samedi 27 décembre 2025

NON à la guerre ! Non aux fauteurs de guerre ! Organisons la mobilisation pour la PAIX ! - Samedi 27 décembre 2025

 


LE MENSONGE du réarmement au nom de la paix
Je le dis franchement : cette prise de parole du pape m’a surpris. Et soulagé. Parce qu’elle ne rompt pas une ligne — elle la prolonge. Parce qu’elle s’inscrit clairement dans le sillage de François, sans détour ni affadissement.
Quand il parle de paix désarmée et de désarmement intégral, il ne plane pas au-dessus du réel. Il fait exactement l’inverse : il le regarde en face. Il rappelle une chose que les gouvernements européens font semblant d’avoir oubliée : on ne prépare pas la paix en préparant la guerre. Jamais. Tout le reste est littérature.
Le pape ne mâche pas ses mots. Il parle de blasphème politique. Il parle de peur fabriquée. Il parle de cette mécanique bien huilée qui transforme la menace en argument, l’angoisse en budget, la guerre en horizon raisonnable. Et il ose rappeler ce que beaucoup préféreraient laisser sous le tapis : le XXᵉ siècle n’est pas un souvenir, c’est un avertissement. Un avertissement payé en millions de morts.
Pendant ce temps, l’Europe fait exactement l’inverse. Elle ne réfléchit plus. Elle additionne. Elle empile des milliards comme on empile des certitudes creuses. Toujours plus d’armes, toujours plus vite, toujours au nom de la paix. Le tour de passe-passe est connu : quand on n’a plus de diplomatie, on appelle ça de la défense.
C’est là que la parole du président italien devient à mes yeux non seulement fragile, mais grave.
Hier, Sergio Mattarella a déclaré : « Les dépenses consacrées à des instruments efficaces garantissant la défense collective ont toujours été impopulaires. Même lorsqu’il s’agit, comme dans ce cas, de poursuivre la sécurité et la paix dans le cadre du droit international. Et pourtant, rarement comme aujourd’hui, elles sont nécessaires. »
Tout est là. La paix invoquée pour justifier l’armement.
L’impopularité érigée en vertu.
Et la “nécessité” brandie comme argument final.
Car cette phrase ne parle plus de paix comme horizon politique. Elle l’utilise comme alibi. Elle affirme que l’on peut poursuivre la paix en armant davantage, que l’on peut rester fidèle au droit international tout en se préparant massivement à la guerre.
C’est une contradiction frontale. Et elle n’est pas théorique.
Il faut ici lever une autre confusion, soigneusement entretenue. Critiquer la course aux armements n’est pas refuser toute défense européenne. Bien au contraire. Construire une véritable défense commune, pensée collectivement, contrôlée démocratiquement, articulée à une stratégie diplomatique cohérente, serait un choix politique fort. Peut-être le seul crédible.
Mais ce qui se joue aujourd’hui n’a rien à voir avec cela. Il ne s’agit pas de bâtir une défense commune, mais d’empiler des arsenaux nationaux, sans doctrine partagée, sans commandement politique clair, sans vision autre que l’accumulation. Une addition d’armes n’a jamais fait une défense. Elle fait un marché.
Et c’est là que l’hypocrisie devient indécente. On parle d’Europe pour justifier des réarmements dispersés, on invoque la sécurité collective pour mieux nourrir des industries nationales et transnationales de l’armement. Cette fuite en avant ne protège personne : elle enrichit. Elle rassure les actionnaires, pas les peuples. Et elle transforme un projet politique — une défense européenne commune — en alibi commode pour une militarisation sans boussole.
Réarmer sans défense commune n’est pas du réalisme stratégique. C’est une faillite politique. Et un déni moral.
L’article 11 de la Constitution italienne ne laisse pourtant aucune marge d’interprétation confortable : "l’Italie rejette la guerre comme instrument de résolution des conflits internationaux". Pas “en principe”. Pas “en théorie”. Elle la rejette. Point.
Or que fait-on quand on investit des milliards dans le réarmement, quand on le présente comme inévitable, quand on l’inscrit dans la durée ? On ne défend pas la paix. On rend la guerre à nouveau pensable. Acceptable. Structurelle.
Le plus troublant, c’est que le même Mattarella tenait autrefois un discours radicalement différent. Il parlait du courage de la paix. Il s’interrogeait publiquement sur cette logique absurde qui pousse les États à brûler des ressources colossales dans la guerre plutôt que de les consacrer à la paix. Ce fil-là s’est rompu. Et ce n’est pas un détail de communication : c’est un renoncement politique.
À force de vouloir tenir tous les discours à la fois, on finit par ne plus en tenir aucun. La parole institutionnelle devient floue, oscillante, contradictoire. Elle ne guide plus. Elle accompagne. Elle suit le mouvement dominant : celui d’une Europe qui, faute de vision, se réfugie dans les armes.
Ce mouvement n’a rien d’inévitable. Il est porté par des intérêts économiques massifs, par une industrie qui a besoin de conflits durables, par une classe dirigeante qui préfère les budgets militaires aux négociations difficiles. La guerre est simple à financer. La paix est compliquée à construire. Voilà la vérité nue.
La parole de Leone XIV dérange parce qu’elle refuse ce confort-là. Elle dit que désarmer n’est pas capituler. Que négocier n’est pas se coucher. Que la paix n’est pas un slogan commode mais un travail politique exigeant, lent, conflictuel, impopulaire parfois, mais nécessaire.
Le danger aujourd’hui n’est pas l’excès de pacifisme.
Le danger, c’est d’avoir transformé la guerre en option raisonnable. En nécessité politique. En fatalité budgétaire.
Et aucun discours solennel ne suffira à masquer ce mensonge-là.

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