« Et toi, tu fais quoi pour le 31 ? » Et voilà, comme tous les ans, ça recommence. Pendant que chacun semble s’exciter sur la meilleure manière de réussir ce passage en beauté, je me creuse la tête pour trouver une porte de sortie. Ne me dites pas que je suis la seule à ne pas savoir quoi répondre à cette question embarrassante. J’ai découvert sur des sites de développement personnel qu’il existerait même un syndrome surnommé « anxiété du Nouvel An » qui serait causé par l’injonction à réussir ce décompte final croisée avec l’angoisse de se livrer à un bilan de l’année écoulée. Bien sûr, il y a toujours moyen d’inventer une excuse bidon, Google en fournit à la pelle en deux clics, prouvant combien le sujet est rebattu. Ceux qui ont la chance de pouvoir le faire peuvent aussi invoquer un motif professionnel imparable : « Hélas je suis d’astreinte ce soir-là. » Ceux-là auront au moins droit à la compassion et au respect.
Mais les autres ? Personnellement, je ne sais pas trop mentir. Or, il faut une certaine dose de courage – ou d’inconscience – pour dire sans ciller « je ne fais rien », comme si cet aveu de « plan zéro » était une espèce de constat d’échec : vous voilà relégué dans la catégorie des ennuyeux, des sans-amis, des asociaux, des rabat-joie. Non seulement vous lisez dans les yeux de votre interlocuteur une espèce de compassion pour cet aveu implicite de détresse sociale, mais vous prenez le risque en plus de devoir répondre à une proposition à laquelle il sera cette fois carrément impossible d’échapper… Les pubs et les réseaux sociaux, qui nous inondent d’images idylliques de fêtes vraiment trop cool, n’arrangent rien.
Et pourtant, vous le savez, dans la vraie vie, les choses sont assez différentes. Qui n’a pas subi, au moins une fois, une de ces soirées interminables à descendre du mauvais prosecco, avant de faire la bise à des inconnus qu’on ne reverra jamais, puis de se retrouver grelottant sur le trottoir en espérant chopper un taxi introuvable avant d’enchaîner sur une gueule de bois de l’espace nous jette la première pierre. En 1999 – les boomers s’en souviennent encore –, la pression sociale a atteint des sommets. En ce qui me concerne, ce passage du millénaire aura été un modèle du gène. Comme beaucoup, le 1er janvier suivant, j’ai dit « plus jamais ça »… Mais chaque année, j’ai plus ou moins replongé. Et vous, vous faites quoi pour le Nouvel An ?
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