Sur le chemin de l’école, vous ne pouvez pas les louper. Silhouettes longilignes vêtues de rouge, petits gants blancs en velcro accrochés au guidon d’une trottinette ou au bras d’un enfant mal réveillé : les lutins farceurs ont envahi les foyers français, et notamment le mien. Il y a deux ans déjà, mon fils aîné m’expliquait à quel point sa copine Fleur avait « de la chance » d’en avoir un chez elle, sans que je sache de quoi il retournait. Alors début décembre, quand j’ai vu un coffret avec ladite figurine dans la vitrine d’un magasin, j’ai dégainé la Carte bleue. Et appris ce qu’était le concept de ce personnage, apparu aux Etats-Unis après la parution en 2005 d’un livre pour enfants, « The Elf on the Shelf » (« l’Elfe sur l’étagère », écrit par Carol Aebersold et Chanda Bell).
Chaque soir du mois décembre, il fait (ou plutôt les parents lui font faire) une bêtise que l’enfant découvre le matin, façon calendrier de l’Avent : rouleau de PQ déroulé, montagne de sucre en poudre dans lequel il se vautre… Si vous êtes en panne d’inspiration, rassurez-vous, Internet regorge d’idées toutes plus irréalisables les unes que les autres : W-C rempli de céréales, lutin figé dans un bloc de glace…
Une amie nous a prévenus : « Attention, ne vous lancez pas là-dedans, car ensuite, il ne faudra pas manquer un seul jour jusqu’au 24, les enfants ne vont pas vous lâcher. » Et une pièce de plus dans la machine à charge mentale – je me suis déjà levée la nuit pour le bouger de place. Pourquoi s’infliger cette corvée supplémentaire ? Il faut voir la réaction des petits le lendemain pour le comprendre. Au réveil, ma cadette de 3 ans oscille entre indignation et admiration face aux méfaits nocturnes de la petite créature. Devant le lutin chevauchant un pot de macaronis renversé, elle s’offusque : « Il n’a pas le droit de faire ça, je vais le surveiller. » Drôle quand on connaît sa propre propension à mettre le souk. Pour l’avoir à l’œil, elle s’endort avec lui sous le bras. Voilà donc le secret de son succès : les enfants ont trouvé en lui leur double, tout aussi bordélique et indiscipliné qu’eux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire