Connaissez-vous la fable de la carpe et du lapin ? Cela vous dit vaguement quelque chose… C’est normal, Jean de La Fontaine, dont nous célébrons cette année le tricentenaire de la mort, ne l’a jamais écrite. Chacun, néanmoins, comprend parfaitement le sens de l’expression « le mariage de la carpe et du lapin ».
En réunissant, pour la première fois, deux personnages aussi opposés que la militante Alice Coffin et le polémiste Alain Finkielkraut, c’est bien à une telle association que nous avons procédée. Si la première, autrice du « Génie lesbien », est connue pour combattre avec ardeur un patriarcat qui a résisté à la révolution démocratique comme aux premières vagues du féminisme, le second, dans son nouveau livre « Après la littérature », va jusqu’à contester la réalité de la domination masculine aujourd’hui et la pertinence du combat de ce qu’il appelle un « néoféminisme guerrier ».
Combat des Anciens et des Modernes ? Incompréhension fondamentale ? Peur viscérale ?
« Je suis mort de trouille », répond en effet le vieil académicien à la jeune élue du Conseil de Paris. Il nous semblait nécessaire de confronter ces points de vue, qui illustrent des fractures fortes au sein de la société, pour mieux saisir les enjeux de la renégociation en cours des relations entre les sexes. C’est le pari que nous avons tenté en leur consacrant
douze pages d’entretien croisé, et le résultat est salutaire. L’un et l’autre se sont écoutés plus de deux heures et dans la confrontation s’est ouverte la possibilité d’une véritable conversation. Le débat est mort, vive le débat !
Et comme le mot de « néoféminisme » est de plus en plus utilisé par les détracteurs des luttes post-#MeToo pour les droits des femmes, la philosophe Camille Froidevaux-Metterie, qui vient de publier « Un corps à soi », a écrit pour « l’Obs »
un texte exclusif sur ce terme disqualifiant. A Finkielkraut, qui fait des féministes des furies inutiles, elle répond qu’il s’agit bien toujours et encore d’en finir avec l’ordre patriarcal du monde par la démolition de son socle immémorial : l’enfermement des femmes dans leur corps-objet. Un dossier exceptionnel à retrouver sur BibliObs.
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