Une brève...
La Confrérie d'Emmaus et du Bon Abbé Petrus entendit les impétrants et impétrantes au Tournoi de la Résidence Royale afin de connaître ce qu'ils et elles avaient à dire sur les mal logés, lesquels étaient hélas légion. Madame la baronne de la Daube-Ça-Ira fut piteuse. Elle bafouilla, tergiversa, haussa le menton. Elle n'avait en réalité rien à dire. Les gazetiers et gazetières ne manquèrent point de le faire remarquer, se gaussant sous le manteau de cette impéritie et de ce qui ressemblait fort à de la désinvolture. Monsieur Ruissellus, qui avait été tout aussi mauvais, se porta tout uniment au secours de sa commère. "Un peu de bienveillance ne nuit pas, cuicuita-t-il pompeusement, se vantant avantageusement de se montrer magnanime et d'être en mesure ainsi de faire la leçon aux partisans et partisanes de Gracchus Mélenchonus. Ce dernier s'était montré aux dires de tous fort disert, brillant et empreint d'humanisme.
Monsieur Ruissellus s'en retourna superviser le concours des meilleurs colleurs de placards à son effigie. De sa Faction naguère représentée par une faucille et un marteau, il n'en restait plus guère. Tout y était désormais dévolu à construire la gloire de monsieur Ruissellus. Son nom était répété à l'envi par ses partisans, on se félicitait d'avoir un tel champion qui plaisait tant à la Dextre. Dans la cervelle de Monsieur Ruissellus germait chaque jour une idée lumineuse, que ce fût pour persiffler sur Gracchus Mélenchonus ou sur monsieur le vicomte de Graumelon de la Jade d’Eau, ou pour énoncer une saillie dont on se régalait avec force minauderies dans tous les salons. Ce monsieur Ruissellus était une bénédiction pour se gausser de la mauvaise fortune de la Senextre.
Le Roy continuait de se faire languir Madame la ChatelHaine de Montretout, laquelle entendait jouter avec lui avant le Tournoi. Monsieur le petit duc de l’Attelle, en infatigable favori de Notre Poudreux Rodomont, courait les salons, clamant que le peuple n'eût point compris que Sa Neigeuse Altitude descendît dans l'arène, alors qu'Elle avait tant à faire. "Vous avez beaucoup de sujets aujourd’hui qui nécessitent sa mobilisation totale ».
Dans les chaumières, on plaignit bien fort ces sujets d'avoir à subir en plus de tous leurs maux celui qui en était l'auteur.
Julie d'Aiglemont Tous droits réservés sur le texte.
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