Si vous ne connaissez pas, Shein est une entreprise chinoise créée en 2008. Au printemps 2021, son application est devenue la plus téléchargée aux États-Unis pour les achats en ligne, devant Amazon. Aujourd'hui, elle livre dans plus de 150 pays. Bref, c'est l'une des plus grosses marques de mode sur Internet. Shein a notamment investi TikTok, en passant par les influenceurs et en lançant des hashtags extrêmement relayés. Sa cible : les 15-24 ans. Le point fort de Shein : le prix, 7 € en moyenne pour un article. Et en plus, la marque propose des offres promotionnelles quasiment tout le temps. Sans surprise, tout ça soulève beaucoup de questions et de critiques. On vous explique ça. 1. La fast fashion poussée à l’extrême Le modèle de Shein entre dans le cadre de ce qu’on appelle la fast fashion, un segment de l’industrie du vêtement qui se fonde sur le renouvellement ultra-rapide des collections. On en a parlé avec Audrey Millet, une historienne qui travaille sur le sujet : "Le mode de production de Shein, c'est d'aller toujours plus vite. Sur son site, on a des nouveautés tous les jours, c'est énorme. Fut une époque, il y avait des saisons été / hiver, puis printemps / été / automne / hiver. Dans la fast fashion, on a à peu près 52 saisons par an, et dans l'ultra fast fashion, c'est tous les jours." À noter que derrière ce renouvellement constant, il y a des accusations de plagiat. De nombreux créateurs et marques affirment que certains de leurs modèles ont été copiés par l'enseigne chinoise. Certains parlent d’algorithmes qui détectent les nouvelles sorties et permettent de proposer des versions bas de gamme dans les 48 heures. Et forcément, une telle rapidité met aussi en question les conditions dans lesquelles ces vêtements sont fabriqués. 2. Les conditions de travail Quand on a interrogé le député européen Raphaël Glucksmann sur le dossier Shein, voilà ce qu’il nous a dit : "C’est l'une des seules entreprises de fast fashion qui ne publie absolument rien sur sa chaîne de production. Sur son site Internet, il y avait des fausses informations qu'ils ont dû retirer, comme celle selon laquelle ils respectaient les standards internationaux sur l'esclavage ou le travail des enfants." En novembre 2021, l'ONG suisse Public Eye a publié une enquête sur les conditions de travail dans les usines de certains des fournisseurs de Shein. Conclusion : les vêtements seraient pour l'essentiel produits par des ouvriers originaires des provinces les plus pauvres de Chine, et qui travailleraient jusqu'à 12 heures par jour, avec un seul jour de congé par mois. La publication de cette enquête a ouvert un débat dont s'est emparé Raphaël Glucksmann : "Il y a un système d'exploitation ultra-violent, avec des travailleurs qui n'ont aucun droit. C'est comme ça qu'on arrive à vendre des T-shirts à 2 € en Occident."
3. La composition des vêtements Être aussi peu cher, ça veut aussi dire être bas de gamme. Et la composition des vêtements Shein est, elle aussi, vivement critiquée, comme nous l’explique Audrey Millet : "Des analyses chimiques révèlent la présence de produits extrêmement dangereux pour la santé du consommateur. Je pense notamment aux phtalates, au cadmium, au baryum, à l'arsenic, au mercure et au plomb. On a notamment trouvé dans des vêtements pour enfants des taux de plomb 20 fois plus élevés que le seuil autorisé. Il n'existe qu'une loi au monde, en Californie, qui oblige les enseignes à indiquer sur les étiquettes les produits considérés comme dangereux qu’ils contiennent. Je milite pour que l'Europe accorde cette même importance au contenu des vêtements, et qu'elle fasse notamment indiquer sur les étiquettes des produits ce qu’ils contiennent." |
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