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dimanche 28 juin 2020

Emplois fictifs : cinq ans de prison dont deux ferme requis contre François Fillon - le 11.03.2020


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Emplois fictifs : cinq ans de prison dont deux ferme requis contre François Fillon

Au terme d’un réquisitoire cinglant, le parquet national financier a requis une peine sévère contre l’ancien Premier ministre dans l’affaire des emplois présumés fictifs. L’accusation a demandé trois ans avec sursis contre son épouse.

 François Fillon et son épouse Penelope au tribunal correctionnel de Paris.

François Fillon et son épouse Penelope au tribunal correctionnel de Paris. LP/Olivier Lejeune



Une charge. Sévère. Cinglante. Juridique mais aussi morale. Pendant près de quatre heures, les deux magistrats du parquet national financier (PNF) ont passé François Fillon, leur cible prioritaire, à la broyeuse. Contre un homme politique qu'ils accusent d'avoir « aggravé la déchirure du pacte républicain », contre un prévenu qu'ils dénigrent pour avoir servi au tribunal « une forme de mépris ou d'inconscience du bien commun » et qui a « préféré camper sur ses positions et s'enfermer dans ses dénégations », contre cet ancien Premier ministre qui a « persisté dans un comportement lucratif et strictement contraire aux valeurs fondamentales de la République », ils ont réclamé une peine « à la hauteur de la légitime exemplarité attendue d'un prétendant à la magistrature suprême ». A savoir 5 ans de prison dont 3 avec sursis, 375 000 euros d'amende et 10 ans d'inéligibilité.
Contre son épouse Penelope, « victime consentante des agissements de son mari », le PNF a requis 3 ans de prison avec sursis et 375 000 euros d'amende. Contre Marc Joulaud enfin, son suppléant « dont la qualité d'élu aurait dû le dissuader de cautionner des agissements dont il ne pouvait ignorer le caractère manifestement illégal », l'accusation a demandé une peine de 2 ans de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende. Figés sur leur banc, les trois prévenus n'ont pas eu un regard pour leurs féroces contempteurs.

Un « cynisme » plusieurs fois fustigé

C'est donc à François Fillon, dont ils ont plusieurs fois fustigé le « cynisme » pour avoir régulièrement plaidé pour un contrôle strict des deniers publics, que les magistrats de l'accusation ont réservé leurs flèches ce mardi. Ils décrivent l'ancien député de la Sarthe comme un homme vénal qui a, dès le début de sa carrière en 1981, eu pour « habitude » de capter l'argent alloué par l'assemblée pour l'emploi des collaborateurs parlementaires, en embauchant son épouse.
Pour le parquet, le caractère fictif de l'emploi de son épouse comme assistante parlementaire entre 1998 et 2002 puis entre 2012 et 2013 ne fait aucun doute. Aurélien Létocart, l'un des deux compères de l'accusation, relève les différents « éléments troublants » du dossier : entre autres, l'absence de traces matérielles de la collaboration et le secret savamment entretenu autour de cet emploi. Le magistrat reprend une à une les différentes missions alléguées de la Galloise pour mieux les écarter. Penelope Fillon tenant permanence au domicile privé du couple dans la Sarthe? « Invraisemblable ». Le traitement d'une partie du courrier? « Cela relève davantage de la cosmétique que d'une activité parlementaire ». Les différentes attestations fournies par la défense? « Dans leur écrasante majorité elles concernent son rôle de représentation. […] Avec Mme Fillon, l'accessoire ne cesse d'être présenté comme le principal ».

« L'appât du gain fut manifestement plus fort que la raison »

Aux yeux de l'accusation, les différentes apparitions publiques de Penelope Fillon, exploitées par la défense, ne font pas un emploi, qui plus est rémunéré à cette hauteur (NDLR : plus d'1 million d'euros pour ses emplois au service de son mari puis de son suppléant). « Il n'est pas contesté que Mme Fillon avait un intérêt certain pour la vie locale et qu'elle s'intéressait à la carrière politique de son mari. Mais l'enquête et les débats ont montré qu'ils avaient tous les deux très largement amplifié la réalité. Au point de présenter tous ses faits et gestes, même les plus banals, comme participant à son emploi d'assistante parlementaire », égratigne Aurélien Létocart.
La collaboration entre Penelope Fillon et Marc Joulaud, « encore moins consistante », est rapidement évacuée. Mais là encore, le PNF voit en François Fillon le maître d'œuvre d'une embauche qui aurait permis au couple d'augmenter ses revenus « en réduisant sans état d'âme la marge de manœuvre de Marc Joulaud ». « L'appât du gain fut manifestement plus fort que la raison », raille l'accusation, qui crucifie Penelope Fillon : « elle gagnait plus, tout en travaillant moins ». Mais c'est bien à son mari que l'accusation réserve ses dernières cartouches : « François Fillon a pris en otage son épouse et son suppléant en les obligeant à se faire complices de ses agissements ». La défense plaide ce mercredi.




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