Le dix du mois de février de l'an de très grande décrépitude vingt-deux, des charrettes emplies de gueux et de gueuses partirent du sud du royaume afin de convoyer vers Lutèce. Aussitôt, sur ordre du Roy, le Grand Prévôt, le Sieur Teutonic fit ériger des barricades afin que ces manants fussent contenus hors les murs, le plus loin possible du Château où Notre Pusillanime Trousse-Pet, arpentant fiévreusement les couloirs, se mit à se ronger les sangs. N'avait-il point fait écrabouiller les maudits Engiletés quelque deux années plus tôt et noyé cette jacquerie sous une logorrhée profuse ? Le Sieur Teutonic promit à son Roy de se montrer d'une féroce cruauté, une fois de plus.
Les frasques de monseigneur le duc du Dard-Malin furent ardemment défendues à la Chambre Basse par la fort sémillante marquise de la Courge. Cette fidèle d'entre les fidèles de Sa Petocharde Petitesse se répandit en une avalanche de jérémiades devant les députés de la Faction des Raipoublicains, d'où il ressortait que le Roy- pour lequel cette digne peronnelle se fût sacrifiée en faisant généreux rempart de son corps - et son Chambellan aux Affaires Domestiques avaient été exemplaires en tous points dans la chasse aux malandrins , la preuve en était tout bonnement qu'ils y oeuvraient jour et nuit.
La grande duchesse de Lutèce, madame de l'Ide-Aligot, n'en finissait pas de chuter de sa monture. Elle ne tenait plus en selle et ne savait plus à quoi se raccrocher. Elle fit mander le bon Françoué afin qu'il lui servit de guide. Ce n'était que la troisième fois que la grande duchesse se cherchait une assise. Les barons de sa Faction, et au premier rang de ceux-ci monsieur de l'Amphore, prenaient des paris, médisant à qui mieux mieux sur les piètres tours de piste de celle qui n'avait de championne que le titre très provisoire.
Madame la duchesse des Charentaises et du Poitoutou, après avoir dit tout le mal qu'elle pensait de sa commère, et courtisé en vain Gracchus Mélenchonus, méditait, disait-on, de se rallier à la baronne Valoche de la Patronnesse, laquelle n'en demandait point tant, quoique ses troupes fondissent comme neige au soleil, qui rejoignant l'infâme vicomte de la Zizanie, qui préférant aller mendier une gamelle auprès de Notre Poudreux Giboyeur, tel ce baron de la Oeuerffe, qui avait été Chambellan du roi Niko et avait trempé dans moult affaires louches, ce qui le qualifiait hautement pour appartenir à la maison royale.
Gracchus Mélenchonus s'en fut quant à lui affronter en duel le baron Davout de Baissez-Lezieux, le chef plein de morgue de la Confrérie des Maîtres des Forges. Cela se passait dans les salons de la Deuxième Lucarne Magique.
Gracchus excella dans l'exercice, ce qui causa quelques aigreurs à madame du Saint-Croque, gazetière de son état, et qui vouait au tribun une haine féroce.
Julie d'Aiglemont Tous droits réservés sur le texte.
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