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Réchauffement climatique : un rapport du Giec appelle à une gestion plus durable des sols dans l'agriculture et la sylviculture
Cette étude, approuvée par les 195 pays membres, est la plus complète jamais publiée sur les effets de l'agriculture et de la sylviculture sur la dégradation des sols.
Une vue aérienne de champs dans la province de Sa Kaeo (Thaïlande), le 6 août 2019. (LILLIAN SUWANRUMPHA / AFP)
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Les activités humaines ont une forte influence sur la qualité des sols et participent ainsi au réchauffement climatique. Ce sont les principales conclusions du rapport spécial du Giec publié jeudi 8 août, après l'approbation du texte par les 195 pays membres de ce groupe d'études sur le climat. Dans le détail, cette étude est consacrée au "changement climatique, la désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres". Elle évalue également les conséquences de l'agriculture et de la sylviculture sur la qualité des sols.
Un équilibre à trouver entre qualité des sols et ressources alimentaires
Adopter des stratégies de développement durable permettrait de réduire la dégradation des sols et donc d'atténuer le réchauffement climatique, ajoutent les auteurs. Mais "retarder le passage à l'action pourrait avoir pour conséquence des effets irréversibles sur certains écosystèmes, avec à long terme le risque de conduire à une augmentation considérable des émissions (de gaz à effet de serre) qui accélérerait le réchauffement climatique", écrivent les auteurs.
Cette expertise scientifique, la plus complète à ce jour sur le sujet, fait le point sur l'état des terres, les impacts des changements climatiques actuels et à venir, mais aussi sur la façon dont la modification de l'usage des terres joue sur le climat. Et si le document rappelle que "l'augmentation des surfaces consacrées à l'agriculture et à la sylviculture et la hausse de productivité ont permis de soutenir la consommation alimentaire d'une population en hausse", il explique également que cette évolution a entraîné toute une série de conséquences environnementales.
Ces changements ont également contribué à la hausse des émissions de gaz à effet de serre, la perte d'écosystèmes naturels et le déclin de la biodiversité.
L'agriculture, l'exploitation forestière et d'autres activités liées à l'utilisation de la terre représentent, sur la période 2007-2016, quelque 23% des émissions nets de gaz à effet de serre liées à l'activité humaine. En y ajoutant les industries de transformation des aliments, cette part monte à 37%.
Les changements alimentaires ont affecté les sols et la biodiversité
Les auteurs du rapport se sont aussi penchés sur le système alimentaire mondial, ses limites et l'évolution des régimes alimentaires. Depuis 1961, la consommation par personne d'huiles végétales et de viande a plus que doublé quand la consommation de calories alimentaires a augmenté d'un tiers. “Certains régimes alimentaires nécessitent plus de terres et d'eau et entraînent davantage d'émissions de gaz que d'autres", commente notamment la chercheuse Debra Roberts. Les experts précisent qu'environ 820 millions de personnes souffrent de la faim, que deux milliards d'adultes sont obèses ou en surpoids et que 30% de la nourriture serait perdue.
Le rapport évoque donc la nécessité de mettre en place des "politiques de santé publique visant à améliorer la nutrition", notamment à travers des campagnes de sensibilisation, permettant une gestion plus durable des sols, une réduction des dépenses de santé et une baisse des émissions de gaz à effet de serre.
Quelles pistes adopter ? Certains sont partisans de solutions fondées sur les bioénergies, c'est-à-dire les énergies produites à partir de bois, de produits agricoles ou de déchets organiques, et la technologie des BECCS (Bio-energy with carbon capture and storage), qui visent à produire de l'énergie tout en retirant du C02 de l'atmosphère. D'autres acteurs mettent en garde contre le danger que représente l'usage de ces techniques à grande échelle, car elles nécessiteraient des surfaces terrestres importantes, qui ne pourraient plus être consacrées à l'agriculture et à l'élevage.
Réhabiliter et restaurer les sols avec une gestion durable
Parmi les mesures à mettre en place dans un futur proche, le rapport mentionne le développement des technologies (applications, drones, capteurs...) pour mesurer au plus près les évolutions des sols et le phénomène de désertification. Les experts évoquent également la possibilité de réaliser des investissements pour restaurer et réhabiliter les sols. "De nombreuses technologies et pratiques de gestion durable des terres sont rentables dans les trois à dix ans." Les gouvernements doivent accompagner les petits exploitants et l'évolution des régimes alimentaires peut permettre de réduire la pression sur les terres tout en étant bénéfique pour la santé.
Ce nouveau document fait suite à un premier rapport spécial du Giec consacré à l'évolution du climat. Un troisième rapport "spécial", dédié aux océans et à la cryosphère (banquise, glaciers, calottes polaires), est en cours de finalisation et doit être adopté fin septembre à Monaco, au moment où l'ONU organisera un sommet sur le climat à New York.
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