L'ECONOMIE
Mercredi 7 septembre 2016
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Australie : vingt-cinq ans de croissance continue |
L’opéra de Sydney, symbole de l’avant-gardisme de l’Australie et de sa réussite.WILLIAM WEST / AFP
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L’Australie a enregistré une nouvelle progression de son PIB au deuxième trimestre, un résultat à forte valeur symbolique puisqu’il permet à l’île-continent de boucler un quart de siècle de croissance économique ininterrompue. Le Bureau australien des statistiques a annoncé mercredique l’économie australienne avait progressé de 0,5 % entre avril et juin, ce qui représente en glissement annuel une croissance de 3,3 %. L’Australie n’a donc plus connu de récession depuis 1991, ce qui est une des meilleures performances des économies développées. « C’est officiel : l’Australie a réalisé vingt-cinq ans d’expansion économique ininterrompue », a claironné le ministre des finances, Scott Morrison. « Cette croissance est un hommage à tous les Australiens qui travaillent ou qui ont créé une entreprise », a-t-il ajouté. Bien qu’il y ait « beaucoup à célébrer dans les résultats du jour », il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers, a mis en garde le secrétaire au Trésor. « Nous continuons de nous battre pour chaque pouce de croissance dans une économie mondiale très exigeante », a-t-il dit.
« En dépit d’une baisse nette des exportations, la demande du public est en plein essor », a écrit l’économiste à UBS George Tharenou dans une note intitulée « L’économie miraculeuse ?», rapporte The Sydney Morning Herald. « La seule économie développée qui a bénéficié d’une plus longue croissance continue est celle des Pays-Bas, qui a connu une expansion de vingt-six ans et demi entre 1981 et 2008. Les chiffres de ce jour suggèrent que l’Australie est sur la bonne voie pour battre ce record », ajoute le quotidien de Sydney.
Au premier trimestre, l’économie australienne s’était renforcée de 1 %, selon un chiffre corrigé, grâce aux exportations et à la consommation des ménages. Mais la croissance a été plus modeste au deuxième trimestre du fait d’exportations moins performantes, qui ont enlevé 0,2 point de pourcentage à la croissance du PIB. Cela a cependant été compensé par une hausse des investissements publics de 15,5 % d’un trimestre à l’autre. D’un trimestre à l’autre également, la croissance de la consommation a ralenti à 0,4 %, un plus bas en trois ans, ce qui est perçu comme un signe préoccupant. Paul Dales, économiste à Capital Economics, a pointé « un bon résultat » qui devrait réduire la pression en faveur d’une nouvelle baisse des taux d’intérêt. La banque centrale australienne (RBA) a maintenu lundi son taux d’intérêt à un plus bas historique, à 1,50 %, après l’avoir réduit deux fois en quatre mois pour tenter d’insuffler de la croissance dans les secteurs non miniers, dans un contexte d’inflation faible. Confrontée à la fin graduelle de l’âge d’or minier, l’économie australienne cherche de nouveaux moteurs de croissance.
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Taux de pauvreté stable. Le taux de pauvreté est resté stable en 2014 à 14,1 % de la population, contre 14 % un an plus tôt, la France comptant quelque 8,8 millions de personnes pauvres, selon une étude de l’Insee publiée mardi. Il s’agit des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté monétaire de 1 008 euros par mois, seuil qui correspond à 60 % du niveau de vie médian de la population. Le niveau de vie médian s’établissait en 2014 à 1 679 euros mensuels ; ce qui signifie que la moitié de la population disposait d’un niveau de vie inférieur à ce montant, l’autre moitié d’un niveau de vie supérieur.
Le Canard se redresse. Les ventes du Canard enchaîné se sont légèrement redressées pour son centenaire, en 2015, avec une hausse de 0,7 % après plusieurs années de baisse, sur fond de crise de la presse papier, a annoncé le journal dans son édition à paraître mercredi. L’hebdomadaire a annoncé une diffusion payée de 392 214 exemplaires en moyenne par semaine l’an dernier, contre 389 567 exemplaires en 2014.
Nouvel iPhone. Apple devrait rafraîchir mercredi sa gamme d’iPhone et peut-être mettre à jour sa montre connectée en prévision des fêtes de fin d’année, mais cela ne soulagera que partiellement la pression liée à l’essoufflement des ventes du célèbre smartphone. La star de la présentation, annoncée à partir de 17 heures GMT à San Francisco, devrait être celui que les médias spécialisés ont déjà baptisé « iPhone 7 ».
PSA veut se relancer en Chine. Le groupe français PSA Peugeot Citroën a inauguré mercredi à Chengdu sa cinquième usine en Chine, spécialisée dans les 4 × 4 urbains, s’efforçant d’élargir son offre dans ce secteur porteur, pour enrayer l’effondrement spectaculaire de ses ventes dans le premier marché automobile mondial.
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Micro-Macro |
par Thibaut Soulcié |
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Dans la presse étrangère |
Les ressorts du miracle australien |
Usine de transformation de cuivre, d’uranium, or, argent près de la mine Olympic Dam en Australie-Méridionale, le 20 novembre 2014. BHP BILLITON / AFP
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L’Australie n’a plus connu de récession depuis vingt-cinq ans. A la différence des autres pays riches, elle a échappé à la crise financière de 2008 et à la baisse du prix des matières premières. L’Australie est souvent appelé « le pays chanceux » à cause de ses richesses géologiques et de sa géographie avantageuse près de l’expansionniste Chine. Mais quels sont donc les ressorts de ce miracle au-delà des avantages naturels, s’interrogeThe Economist. D’abord, à la différence de pays plus dispendieux, comme la France, Canberra a bien géré son budget, accumulant les excédents en période de forte croissance ; ce qui lui a permis d’aborder la crise de 2008 avec la possibilité de stimuler vigoureusement son économie sur le plan budgétaire. Ensuite, l’Australie a bénéficié du boom minier et de la demande chinoise : de 2002 à 2012, la valeur de ses exportations minières a triplé et multiplié les prix du minerai de fer exporté par plus de 13 de 2003 à 2011 ! Cela a fortement stimulé les revenus salariaux australiens. Quand le boom a cessé et que les prix des matières premières ont décliné, entraînant d’autres Etats dans la récession (Brésil, Afrique du Sud ou Russie), le haut niveau des investissements dans les mines a permis d’accroître la production. Par ailleurs, Canberra a laissé le dollar australien se déprécier, rendant ses exportations vers la Chine, notamment de produits agricoles, attractives. Enfin, l’éducation a attiré de nombreux étudiants étrangers, et particulièrement chinois. Actuellement, l’éducation et le tourisme représentent 14 % de la valeur des exportations australiennes. Les diplômés de l’université peuvent travailler en Australie jusqu’à quatre années, et certains restent dans le pays plus longtemps, lui offrant une population active relativement jeune, bien formée et multiculturelle. Ces travailleurs étrangers, qui doivent se loger, stimulent le secteur de la construction, ce qui dope aussi l’économie. La contrepartie est une hausse alarmante des prix de l’immobilier, dont la chute pourrait être préjudiciable à l’économie. Ce qui ne manque pas d’inquiéter – de façon saine – les Australiens, qui sont conscients que la « chance » ne sera pas toujours présente.
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L’imbrication croissante de l’industrie et des services. La mesure actuelle du poids de l’industrie manufacturière dans le PIB n’est pas satisfaisante. La part de l’industrie dans le PIB, souvent retenue pour discuter du déclin de l’industrie, est un indicateur douteux pour plusieurs raisons. Premièrement, la production industrielle mobilise de plus en plus de services à l’industrie, comptabilisés comme services, et cela d’autant plus que l’industrie optimise ses chaînes de valeur et modernise son appareil de production. A contrario, des entreprises industrielles offrent de plus en plus de services, en complément de leurs produits (installation et maintenance d’un équipement) ou à titre principal (le produit sert alors à rendre le service). Par ailleurs, le déclin relatif de l’industrie peut résulter de gains de productivité permettant à une population plus riche et bien équipée de consommer plus de services, comme il peut refléter la perte de parts de marché liée à un déficit de compétitivité. Enfin la nature même des tâches de production évolue et les compétences requises des opérateurs vont bien au-delà des savoir-faire de fabrication. Il faut donc renoncer à la distinction de moins en moins pertinente entre industrie et services et envisager d’autres catégories d’analyses, comme les emplois directement exposés à la compétition internationale et ceux qui sont abrités, au moins momentanément.
Comprend-on le ralentissement des gains de productivité dans l’industrie manufacturière ? Le ralentissement des gains de productivité dans l’ensemble de l’économie peut être attribué à la déformation de l’économie vers les services peu sophistiqués, à des problèmes de mesure (on ne mesure pas l’amélioration de la qualité dans les services, à la différence de ce qu’on fait pour les biens), à l’apparition de l’économie collaborative... Il apparaît une corrélation positive significative entre les gains de productivité de l’industrie et l’investissement productif, l’effort de robotisation du capital, l’effort de R&D (totale ou privée), et plus faiblement les compétences de la population active.
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