| Hadrien Mathoux Directeur adjoint de la rédaction La langue morte de la droite et du PS
Lors du premier tour de l'élection présidentielle 2012, François Hollande et Nicolas Sarkozy réunissaient à eux deux plus de 50% des suffrages exprimés. À l'époque, le jeu politique français était d'une simplicité biblique : la gauche de gouvernement, la droite de gouvernement, et divers satellites sans grande importance. Dix ans plus tard, lors de la dernière présidentielle, le score cumulé des candidates socialiste (Anne Hidalgo) et de la droite classique (Valérie Pécresse) était de… 6,53%.
Pourquoi ces partis se sont-ils effondrés ? La question a rempli des pages et des pages d'analyses. L'exercice du pouvoir, la compromission idéologique et l'incapacité des deux blocs qui avaient jusqu'ici dominé la Ve République à diriger efficacement la nation ont précipité leur chute. Mais on peut rajouter un autre facteur, peut-être pas le plus décisif, mais sans doute pas totalement anecdotique : le Parti socialiste et Les Républicains parlent une langue morte.
Marianne vient de publier un « mode d'emploi » pour aider ses lecteurs à comprendre le fonctionnement du congrès socialiste, dont la prochaine édition aura lieu en juin. Rien n'a changé au PS : contributions générales, textes d'orientation, négociations sur le placement des virgules et alliances plus ou moins contre nature font toujours le sel du quotidien de la vieille maison. Rien n'a changé, sauf la qualité des débats : les oppositions de fond entre Chevènement, Rocard et les autres ont laissé la place à de pures discussions tactiques sans contenu idéologique. Seule à proposer un réel contenu programmatique, la tendance menée par Philippe Brun, Jérôme Guedj et Laurence Rossignol se rapproche d'une fusion opportune avec une aile social-démocrate… dont elle dénonce pourtant la matrice intellectuelle. Lassés de ces combinaisons insignifiantes, les Français se sont détournés du PS depuis bientôt dix ans.
Du côté de LR, le résultat n'est pas plus brillant. Tandis que Bruno Retailleau semble en bonne partie instrumentaliser son ministère de l'Intérieur pour marquer des points dans le duel qui l'oppose à Laurent Wauquiez, ce dernier vient de commettre une désolante sortie dans laquelle il propose d'expulser les OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon. Inepte, la proposition relève là encore de la politicaillerie la plus classique au sein de l'ex-UMP : il s'agit de donner des gages à des militants radicalisés, désespérément en quête de dirigeants sincères et avides de « gros rouge qui tache », en confondant l'outrance avec la détermination. Au vu des piètres résultats électoraux de LR, le peuple n'est là encore visiblement pas dupe, et capable d'identifier les vieilles ficelles. Twitter @hadrienmathoux
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