Chaque mois, l’homme que les impôts désignent par « concubin » et moi versons la même somme sur un compte commun. Notre loyer, la facture d’électricité ou encore l’assurance habitation y sont fatalement ponctionnés. Les CB associées à ce compte nous permettent de régler les courses alimentaires, les week-ends partagés ou encore les dépenses dites exceptionnelles (four à chaleur tournante, commode, nouveau pommeau de douche) (les charmes de la vie à deux, quoi). Suis-je en train de me faire rouler dans la farine ? Telle est la déplaisante question que m’ont renvoyée mes récentes lectures sur l’argent dans le couple hétéro. Parce qu’elles mettent leur argent en commun plus facilement que les hommes, effectuent du travail gratuit dans leur foyer, les femmes paient le prix du couple. Les inégalités de patrimoine des hommes et des femmes se creusent à partir du moment où elles se mettent en ménage. Elles ont même doublé en vingt ans. Une conseillère en gestion de patrimoine, citée dans un article, recommandait de réaliser un mini-audit financier du couple pour que chacun paie au prorata de ses ressources (rappelons qu’en moyenne, les femmes gagnent 23 % de moins). Moi qui pensais rouler dans un système parfaitement égalitaire, me voilà plongée dans d’inextricables calculs – le salaire de mon co-confiné étant supérieur au mien. Faut-il instaurer dans mon foyer la proportionnelle ? C’est-à-dire calculer le montant de nos virements mensuels à partir d’un pourcentage de notre revenu, de façon à ce que chacun fournisse le même « effort » ? Il y a quelques années, un thésard grenoblois anarchiste m’avait expliqué opérer la même organisation dans sa colocation, par conviction. Il payait plus que les autres et trouvait ça parfaitement normal. Dubitatif, le concubin me sortit un argument-massue : « La différence, c’est ma prime de pénibilité pour mes horaires de nuit. » Si bien qu’il m’a fallu refaire le monde : « De façon intrinsèque, ne doit-on pas considérer le salaire comme ne rémunérant pas justement nos efforts, nos compétences, la pénibilité du travail ? » Je me retrouvai rapidement à court de billes (l’argument « si je gagnais plus que toi, j’accepterais la proportionnelle » n’étant pas recevable devant la cour). Je fais donc appel à vous : si vous vous êtes écharpés sur le sujet, si vous pratiquez la proportionnelle depuis des années ou y réfléchissez, racontez-nous ( temoignagesrue89@gmail.com). Merci ! |
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