LE MÉMORIAL JEAN JAURÈS DE DOLE
LE MEMORIAL JEAN JAURES DE DOLE
La veille de la Noël, me promenant dans le Cours Saint-Mauris de Dole du Jura, j’ai découvert un monument dédié à Jean Jaurès.
Le 31 juillet 1914, Jean Jaurès, dirigeant socialiste pacifiste, était assassiné par Raoul Villain au café du Croissant, rue de Montmartre à Paris, près du siège de L’Humanité. Plusieurs monuments en France lui rendent hommage. Son assassinat marque un coup dur pour les pacifistes qui essayaient d’éviter la guerre qui se profilait depuis un bon mois (28 juin 1914, assassinat à Sarajevo de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’Empire austro-hongrois, et de son épouse la duchesse de Hohenberg, par le nationaliste serbe de Bosnie Gavrilo Princip)…
Ce monument sobre et discret a été érigé devant le « Pavillon de l’Arquebuse » dit aussi « des Arquebusiers » (18e siècle), devenu plus tard la bourse du travail. Il a été sculpté par Félix Desruelles et inauguré le 20 janvier 1924. Des rassemblements pacifistes y sont organisés chaque année.
Sur une face, on y voit un semeur qui semble marcher et tient de sa main gauche sa sacoche de grains et fait de sa main droite le geste du semeur, poing serré sur la semence. En-dessous est gravée une célèbre phrase de Jean Jaurès : -J’ose dire avec des millions d’hommes que la grande paix humaine est possible-.
Sur la face opposée figurent la dédicace : A Jean Jaurès mort pour le peuple le 31 juillet 1914- et -Hommage de la démocratie Jurassienne-, encadrée de deux flambeaux. Un médaillon en bronze montre le profil droit de Jean Jaurès en relief assez marqué.
Et sur les deux petits côtés, vous avez des textes de Jean Jaurès gravés.
-La vraie classe intellectuelle c’est la classe ouvrière car elle n’a jamais besoin du mensonge.
La vie et la liberté, ces grandes éducatrices auront le dernier mot. L’humanité est maudite si pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement.
Le courage c’est de chercher la vérité et de la dire, c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.
Le capitalisme, c’est la haine, la convoitise sans frein, le capitalisme, c’est la guerre.-
Et sur le petit côté opposé:
-La guerre, détestable et grande tant qu’elle est nécessaire est atroce et scélérate quand elle commence à paraître inutile. Arracher les patries aux maquignons de la patrie aux castes de militarisme et aux bandes de la finance pour permettre à toutes les nations le développement infini de la démocratie et de la paix c’est servir la patrie elle-même, c’est dans l’internationale que l’indépendance des nations a sa plus haute garantie, c’est dans les nations indépendantes que l’internationale a ses organes les plus puissants et les plus nobles-.
Toujours et plus que jamais d’actualité !
-Mais pourquoi ont-ils tué Jaurès-, chantait Jacques Brel? Surtout pourquoi ont-ils acquitté Raoul Villain, son assassin? Jugé en mars 1919, il a été acquitté, par 11 voix contre 1, pas pour folie, mais dans un climat de « ferveur nationaliste ». Au civil, Mme Jaurès est condamnée à payer les dépens du procès (frais de l’Etat et de Raoul Villain).
En réaction, Anatole France écrit : « Travailleurs, Jaurès a vécu pour vous, il est mort pour vous. Un verdict monstrueux proclame que son assassinat n’est pas un crime. Ce verdict vous met hors la loi, vous et tous ceux qui défendent votre cause. Travailleurs, veillez ! »
Après ça, Villain mène une vie sulfureuse de patachon : trafic d’argent, troubles psychiatriques réels et supposés mélangés, tentatives de suicide, construction d’une curieuse villa brindezingue à Ibiza. Le triste sire finalement trépassera lors d’un raid des anarchistes sur l’île le 17 septembre 1936, au début de la guerre civile espagnole…
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