Marie et son époux sont mariés depuis 1970, ils ont plusieurs enfants, une vie a priori "normale" sur le papier. Un jour, alors qu’elle rentre de chez ses enfants, son mari l’informe qu’il est convoqué au commissariat pour "récupérer son téléphone portable". "Il lui explique que pendant qu'elle n’était pas là, avec son téléphone, il a pris des photos sous les jupes d'une fille dans un supermarché. Mais vraiment, il ne sait pas ce qu'il lui a pris", rapporte Caty Richard, l'avocate de Marie. "Toutes ses bases s'effondrent"
À son arrivée, au commissariat, les policiers ne l’interrogent pas sur cette affaire de jupe...Ils vont lui faire une révélation qui va faire basculer sa vie. Ils lui racontent qu’ils ont découvert en cherchant dans l’ordinateur de son époux des centaines de clichés d’elle allongée, inerte, agressée sexuellement dans son lit conjugal
Ils lui expliquent qu’elle a probablement été droguée par son mari, depuis des années afin d'être livrée à d'autres hommes pendant son sommeil. "Toutes ses bases s'effondrent, toute sa vie, tout ce à quoi elle a cru s'effondre", rapporte son avocate. Régulièrement, son mari échangeait avec d'autres hommes sur Internet, puis "il filmait les actes de ces hommes sur son épouse endormie".
Marie comprend alors pourquoi elle avait comme des "trous noirs". "Elle savait qu'elle avait des moments d'absence, son attention était attirée par le fait que, parfois, elle avait l'impression qu'elle dormait profondément", relate son avocate. Ses enfants lui avaient aussi déjà fait savoir qu’elle tenait parfois des propos "incohérents".
"Il est indispensable de lancer une alerte d’envergure"
En réalité, ce n’était pas des absences mais elle était soumise chimiquement…La soumission chimique, c’est le fait d’administrer une drogue ou un médicament à l'insu de la victime, un acte surtout connu en raison des affaires de GHB dans les verres en boîte de nuit. Mais Caty Richard insiste sur l'importance de parler de cette affaire afin de mettre la lumière sur une pratique qui ne se restreint pas seulement à cela. "Il faut savoir qu'il est aussi tout à fait facile de donner des médicaments qui ont des effets puissants, hypnotiques puissants, comme des médicaments basiques, comme des antihistaminiques, comme des anxiolytiques, comme des bêtabloquants. Ce sont des médicaments que l'on retrouve dans nos pharmacies", alerte l’avocate. Plusieurs problèmes de société
Pour l'avocate, l'affaire met en exergue plusieurs problèmes de société, notamment une "pornographie galvaudée". "Ça ne surprend presque personne qu'un homme livre sa femme à d'autres hommes", regrette-t-elle. "Le deuxième problème que ça soulève, c'est que beaucoup disent : 'Mais son mari était d'accord, moi, je pensais pas que je la violais puisque c'était son mari qui me disait que je pouvais y aller.' Cela remet totalement en question la notion de consentement. Il faut quand même savoir que ça fait très longtemps qu’une femme n’appartient plus à son mari", dit Caty Richard. Elle rappelle : "Le consentement doit être cherché avec la personne avec laquelle on a une relation."
Elle tient aujourd'hui à ce qu'une alerte d'envergure soit lancée (à reformuler): selon elle, la soumission chimique touche tous les milieux professionnels et tous les milieux sociaux. En tout, 9 personnes ont été arrêtées en France ce mardi 28 septembre dans une vaste affaire de viol. Au total, depuis le début de cette enquête ouverte fin 2020, 49 personnes dont le mari ont été interpellées, dont 31 écrouées.
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