“Une chance unique” : pour qui ?
L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
5 novembre, veille du séminaire gouvernemental sur la compétitivité : c’est le jour choisi par le FMI pour rendre publiques les conclusions de sa « mission de la consultation de 2012 sur la France », des conclusions qui, depuis Washington, dessinent la feuille de route du gouvernement Hollande-Ayrault.
Celui-ci reçoit les félicitations du FMI pour sa « forte détermination en matière budgétaire », « pour avoir inscrit dans le droit français le pacte budgétaire européen », et pour avoir engagé « l’acte III de la décentralisation ». Mais le FMI exige davantage : « Une réduction des dépenses publiques plus ambitieuse (…) à tous les niveaux (Etat, collectivités locales et administrations de Sécurité sociale) », avec une mention particulière pour « une limite stricte de l’augmentation des dépenses maladie (Ondam) », et la perspective d’une nouvelle « révision du régime des retraites (par) une augmentation de l’âge de départ ». Le FMI exige aussi que soient levées « les rigidités du marché du travail (…) au cœur du problème de compétitivité » afin de faciliter les licenciements et « d’adapter les dispositions salariales et d’ajustement du temps de travail au niveau des entreprises ». Le FMI recommande également « l’allégement des cotisations patronales » et d’en « transférer le coût (…) vers la TVA ». Autant de mesures qu’on retrouve dans les annonces de Jean-Marc Ayrault ce 6 novembre.
Mais comment faire passer un tel programme de destruction anti-ouvrier ? Réponse du FMI : « Le dialogue social que le gouvernement a lancé sur ce sujet avec la participation active des partenaires sociaux (…) constitue une chance unique qui ne doit pas être ratée de parvenir à une masse critique de réformes » baptisées « réformes structurelles de grande ampleur ».
Formule que reprend le rapport Gallois sous le vocable de « pacte social ». Pour le FMI, le gouvernement et l’ensemble des institutions du capital financier, tout ramène donc à cet enjeu crucial.
Dans ce contexte, l’appel de la Confédération européenne des syndicats (CES) à manifester le 14 novembre en soutien aux « politiques d’assainissement budgétaire » équivaut à un appel à forger le pacte exigé par le Fonds monétaire international.
Tout militant ouvrier comprend que, s’ajoutant aux mesures précédentes d’austérité, le plan Ayrault-2 est appelé à se traduire dans une somme de mesures visant à détruire à tous les niveaux les conquêtes de la classe ouvrière, et, pour ce faire, à intégrer ses organisations (1).
Que la classe capitaliste ne voit pas d’autres moyens de rétablir ses marges de profit et d’assurer scrupuleusement le service de la dette (devenue premier budget de l’Etat), c’est dans l’ordre des choses. Mais le mouvement ouvrier, lui, n’a aucune raison d’offrir à la classe des exploiteurs cette « chance unique » qu’ils réclament. C’est au contraire l’indépendance préservée des organisations qui permettra aux travailleurs de s’en saisir, de réaliser leur unité sur les revendications, et, ainsi, de faire en sorte que cette « chance unique » tant espérée par le FMI et le gouvernement soit définitivement « ratée », comme ils disent ! Non au pacte social ! Non à l’austérité Hollande-Ayrault ! Dehors le FMI et toute la troïka !
(1) Le rapport Gallois fixe explicitement l’objectif d’effacer l’ensemble des conquêtes arrachées par la lutte de classe en 1945-1946.
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