Vendredi 4 avril – Chaos!
BONJOUR ! Impossible de passer à côté de la guerre commerciale déclenchée mercredi soir par Donald Trump. Ce festival de droits de douane est encore abstrait. Ces commentaires sur la fin de la coopération occidentale ne sont encore qu’un bruit de fond. Et peut-être que votre entreprise n’a qu’un lointain rapport avec les Etats-Unis. Qu’importe. Il faut comprendre qu’un autre monde est en train émerger.
Chaos. J’ai été impressionné par la lecture du nouvel essai de Giuliano da Empoli, L’heure des prédateurs (Gallimard). Mieux que quiconque, l’ancien spin doctor devenu célèbre avec son magnifique Mage du Kremlin nous explique que les codes ont changé. Nous basculons dans une autre époque. Et pour longtemps. Le chaos, « comme moyen d’affirmer son pouvoir quand tout le monde se bat contre tout le monde et que la force devient la seule règle du jeu », n’est plus l’apanage des populistes outsiders, mais désormais l’arme des dominants, comme Donald Trump...
Action. Avec le chaos, les prédateurs disposent d’une autre arme : l’action, parce qu’en période d’incertitude, la légitimité du pouvoir vient de l’action quand les technocrates sont taxés d’impuissance. Mais Giuliano da Empoli va plus loin. Pour lui, l’action se doit d'être irréfléchie. L’action irréfléchie est « la seule à même de produire l’effet de sidération sur lequel se fonde le pouvoir du Prince ». Donald Trump, Javier Milei, Vladimir Poutine, Mohammed Ben Salma, Nayib Bekele...
Typologies. Il y a deux types de prédateurs : les borgiens – César Borgia a inspiré le Prince de Machiavel – et les seigneurs de la tech. Giuliano da Empoli n'épargne pas les Elon Musk, Eric Schmidt et autres Sam Altman. Non par rejet de la technologie (même s’il décrit l’IA comme une « forme d’intelligence autoritaire qui centralise les données et les transforme en pouvoir »), mais pour leur collusion avec des politiques incapables de leur imposer une gouvernance. Avertissement : « Les ingénieurs de la Silicon Valley ont cessé depuis longtemps de programmer des ordinateurs, pour se transformer en programmateurs de comportements humains ».
Aggiornamento. Da Empoli dans le texte : « Aujourd’hui, l’heure des prédateurs a sonné et partout les choses évoluent d’une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l'épée. ». Et encore : « Une ère de violence sans limite s’ouvre en face de nous et les défenseurs de la liberté paraissent singulièrement mal préparés à la tâche qui les attend ». Vous voilà averti(e)s.
AH! UNE DERNIERE CHOSE! La dernière étude de l’Apec sur l’emploi des cadres n’est pas vraiment réjouissante. Après dix ans de hausse, les embauches ont baissé en 2024. Et les prévisions pour l’année prochaine ne sont guère optimistes. A suivre.
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Rémi Godeau, rédacteur en chef de l’Opinion
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