisque pour la première fois deux parties, plutôt que de négocier la paix après la guerre, ont choisi de dialoguer et de se comprendre avant que le conflit n’éclate.
À ce stade, il me paraît nécessaire de saluer ici le rôle de tous les négociateurs et des dirigeants et chefs d’État et de gouvernement [États-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Allemagne, Chine et République islamique d'Iran]. Nous avons décidé de créer de nouvelles conditions tout en défendant nos principes et nous avons réussi à le faire. Lorsque cela a été nécessaire nous sommes allés de l’avant, et lorsque cela a été nécessaire nous avons montré aussi le courage de la souplesse. Et à chaque instant nous avons fait pleinement usage de la capacité du droit international pour poursuivre ce dialogue constructif. Le point essentiel expliquant le succès du dialogue réside dans le fait que tout acteur du système international qui défend des revendications maximalistes et ne laisse aucun espace à l’autre partie ne peut invoquer la paix, la stabilité, le développement. Comme dans les dossiers commerciaux ou dans l’activité économique, comme aussi dans la politique et l’organisation internationale, le multilatéralisme et les solutions qui permettent à tous de gagner quelque chose à la discussion devraient être la base de cet engagement réciproque.
Monsieur le Président,
L’ONU a été créée pour créer et défendre la paix et la sécurité mondiale après deux guerres mondiales. Malheureusement, il faut bien reconnaître que dans bien des cas, cette institution internationale importante n’a pas su se montrer efficace. Or, cette fois, l’ONU a fait le bon choix. Aujourd’hui nous protestons contre l’adoption de résolutions injustes contre la République islamique d’Iran, néanmoins, et l’imposition de sanctions contre l’Iran et son gouvernement à la suite de malentendus. Nous croyons néanmoins un vieux proverbe iranien qui dit qu’« au plus tôt on met un terme à des mesures pernicieuses, au plus tôt aussi on en engendre les bénéfices. » Et c’est quelque chose que l’on constate aujourd’hui. La résolution 2231 du Conseil de sécurité est, certes, entachée par certaines carences et lacunes, mais elle a été un jalon important pour la levée des sanctions imposées à l’Iran. Nous considérons comme injuste le comportement du Conseil de sécurité adopté par passé, et nous insistons sur le fait que l’Iran, grâce à une fatwa importante de son dirigeant et de sa doctrine en matière de défense, n’a jamais eu l’intention de produire l’arme nucléaire, et que, par conséquent, les résolutions imposant les sanctions à l’Iran étaient injustes et illégales.
Les sanctions décidées par le Conseil de sécurité et les sanctions unilatérales imposées par certains pays se fondaient sur des allégations sans fondement et illusoires, et ont créé des conditions difficiles pour notre population. Mais ces sanctions n’ont, en aucune manière, affecté la politique que nous avons adoptée et défendue pour ce qui est des négociations. Nous avons prouvé à l’occasion de ces négociations que l’Iran n’avait pas d’autre programme que la logique, la raison et l’éthique, et que lorsque cela était nécessaire il savait aussi défendre son droit à la légitime défense contre tout type d’agression.
En fin de compte, les États-Unis d’Amérique ont ainsi été contraints de renoncer à la pression et aux sanctions et ont décidé de s’asseoir à la table des négociations pour discuter avec nous. Nos sept pays et l’Union européenne ont consacré énormément de temps à ces négociations et devraient maintenant ne ménager aucun effort pour protéger l’accord et en assurer la mise en œuvre. Pour nous, le respect par toutes les parties des engagements pris est un facteur fondamental dans le succès de la mise en œuvre du résultat de ces négociations. En parallèle à la mise en œuvre du Plan d’action global commun, nous attendons aussi des états détenteurs de l’arme nucléaire qu’ils prennent les mesures nécessaires pour s’acquitter de leurs propres engagements en matière de désarmement nucléaire plein et entier, sur la base de l’article 6 du Traité de non-prolifération. De plus, nous attendons d’eux qu’ils jouent un rôle positif dans la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et qu’ils ne permettent pas au régime sioniste de rester le seul obstacle à la réalisation de cette initiative importante.
Monsieur le Président,
L’accord nucléaire qui est une excellente illustration d’une victoire sur la guerre, a permis de dissiper les nuages hostiles, voire le spectre d’une autre guerre, et d’apaiser les tensions au Moyen-Orient. Cet accord doit augurer d’une nouvelle ère et aboutir à des résultats positifs pour ce qui concerne la mise en place de paix durable et de la stabilité dans la région. De notre point de vue, l’accord que nous avons conclu n’est pas un objectif final mais c’est un élément qui peut et devrait annoncer d’autres progrès. Étant donné que cet accord a permis de jeter une base objective et de mettre en place un modèle adéquat, il peut maintenant servir de base aussi pour des changements fondamentaux dans la région.
Notre politique consiste à poursuivre les efforts de paix dans la région, toujours sur la base du principe qui veut que chaque partie sorte gagnante du processus, et d’agir de manière à faire en sorte que tous dans la région tirent partie de ces conditions nouvelles. C’est là une occasion à saisir de façon à pouvoir envisager l’avenir plutôt que de se braquer sur le passé, de façon aussi à refonder nos rapports avec les pays de la région, en particulier avec nos voisins, sur la base du respect mutuel et de nos intérêts communs et collectifs.
Malheureusement, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont devenus aujourd’hui l’une des régions les plus turbulentes. Avec la poursuite et l’intensification de l’État de choses actuel, ces troubles risquent de se propager dans d’autres parties du monde. Dans le monde interconnecté et sans frontière d’aujourd’hui, les pays et les régions ont beaucoup de difficultés à protéger leurs frontières et à empêcher la propagation de l’insécurité et de l’instabilité. La menace la plus grave et la plus importante au monde d’aujourd’hui est de voir des organisations terroristes devenir des états terroristes. Il est déplorable que des insurrections nationales dans la région soient mises à profit par des terroristes et que le destin des nations soit déterminé par les armes et la terreur plutôt que par la voie des urnes.
Nous proposons que la lutte contre le terrorisme soit intégrée à un document international contraignant et qu’aucun pays ne soit autorisé à utiliser le terrorisme aux fins d’intervention dans les affaires d’autres pays. Nous sommes disposés à aider à l’élimination du terrorisme, nous souhaitons ouvrir la voie à la démocratie et garantir que les armes ne dicteront pas la suite des événements dans la région. De même que nous avons aidé à rétablir la démocratie en Irak et en Afghanistan, nous sommes prêts à aider à rétablir la démocratie en Syrie et au Yémen. Nous appuyons la consolidation du pouvoir grâce au vote populaire plutôt que par le recours aux armes, et nous défendons le droit de la majorité tout en souhaitant le respect des droits des minorités.
Aujourd’hui, tout en protégeant son patrimoine historique et culturel, l’Iran se tourne vers l’avenir : non seulement un avenir lointain mais aussi l’avenir proche, lequel peut être marqué par la coopération et la coexistence. Et je dis à tous les pays et à tous les gouvernements que nous n’oublierons pas le passé, mais que nous ne souhaitons pas vivre dans le passé. Nous n’allons pas oublier la guerre et les sanctions mais nous nous tournons plutôt vers la paix et le développement. Dans le cadre du Plan d’action global commun, nous ne cherchions pas seulement un accord sur le dossier nucléaire, nous souhaitions aussi proposer une manière nouvelle et constructive de refonder l’ordre international. Un ordre qui soit fondé sur le respect mutuel, sur la non-ingérence dans le affaires intérieures des autres, ainsi que sur une coopération soutenue et sur la coexistence entre les membres de l’Organisation des Nations unies. Pour édifier un avenir pacifique, nous devons aussi tirer les enseignements d’un passé amer : nous savons que la seule manière de faire perdurer la paix est de garantir le développement. La paix sans le développement, en effet, n’est qu’une pause qui permet au ressentiment et à la suspicion de gonfler. Cependant la paix accompagnée du développement dissipent la colère et le ressentiment, et permettent d’y substituer espoir et respect.
Nous avons dit à maintes reprises que la seule manière d’éradiquer le terrorisme au Moyen-Orient était de viser les causes sociales, économiques et culturelles sous-jacentes qui l’expliquent. Les interactions économiques peuvent aussi amener avec elles une sécurité durable et transformer la région pour en faire un sanctuaire de paix et de développement. À la suite du Plan d’action global commun, l’Iran est maintenant prêt à montrer que la meilleure manière pratique d’assurer la sécurité et la stabilité est de garantir le développement. L’Iran, avec son potentiel économique et culturel est bien placé pour devenir un pôle d’investissement orienté vers les exportations. L’Iran souhaite aussi montrer que nous pouvons tous opter pour une paix durable fondée sur le développement et sur des intérêts communs qui amèneront une sécurité durable plutôt qu’une paix instable marquée par les menaces. Nous souhaitons dialoguer avec nos voisins dans un large éventail de domaines socio-économiques de façon à arriver à une entente politique et voir à renforcer la coopération structurelle en matière de sécurité. Dans le système international d’aujourd’hui, les liens économiques mutuels apparaissent comme étant les principaux facteurs de facilitation de la coopération politique et de réduction des problèmes liés à la sécurité.
Monsieur le Président,
En 2013, à cette même tribune, je lançais un appel à combattre la violence et l’extrémisme. À la suite de quoi, vous, représentants de la communauté internationale avez unanimement approuvé la résolution WAVE. Cette résolution suppose des solutions et l’application des résultats tirés de l’expérience dans le domaine de la diplomatie. Je suis heureux qu’en mobilisant cet appui aujourd’hui pour le Plan d’action global commun, nous pourrons concevoir un plan permettant de régler les problèmes d’un Moyen-Orient fragmenté et pris dans la tenaille de la brutalité et de la sauvagerie.
Pour combattre l’ignorance, la dictature, la pauvreté, la corruption, le terrorisme, la violence et leurs impacts social, politique, culturel, économique et sécuritaire, je voudrais inviter le monde entier, en particulier les pays de ma région, à former un Plan d’action global commun visant à créer un Front uni contre l’extrémisme et la violence. Ce Front devrait :
- créer un mouvement collectif et mondial pour affronter les problèmes régionaux avec sérieux grâce au dialogue ;
- prévenir les massacres d’innocents et le bombardement de civils et empêcher la promotion de la violence ;
- assurer la stabilité en coopération avec les gouvernements centraux en place afin de maintenir la stabilité ;
- et une fois la stabilité établie, renforcer la diplomatie et la gouvernance démocratique de la région du Moyen-Orient.
Mesdames et Messieurs,
L’Irak, la Syrie et le Yémen sont autant d’exemples de crises alimentées par la terreur, l’extrémisme, la violence, les effusions de sang, l’invasion et l’indifférence de la communauté internationale. Nous avons des exemples similaires de déplacements de gens perdant leur foyer ou fuyant les horreurs de la guerre et du bombardement. Ces problèmes ont persisté parce que la communauté internationale n’a pas agi et parce que de nouveaux venus dans la région ou des acteurs trans-régionaux naïfs n’ont pas pris les bonnes mesures. De ce fait, la vague de destruction est allée au-delà du monde arabe et est parvenue aux portes de l’Europe et des États-Unis avec la destruction du patrimoine de la civilisation et d’ouvrages précieux de civilisations anciennes, et plus largement par la mort de l’humanité. Il ne faut pas oublier que les causes des guerres d’aujourd’hui, de la destruction et de la terreur remontent à l’occupation, à l’invasion et aux interventions militaires d’hier. Si les États-Unis n’avaient pas envahi militairement l’Afghanistan et l’Irak, et si les États-Unis n’avaient pas appuyé aveuglément les actions inhumaines du régime sioniste à l’encontre du peuple opprimé de Palestine, les terroristes aujourd’hui n’auraient pas d’alibi justifiant leurs crimes. Monsieur le Président, certains cultivent les semences de la division et de l’extrémisme, il faut y mettre un terme et ces actes doivent être alignés sur la réalité de la région.
Monsieur le Président,
Malgré les nombreux problèmes que notre région connaît aujourd’hui, nous croyons en un avenir meilleur. Nous n’avons pas de doutes quant au fait que nous saurons surmonter les obstacles si nous faisons preuve de sagesse et de prudence ainsi que si nous avons recours à des capacités nouvelles et puissantes et si nous nous fondons sur les racines de notre civilisation et sur notre détermination. Nous avons foi en l’avenir radieux de l’humanité du fait de la révélation divine, un avenir dans lequel les gens vivront dans la paix, la tranquillité, la spiritualité. Nous croyons en la volonté des nations de reprendre le chemin de la bonté et de la pureté. Nous croyons que la victoire ultime sera gagnée par ceux qui feront preuve de piété.
Merci à tous de votre attention.
Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
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République arabe syrienne – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU
Allocution de S.E. M. Walid Al-Moualem, Vice-Premier Ministre de la République arabe syrienne, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale de l’ONU
Madame la Présidente, je voudrais vous féliciter à l’occasion de votre élection à la présidence de l’Assemblée Générale pour la session en cours, et je vous souhaite toute la réussite possible dans le cadre de vos fonctions. Je voudrais également remercier votre prédécesseur pour son travail à la présidence de la session de l’année dernière.
Mesdames et Messieurs, je vous salue dans ce bâtiment international qui, initialement, avait été créé, avec toutes ses agences, pour garantir la paix et la sécurité dans le monde . Je vous salue alors que je viens d’un pays où la sécurité a été perturbée, un pays qui ne connaît plus la paix, un pays qui vit une guerre féroce depuis plus de quatre ans. Je vous salue d’un pays baptisé dans le sang de sa population qui lutte contre le terrorisme, et qui défend ses compatriotes, en attendant que cette Organisation internationale remplisse ses promesses, et mette en œuvre les Résolutions relatives à la lutte contre le terrorisme ; des Résolutions adoptées par le Conseil de Sécurité, aux termes du chapitre sept, et qui sont encore lettre morte.
Ces Résolutions sont uniquement annoncées dans les communiqués de presse, ou dans les déclarations aux médias, alors que, sur le terrain, les pays qui financent, qui soutiennent le terrorisme, alimentent encore l’extrémisme dans les régions. Ces pays continuent d’armer, de former, d’envoyer des terroristes en Syrie, sans se soucier de la mise en œuvre de ces résolutions.
Mesdames et Messieurs, je vous demande, avec le peuple syrien, combien de temps nous allons attendre encore, pendant que les États Membres puissants intimident les autres États Membres qui veulent appliquer le droit international ; et quand va-t-on mettre fin à ces actes criminels contre la population syrienne ? Pourquoi tout ce silence ?
Vous constatez que des pays diffusent des idéologies extrémistes, y compris en Europe. Des cellules dormantes se réveillent ; les attentats, les assassinats frappent de nouveau l’Ouest. Les populations innocentes de vos pays ont commencé à payer le prix du soutien au terrorisme, apporté par certains de vos responsables politiques. Vous savez, mieux que quiconque, que le terrorisme est une idéologie qui ne connaît pas les frontières ; vous savez que, lorsque ce monstre est libéré, il ne se limite pas à certains pays. Le terrorisme de Daech, d’Al-Nosra ou d’autres organisation affiliées à Al Qaïda tuent des innocents, capturent des femmes, lancent des mortiers contre des civils. Ce terrorisme détruit également des civilisations, du patrimoine, y compris un patrimoine mondial qui appartient donc à l’ensemble de l’Humanité, tel que les temples de Baalshamin ou de Bêl, sans parler du meurtre de nos archéologues.
Pourquoi certains de vos gouvernements soutient-ils des pays qui ont l’habitude d’exporter leurs crises à l’extérieur de leurs frontières ? Pourquoi les soutenez-vous alors que vous savez qu’ils ne produisent que destruction ? Comment des pays développés, qui sont gouvernés par des parlements, sont-ils des alliés de pays qui n’ont pas de parlements, qui ne reconnaissent pas une partie active de la société -les femmes ? Comment vos pays peuvent-ils accepter les idées de Djihad sexuel ? Comment peuvent-ils accepter que l’on coupe des mains, que l’on brûle des personnes, que l’on détruise de manière systématique les monuments historiques ?
Mesdames et Messieurs, la Syrie continuera de lutter contre le terrorisme, dans ses discours et dans les faits, et l’armée syrienne est capable de débarrasser le pays de ces terroristes. Malgré tous les sacrifices, malgré le prix élevé que nous avons déjà payé, et que nous continuons de payer, avec le peuple syrien qui a déjà versé un lourd tribut en vies humaines, en terme de sécurité, et de qualité de vie, nous continuerons de lutter. Le devoir de la communauté internationale est de mettre fin à ce flux de terroristes qui vient en Syrie depuis une centaine de pays – d’après les informations des Nations Unies – afin de mettre sur pied un califat qui, comme vous le savez tous, ne se limitera pas à la Syrie ou à l’Irak. Les chefs de ce califat ont déclaré plusieurs fois que leurs objectifs est d’étendre ce califat de La Mecque au Nord de l’Europe, afin de restaurer la gloire du califat historique – selon leur interprétation. Si vous ne vous opposez pas aux États Membres qui soutiennent le terrorisme, alors la vague de violence qui a déferlé sur la Syrie, l’Irak et la Libye ne s’arrêtera pas.
Monsieur le Président, la Syrie a toujours demandé qu’il y ait un dialogue politique ; notre vision s’est avérée être correcte. La Syrie ne peut pas mettre en œuvre des politiques démocratiques, à savoir des élections, l’adoption d’une nouvelle constitution, alors que le terrorisme frappe des civils innocents dans notre pays. Comment pouvons-nous demander au peuple syrien de se rendre aux urnes, alors que les rues ne sont pas sures ? Ils ne sont même pas en sécurité chez eux, alors même que des missiles ou des tirs de mortier sont lancés contre des groupes terroristes qui sont soutenus par des pays que nous connaissons bien. Néanmoins, nous sommes toujours convaincus qu’un dialogue politique doit s’installer ; nous voulons sauvegarder la souveraineté nationale et l’unité du territoire syrien, nous voulons maintenir les institutions de l’État, nous voulons les développer, améliorer leur fonctionnement, et la seule manière de trouver une solution politique, c’est d’opter pour un dialogue national, géré par la Syrie, sans interférences étrangères. C’est sur cette base que la Syrie a convenu de participer à Genève II, et à Moscou I et II. J’annonce que la Syrie est d’accord pour participer aux quatre comités d’experts proposés par l’envoyé spécial, M. Staffan de Mistura. M. de Mistura a confirmé que le rôle de ces comités était principalement de procéder à un échange d’idées, et d’entamer des consultations préliminaires, afin de préparer Genève III.
Certains ont pensé que l’approbation, par la Syrie, de cette voie politique, quelles que soient sa forme, les initiatives ou les noms qu’on lui donne, était liée à la faiblesse de la population, de l’armée Syrienne sur le terrain. Je voudrais répéter ici que la Syrie est solide, et qu’elle continue à lutter contre le terrorisme, et que l’armée syrienne et le peuple syrien sont unis contre le terrorisme. Que personne ici ne pense qu’après tous ces sacrifices, qu’après toute cette volonté pendant quatre ans, certains pourraient obtenir de manière politique ce qu’ils n’ont pas pu obtenir sur le terrain ; ou qu’ils obtiendront à la table des négociations ce qu’ils ne sont pas parvenus à obtenir sur le terrain. La décision du peuple syrien n’appartient qu’à lui, et personne ne peut lui nier ce droit. Je répète : la décision du peuple syrien appartient au peuple syrien, et personne ne peut priver le peuple syrien de ce droit. L’armée arabe syrienne a étonné le monde, par sa puissance et sa persistance. Monsieur le Président, l’invitation importante de Son Excellence le Président Vladimir Poutine, à mettre sur pieds une coalition internationale régionale pour lutter contre le terrorisme, a bénéficié de l’attention du gouvernement syrien et de ses alliés. Le terrorisme ne peut pas être vaincu uniquement de manière aérienne, et les frappes aériennes sont inutiles à moins qu’elles ne soient faites en coopération avec l’armée syrienne, la seule force en Syrie qui lutte contre le terrorisme. L’annonce de l’entame des frappes aériennes russes en Syrie, à la requête du gouvernement syrien, et en coordination avec le gouvernement, est un exemple de participation efficace aux efforts syriens de lutte contre le terrorisme.
Ce qu’on a appelé « le printemps arabe » n’a été un printemps que pour Israël et ses alliés, connus ou pas. Israël continue d’attaquer la Syrie, alors que le monde regarde Israël qui arme des terroristes, les soigne dans ses hôpitaux, les aide avec ses services d’espionnage. Lorsque ces terroristes sont affaiblis, Israël intervient directement par des frappes aériennes ou des tirs de mortier, tout comme la Turquie d’ailleurs, que ce soit à Alep ou à Idlib. C’est ce que l’Arabie Saoudite et le Qatar font également : ils font tout pour verser du sang syrien ; leur soutien aux terroristes, et à l’escalade des attaques contre des citoyens dans la plupart des régions et des villes en Syrie, ont débouché sur une augmentation des besoins de nos citoyens pour des produits et des services de base. Les sanctions inhumaines imposées par l’Union Européenne et les Etats-Unis ont exacerbé les mauvaises conditions de vie des civils syriens. Simultanément, mon gouvernement coopère avec les Nations Unies et avec ses agences humanitaires dans le cadre de plans de réponse convenus avec le gouvernement syrien, pour répondre aux besoins de base des citoyens, particulièrement des citoyens qui ont été contraints, par des actes terroristes, de fuir leurs foyers. Bon nombre de citoyens ont été contraints de fuir vers des pays voisins ; certains de ces pays les ont accueillis dans des camps pour les former au maniement des armes, ou dans des installations qui ressemblent à des installations de détention ou d’isolement. Je voudrais souligner que l’Etat syrien garantit le retour en toute sécurité et une vie décente pour les citoyens qui souhaitent revenir en Syrie. Simultanément, la Syrie continue de consentir tous les efforts possibles pour livrer l’aide des organisations internationales à l’ensemble des citoyens syriens, sans discrimination, où qu’ils se trouvent.
Monsieur le Président, la République arabe syrienne confirme sa volonté de récupérer pleinement le Golan syrien occupé, tel qu’il était en 1967. Il souligne également de rejet de toutes les actions prises par Israël, la puissance occupante, pour changer ses caractéristiques démographiques, géographiques et naturelles, en violation claire des Résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité, en particulier les Résolutions 497 de 1981 et 465 de 1980. La Syrie confirme également que la question palestinienne est essentielle aux yeux du peuple syrien. Nous soutenons les droits légitimes et inaliénables de nos frères palestiniens, particulièrement le droit de retour, le droit à l’autodétermination et le droit à créer un état indépendant, avec pour capitale Jérusalem.
Monsieur le Président, à la fin 2013, la Syrie a accepté une initiative du Président de la Fédération de Russie, Son Excellence Vladimir Poutine, et a rejoint la Convention pour l’interdiction des armes chimiques ; car nous pensons qu’il est nécessaire de créer au Moyen Orient, une zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive. Nous avons prouvé au monde entier notre engagement contre toute utilisation d’armes chimiques ; la Syrie a rempli les obligations découlant de son adhésion à la Convention, et ce malgré la situation difficile que nous connaissions. S’il n’y avait pas eu de coopération de la Syrie avec la mission conjointe de l’ONU et de l’OIAC, il n’aurait pas été possible de mener à bien les tâches de cette mission.
La République arabe syrienne voudrait féliciter la République islamique d’Iran pour sa victoire dans le cadre de l’accord historique qui répond aux aspirations de la population de l’Iran, et qui reconnaît de droit de l’Iran à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques ; cela permettra également de lever les sanctions imposées à l’Iran, cela permettra également de lever le gel de ses avoirs ; cela permettra à l’Iran de revenir dans le concert des Nations. Cet accord prouve qu’une approche sérieuse, diligente, est en mesure de surmonter tous les obstacles et permet de trouver des solutions justes pour des problèmes complexes. La Syrie souligne que la création d’une zone sans armes de destruction massive dans le Moyen Orient ne sera pas possible sans la participation d’Israël , la seule puissance nucléaire dans la région. Israël doit rejoindre tous les traités interdisant ces armes, et doit placer ses installations nucléaires sous le contrôle de l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique. Nous soulignons simultanément le droit pour tous les pays d’utiliser la technologie nucléaire à des fins pacifiques.
Monsieur le Président, la Syrie souligne que l’imposition de mesures économiques coercitives, unilatérales et non éthiques par les États-Unis et l’Union Européenne sont en contradiction avec les règles du droit international et les principes du libre-échange. C’est pourquoi nous félicitons Cuba qui est parvenu à un accord avec les États-Unis pour lever le blocus. Nous réitérons notre appel à lever toutes les mesures coercitives unilatérales imposées à la Syrie, ainsi qu’au Venezuela, à la Biélorussie et à la République populaire démocratique de Corée.
Monsieur le Président, je voudrais dire ici à tous ceux qui prétendent vouloir œuvrer en faveur de la sécurité du peuple syrien, la chose suivante : si vous voulez vaincre le terrorisme, si vous voulez permettre des réformes politiques et économiques, vous devez mettre en œuvre, de manière sincère les Résolutions du Conseil de Sécurité relatives à la lutte contre le terrorisme. Ce n’est qu’alors qu’on pourra mettre fin à la guerre en Syrie, et que nous pourrons procéder à un dialogue politique. Je vous remercie.
Source : ONU 10/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
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Turquie – Débat 2015 de l’Assemblée générale de l’ONU
Allocution de S.E. M. Ahmet Davutoğlu, Premier Ministre de la République de Turquie, lors du Débat général de la 70e session de l’Assemblée générale
Mr le président excellence, mesdames et messieurs, je vous salue chaleureusement, et j’espère que la 70ème session de l’assemblée générale sera couronnée de succès. Je souhaiterais féliciter Mr Mogens Lykketoft à l’occasion de son élection de la présidence de l’assemblée et je souhaiterais remercier Mr Sam Kutesa pour les efforts consentis en tant que président de la 69ème assemblée générale.
Mesdames et messieurs il ya 70 ans notre organisation a été créée, pour reprendre les paroles de l’ancien secrétaire général Hammarskjöld, non pas pour mener l’humanité vers le paradis mais pour la sauver de l’enfer. Lorsque nous regardons en arrière, nous voyons que les nations unies ont été très utiles pour éviter une guerre mondiale supplémentaire mais malheureusement elle n’est pas parvenue à sauver de nombreuses populations des souffrances de l’enfer, dans de nombreuses régions de conflit en Bosnie, au Rwanda, et en Syrie depuis plusieurs années. L’histoire tragique du petit Ilan de 3 ans devrait nous rappeler de ce pourquoi les nations unies ont été crées. C’était au début de ce mois, le corps sans vie du petit Ilan est échoué sur la cote turque alors que son bateau avait coulé dans la mer Egée. Sa famille a tenté d’échapper aux barils d’explosifs dans une ville en Syrie pour arriver dans un pays d’espoir quelque part en Europe. L’officier de gendarmerie turque qui a trouvé le corps d’Ilan a dit qu’il se sentait plutôt comme le père de cet enfant. Il tenait impuissant cet être cher dans ses bras et en effet Ilan c’est notre enfant, c’est notre enfant à tous c’est celui de l’humanité. Au moment où nous l’avons trouvé échoué sans vie sur la rive, nous étions tous perdus, dans la misère de notre propre conscience mesdames et messieurs en tant qu’être humains, nous ne sommes pas simplement des pages blanches d’un livre d’histoire. Ce sont nos actes qui produisent le meilleur et le pire. C’est une anthologie certes simple mais tout a fait puissante et cela devrait nous permettre de tirer le meilleur de nous mêmes. Nous devons unifier nos efforts sans tarder pour lutter efficacement contre les tragédies complexes auxquelles l’humanité fait face. De son coté, la Turquie a assumé plus que sa part du fardeau : elle a assuré la protection à plus de deux millions de syriens et à 200000 irakiens. De plus la Turquie abrite maintenant le plus grand nombre de refugiés du monde et notre porte reste ouverte et nos cœurs restent ouverts : nous accueillons ceux qui fuient la paix et les persécutions.
Jusqu’à présent nous avons investi pratiquement 8 milliards de dollars. Alors que les contributions internationales se sont limitées à 417 millions de dollars. Au moment où je vous parle, il ya eu 66000 bébés syriens qui sont nés en Turquie il y de nombreuses consultations médicales assurées 9 millions et 280000 opération chirurgicales pour cette population 230000 enfants syriens en âge d’aller à l’école ont reçu une éducation, 460000 seront intégrés dans le système éducatif avant la fin de l’année. Le nombre de migrants illégaux potentiels qui se sont noyés dans la Mer Méditerranée a atteint un chiffre effrayant 6000 entre temps 55000 migrants par mer ont été sauvé par les gardes côtiers turcs et 235000 personnes illégales ont été interceptées par l’agence de maintien et de l’ordre depuis 2011. Le nombre de syriens qui fuient les armes chimiques, les missiles les bombardements & aériens aveugles par le régime Asad, et les attaques terrestres par l’organisation terroriste Daesh dépassent 4 millions, plus de 12 millions sont déplacées, la moitié sont des enfants, ils ont un besoin urgent d’aide. Cette tragédie ne prendra pas fin tant que le peuple de la Syrie n’aura pas un gouvernement légitime qui vraiment représente sa volonté et jouit de son appui. Entretemps la communauté internationale vas agir avec sévérité pour leur fournir une sécurité chez eux, une zone sure, sans bombardements aériens perpétrés par le régime, sans attaque terrestre menée de Daesh et d’autres organisation terroriste. Toute personne qui cherche une solution à la crise doit penser à la population penser à cette personne qui tue sa propre population avec des armes chimiques et des bombardements aériens. Chaque minute qu’il reste au pouvoir amène la honte sur nous tous. Nous savons tous que la solution diplomatique devrait être basée sur une transition qui nous mènera à un changement politique, la Turquie continuera d’opérer à cette fin.
Mesdames et messieurs, vous n’entendez peut être plus les voix des 300000 personnes qui sont mortes mais la semaine dernière j’ai rencontré des représentants de milliers de personnes qui ont marché jusqu’à Edirne en Turquie sur cette voie vers un pays imaginaire d’espoir en Europe. J’ai promis de faire entendre leurs voix devant la communauté internationale, j’ai rempli ma promesse et pourtant nos responsabilités demeurent. Monsieur le président Mesdames et messieurs, en effet, c’est ce sens des responsabilités qui nous ont poussé à proposer l’inclusion de ce point, sensibilisation à l’échelle mondiale concernant les tragédies des migrants irréguliers en Méditerranée en mettant l’accent sur les demandeurs d’asile syriens. Et nous avons demandé que ceci soit mis à l’ordre du jour lors de la 70èmesession. Notre proposition a été acceptée par l’assemblée générale le 18 septembre. Ceci nous donne la possibilité d’examiner des réponses viables à cette tragédie des migrants grâce à un partenariat entre les pays d’origine, de destination et de transit. C’est une priorité pour toute l’humanité maintenant.
Mesdames et messieurs, le peuple syrien dans nos frontières n’est pas le seul à souffrir : la tragédie palestinienne continue encore et toujours. Dans mon intervention le 29/11/2012 devant cette auguste instance, j’ai lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle soit solidaire cote à cote avec les palestiniens dans cette demande qui dure depuis 60 ans, cette demande d’avoir un état indépendant à eux. Aujourd’hui nous allons enfin pouvoir saluer le drapeau palestinien qui battra pleinement devant les nations unies. Ceci représente un pas en avant très important pour permettre aux parties d’être sur un pied d’égalité pour un processus de négociation sain qui mènera à une paix équitable et pérenne.
Mesdames et messieurs, l’état de Palestine sera indépendant aujourd’hui ou demain et Jérusalem Est également sera sa capitale éternelle comme le président Mahmoud Abbas vient de le dire, le drapeau palestinien sera aussi à Jérusalem Est et nous serons là pour célébrer cet évènement. Et tous les musulmans, chrétiens toutes les nations iront là librement sans aucune entrave. La vile d’Al Quds a un sens pour toute l’humanité : c’est une ville sainte pour l’islam, pour le judaïsme et pour le christianisme et doit être traitée comme elle le mérite. L’élargissement des colonisations illégales et les violations qui ciblent les sites sains et notamment Haram al Sharif doivent cesser immédiatement et sans aucune condition si nous voulons parler véritablement d’un processus de paix. Le caractère sacré de Haram al Sharif doit être respecté et nous rejetons dans les termes les plus forts toute tentative visant à diviser l’espace et en temps Haram al Sharif, c’est une claire violation du droit international.
Vous venez d’entendre l’intervention du président Abbas, pour nous aussi la Palestine est un tout, indivisible, et qui comprend Jérusalem Est, la Cisjordanie, et Gaza.
Le droit des palestiniens de vivre ensemble en tant que un seul peuple doit être reconnu. Une partie intégrale de l’état de Palestine devrait être libéré du blocus illégal et inhumain qui l’accable depuis 8 ans. L’engagement de la Turquie visant un appui économique et politique très nécessaire aux palestiniens pour mener une vie digne continuera.
Mesdames et messieurs, le vide actuel créé à nos frontières sud et qui résulte de la crise en Syrie a joué le jeu des terroristes et a également ciblé la Turquie. C’est une menace qui a un potentiel de s’étendre à toute la région et au delà. Le terrorisme ne peut être justifié aucunement, il doit être condamné sans aucune condition. Toute tentative de lier le terrorisme avec une religion quelle qu’elle soit ou avec un groupe ethnique est une erreur très grave. Et cela ne sert qu’à renforcer la menace terroriste. Aujourd’hui comme dans le passé, la Turquie combat le terrorisme de tous genres, notamment Daesh et le PKK. Nos efforts de lutte contre le terrorisme et notre contribution à la coopération internationale à cette fin sont bien connus par nos partenaires. Daesh est un produit du vide créé par la crise en Syrie. Il faut maintenant lutter contre les conditions qu’ils l’ont créé. Nous n’arriverons pas tant qu’Assad est là avec Daesh. Nous demandons une fois de plus qu’il faut une Syrie sans Daesh et sans Assad. Nous attendons de nos alliés, partenaires et de nos amis à continuer de fournir leur appui, et leur solidarité à la Turquie dans sa lutte contre tout type de terrorisme publiquement et autrement. Les combattants terroristes étrangers sont une source de grande préoccupation. D’après les chiffres des nations unies 25000 combattants terroristes étrangers viennent de 100 pays différents.
Cette menace doit être prise à bras le corps, renforcer la coopération internationale notamment en terme d’échange d’informations est tout à fait essentielle. Mais malheureusement, il reste des lacunes en la matière. De notre côté, nous avons inclus plus de 20000 personnes sur notre liste des persona non grata depuis 2011 et nous avons expulsé plus de 2000 personnes qui revenaient de régions de conflits au delà de nos frontières. Mesdames et messieurs, de la Lybie au Yémen, en passant par l’Ukraine, la situation sécuritaire mondiale est extrêmement vulnérable du sud au nord et de l’est à l’ouest. Devant tant de vulnérabilité, particulièrement dans notre région, la Turquie prend ses responsabilités, de la meilleure façon qu’elle peut avec ses moyens et ses capacités. La Turquie est devenue un acteur majeur et un partenaire fiable en fournissant 3.5 milliards de dollars en aide publique au développement. Nous voyons un lien très clair entre le développement économique durable et la stabilité mondiale. Une façon d’assurer cet équilibre est d’avoir une croissance économique inclusive, pour que personne ne soit laissé pour compte, notamment les femmes qui sont les plus vulnérables. Aujourd’hui, la moitié de la population du monde vit avec un revenu moins de 2.5 dollars / jour et 20000 enfants meurent chaque jour de la faim et de la pauvreté. La Turquie en tant que présidente du groupe des 20 depuis décembre 2014 a mis en exergue l’importance de la coopération internationale de la coordination et de la solidarité si nous voulons lutter contre les risques mondiaux et les incertitudes. Nous avons considéré le caractère inclusif et la lutte contre les inégalités come une priorité du G20.
Mesdames et messieurs notre génération a été témoin d’un grand nombre de réfugiés et de personnes déplacés, le nombre le plus élevé depuis la seconde guerre mondiale. La grande majorité des crises humanitaire d’aujourd’hui son liés à des conflits, le système humanitaire mondiale ne dispose de presque plus de fonds alors que les personnes touchées n’ont presque plus de temps. La Turquie accueille le plus grand nombre de réfugiés du monde mais elle est également présidente du Forum Mondial sur la migration et le développement et le thème qui reviens c’est : renforcer les partenariats, la mobilité humaine pour le développement durable. Nos principales priorités comprennent notamment le fait de promouvoir des liens positifs entre la migration et le développement. Il est grand temps que nous examinions la question humanitaire de façon transversale en mettant l’accent entre le lien qui existe entre l’aspect humanitaire et le développement c’est pourquoi nous attendons avec intérêt de pouvoir accueillir la première conférence, le premier sommet international humanitaire à Istanbul les 23 et 24 mai 2016. Mesdames et messieurs les divisions culturelles si nous permettons qu’elles prospèrent nous voleront notre avenir, les conflits actuels dans le monde montrent la propagation de la haine, de la discrimination, de l’extrémisme.
Ces crises ont pour conséquence une ségrégation des peuples qui ont une origine ethnique ou religieuse spécifique ceci empêche la tolérance, la coexistence et l’harmonie entre les civilisations, nous devons éviter l’aliénation, l’exclusion. Nous devons éviter de stigmatiser certaines communautés ou certaines religions si nous voulons abattre les murs qui nous divisent. Nous devons agir de concert contre toutes les formes de racisme, de xénophobie notamment l’islamophobie sans exception. Et ce n’est qu’ainsi que nous pourrons lutter ensemble contre l’extrémisme, la radicalisation, le terrorisme d’une manière efficace. Nous devons encourager le caractère inclusif, la légitimité démocratique qui doivent respecter la volonté populaire et leur accord. Nous ne pouvons pardonner le fait d’établir une priorité pour la sécurité oppressive contre les libertés universelles auxquels nous avons souscrit collectivement aux nations unies. Nos différences existent mais nos capacités collectives pour surmonter les divisions doivent être renforcées. L’alliance des civilisations qui est un projet qui a été lancé il ya 10 ans par la Turquie et l’Espagne visent à fournir des solutions pérennes à cet égard. Il y a de nombreuses façons de répondre à une peur qui n’est pas fondée à la méfiance et à la haine entre les sociétés et les nations, le conflit en est une mais il y un moyen pacifique de prévenir et de résoudre les conflits c’est la médiation. L’initiative « médiation pour paix » qui a été lancée par la Turquie avec la Finlande aux nations unies il ya 5 ans a provoqué un grand intérêt et a produit des résultats tangibles pour sensibiliser concernant l’importance de la résolution pacifique des conflits.
Mesdames et messieurs nous souhaiterions voir une solution politique à la crise en Ukraine en se basant sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine et sur les principes des accords de Minsk. Toute solution à ce conflit doit également garantir les droits et la sécurité des Tatars de Crimée. En terme de paix, de sécurité et de prospérité dans notre région, le Caucase du Sud occupe une place importante, cette région malheureusement continue d’être déstabilisée, d’être affaiblie, par trois conflits majeurs dans la zone au large de l’OFCE et toutes ces crises restent sans solution. Nous sommes résolus à continuer nos efforts pour faciliter une résolution pacifique des ces conflits sur la base du respect pour la souveraineté pour l’intégrité territoriale et pour l’inviolabilité des frontières reconnues internationalement de la république d’Azerbaïdjan, la même chose s’applique à la Géorgie où nous appuyons l’unité, l’intégrité territoriale et la souveraineté. Nous nous félicitons des mesures prises récemment visant à normaliser et assurer une paix et une stabilité pérenne dans les Balkans. Nous nous félicitons des progrès réalisés jusqu’à maintenant dans le processus de dialogue entre Belgrade et Pristina. La Turquie fait partie de l’Europe historiquement et culturellement et, en nous basant sur des valeurs universelles partagées nous continuons de travailler pour atteindre notre objectif de devenir un membre de l’Union Européenne. Nous pensons que l’Europe a besoin plus que jamais de la Turquie pour renforcer sa sécurité et sa prospérité. Elargir nos relations avec l’Afrique d’un autre côté est également un pilier essentiel de la politique étrangère multidimensionnelle de la Turquie qui met l’accent sur la diplomatie humanitaire. Nous continuerons de partager nos connaissances, notre expérience avec nos partenaires africains, nos sœurs nos frères, sur la base du bénéfice mutuel. Et conformément aux solutions africaines aux défis africains. En Asie, la Turquie a fait partie intégrante des efforts internationaux déployés afin d’arriver à une paix durable et à la stabilité en Afghanistan. Nous sommes convaincus que la communauté internationale doit continuer à prêter son concours à l’Afghanistan.
Alors que j’arrive à la fin de mon intervention, je souhaiterais attirer votre attention sur notre engagement sans faille pour une solution juste et globale à Chypre. Ceci doit être basée sur une égalité politique des 2 peuples et sur leur appropriation égale de l’ile. Nous espérons un règlement durable qui sera atteint nous l’espérons bientôt et nous appuyons les efforts constructifs et efficaces consentis par le coté chypriote et turc à cette fin. Mesdames et messieurs alors que notre population mondiale approche les 10 milliards, la communauté internationale est au seuil d’une période critique malgré les grands résultats remarquables atteints, nous avons toujours besoin d’un monde libre, pacifique, stable et prospère et juste. La voie pour la paix, la sécurité et les droits de l’homme sera pavée de bonnes intentions. Mais nos bonnes intentions ne sont probablement pas suffisantes pour relever les redoutables défis qui se présentent à nous. Nous devons opérer un changement de paradigme et il faut que les nations unies puissent rester efficaces pour relever ces défis. Certains de ces défis ont déjà provoqué des tragédies.
Depuis 70 ans, le monde et les nations unies ont changé et ont évolué. Cependant, les changement pour les nations unies sont pas encore généraux pour qu’elles soient prêtes et adaptées à a la réalité. Malgré les mesures prises jusqu’à maintenant pour s’adapter à la réalité d’aujourd’hui, les réformes ne sont pas complètes et resteront incomplètes si nous ne sommes pas en mesure de réformer le conseil de sécurité. Il y a 70 ans, les pères fondateurs de cette organisation ont été chargés de la mission de protéger la dignité, la sécurité et la prospérité de toute l’humanité. Cette tâche aujourd’hui nécessite la capacité de prendre des mesures décisives et robustes contre les atrocités perpétrées par des agresseurs et par les oppresseurs partout. L’incapacité de ce faire mettrait à mal la vie de millions de personnes touchées par la crise actuelle. Cela va également menacer les générations futures en remettant en question la crédibilité la question des nations unies.
La responsabilité d’arriver à un consensus le plus large possible concernant une réforme globale pour faire en sorte que le conseil de sécurité soit plus démocratique, plus représentatif, plus transparent, plus inclusif, plus efficace, et plus responsable, nous incombe à tous. Nous le devons non seulement aux générations futures mais également aux fondateurs visionnaires de notre organisation. Pour ajouter à ce qu’a dit la secrétaire générale des nations unies qui doit sauver l’humanité, c’est que nous devons sauver notre destin partagé.
Source : ONU 14/10/2015, transcrit par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
5 réponses à [70 AG ONU] Iran + Syrie + Turquie : “Pourquoi certains de vos gouvernements soutient-ils des pays qui ont l’habitude d’exporter leurs crises à l’extérieur de leurs frontières ?”....