Ma première est veuve, ma seconde marche sur les préservatifs (remplis) de son fils adolescent avant le petit-déjeuner, ma troisième apprend la transidentité de sa fille cadette et mon tout est un “reboot” de la série culte du tournant des années 2000, « Sex and the City ». Voir Carrie Bradshaw se heurter à Instagram, Miranda Hobbes divorcer de son mari pour dater une jeune célébrité non-binaire et Charlotte York-Goldenblatt chercher des « amis noirs » pour un dîner diversité, c’est un peu comme observer Godefroy de Montmirail découvrir le réfrigérateur. C’est délicieux. Et surtout, c’est réussi. Pourtant, on n’osait à peine regarder. Il faut dire que l’on en avait eu, des déconvenues. La série américaine de HBO mettant en scène la vie sexuelle, amoureuse, amicale et professionnelle de quatre trentenaires a été suivie d’un premier film en 2008, atroce, puis d’un second deux ans plus tard, tout aussi mauvais, si ce n’est pire. Mais justement « And Just like that », AJLT pour les intimes, n’est pas SATC. C’est une tout autre série. Une série qui a bien retenu la leçon. Peu inclusive, voire raciste, transphobe, homophobe ou encore sexiste, l’originale laisse place à une version 2022 qui coche toutes les cases de l’inclusivité. Trop ? Non, puisque les scénaristes prennent le parti de se moquer des anciens personnages, souvent à côté de la plaque. La bien-pensante antiraciste Miranda est taxée de “ white savior” et la naïve Charlotte pense que l’on parle de plusieurs personnes lorsque le pronom neutre “iel” (la contraction de “il” et “elle”) est employé. Mais les boomeuses apprenent vite et on nous épargne les grosses ficelles scénaristiques. De quoi réconcilier les mères avec leurs filles et combler, un peu, les écarts générationnels. Il manque tout de même l’irrévérence de Samantha Jones – l’actrice Kim Cattrall n’a pas souhaité participer au projet – qu’on aurait préférée en chair et en os plutôt que par SMS, en incarnation d’une douloureuse rupture amicale. Et si les personnages ont changé, l’époque aussi. D’une comédie, on est désormais passé à une dramédie. On parle pandémie, vaccin, deuil, divorce et surdité. Ce qui n’empêche pas d’en rire. De la version originale, on retrouve la répartie acérée, le cynisme et l’humour de ses trois amies qui passent leur temps à débriefer leurs vies intimes, du flagrant délit de fellation par son ado au “date” qui vous vomit dessus. Effet madeleine de Manhattan assuré. |
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