vendredi 3 juin 2022

La lettre de Patrick Le Hyaric...ldu 3 juin 2022

 


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La Lettre du 3 juin 2022
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Bonjour à chacune et chacun,
 
On aura rarement vu un tel déchainement de la part des journaux de droite, de leurs économistes et philosophes patentés, de ministres et de chantres du social-libéralisme - se vautrant dans la soumission au capital et à l'atlantisme - contre la coalition des gauches et son programme.

Au lieu d’en débattre, de confronter les cohérences des différents choix proposés aux électrices et aux électeurs pour l’élection des députés, on parle du « chaos » que provoquerait l’application du programme de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale.

Il est édifiant de voir Bruno Lemaire et François Hollande - passés de « mon ennemi, c’est la finance » à « mon ennemi, c’est la Nupes », rabâcher les mêmes arguments.
« Le chaos » ! C’est aussi ce que criaient les grands possédants avant l’abolition de l’esclavage et les partisans de la monarchie avant la Révolution française.
 
Ne voient-ils pas que ce sont eux qui provoquent « le chaos » social et écologique ? Ne voient-ils pas combien les classes populaires - bien au-delà désormais de ceux que l’on classe sous le seuil de pauvreté - n’en peuvent plus ? Qu’elles sont au bord de la rupture. Qu’elles ne peuvent plus remplir le caddie des courses de la semaine ou faire le plein de carburant.

Va-t-on connaître la faim en France ?

La viande surgelée a augmenté de 18,16%, les pâtes de 15,47%, la farine de 11,67%, la moutarde de 11,20% l’huile de 9,87% !
On pourrait continuer. Ce n’est pas un chèque alimentaire ou un chèque énergie qui permettra de s’en sortir pour la plupart des familles populaires.

Mais si le pouvoir choisit cette voie, c’est parce qu’il ne veut pas que l’on touche aux plus-values réalisées grâce au travail dans les entreprises. Pourtant, les plus grandes d’entre elles se sont gavées durant la pandémie et continuent de la faire depuis le début de la sale guerre déclenchée par Poutine. Ainsi les coûts du raffinage du pétrole sont passés par hasard de 30€ la tonne à 140€ au cours du mois de mai.

Et les annonces des institutions européennes d’un embargo sur le pétrole russe conduiront à de nouvelles augmentations de prix à la pompe. Déjà, en mai les grandes compagnies pétrolières ont annoncé des bénéfices records : 39 milliards de dollars pour la compagnie saoudienne Saudi-Amro ; 9 milliards pour Shell ; 6 milliards pour British Petroleum ; 5 milliards pour Total.
 
Le prix du lait et des produits laitiers augmente, mais pas pour les éleveurs laitiers. Cela fait des années que nous alertons sur le risque d’une pénurie de lait. Nous nous y approchons à force de démolir les petits et moyens producteurs. On ne compte plus celles et ceux qui décident d’abandonner. Pour eux, c’est déjà « le chaos ». Résultat : les consommateurs paient le prix fort. Il en est de même de la viande ! Les campagnes « anti-viande » n’ont qu’un effet : favoriser les importations de viande traitée aux hormones avant de nous fournir une viande artificielle produite en laboratoire. Bizarre, là il n’y a personne pour protester. Il en de même pour le sucre découragé ici et dans les territoires d’outre-mer. On s’attend à une violente flambée. On pourrait poursuivre. À la caisse, nous payons plus cher tandis que les spéculateurs sont à la fête. Oui, ils spéculent sur la faim ! Abject !
 
Le chao c’est la guerre et le capitalisme

La compagnie russe Rosneft n’est pas en reste. Elle vient de décider de verser 6,5 milliards d’euros à ses actionnaires, soit près de la moitié des 10,3 milliards de profits réalisés. Pendant la guerre, c’est le festin pour les actionnaires.
On comprend mieux pourquoi les tenants du libéral capitalisme au pouvoir ne prennent aucune initiative diplomatique pour la paix.
Et comment ne pas voir le jackpot que représente la guerre de Poutine contre l’Ukraine pour les grands groupes de l’armement, notamment nord-américains, qui reçoivent des dizaines de milliards du gouvernement des États-Unis pour fabriquer des armes acheminées sur le front ukrainien.

L’intérêt général, voilà ce qui guide l’union des gauches

L’augmentation des salaires ne mènerait pas au « chaos ». Elle permettrait une autre répartition des richesses. Elle serait facteur de développement et de mieux-être pour des dizaines de millions de familles.

Ajoutons que les PME qui s’inquiètent, après les alertes du MEDEF, doivent être aidées notamment en faisant cesser le pillage qu’exercent sur elles les grandes firmes multinationales et les banques. Le programme de la coalition de gauche, c’est une tout autre logique, une autre cohérence au service de l’intérêt général et non plus des possédants. Pourquoi les forces qui se déchaînent contre ce programme n’abordent-elles pas ces enjeux dans des débats publics et contradictoires ?

Voilà qui serait intéressant ! Voilà qui permettrait une nouvelle mobilisation des électrices et les électeurs, de celles et ceux qui cherchent le moyen d’émettre un vote efficace, en toute clarté ! Au lieu de cela, le pouvoir organise le silence afin d’obtenir une moindre mobilisation électorale dont il pense qu’elle lui sera profitable. Les campagnes de rencontres, de discussions publiques des candidats de la coalition des gauches et des écologistes peuvent cette fois déjouer le piège présidentialiste et redonner ses lettres de noblesse au Parlement et de la force aux parlementaires pour qu’ils adoptent des lois favorables au progrès social, démocratique et écologiste. Il reste huit jours pour écrire cette nouvelle page de l’histoire de la République sociale !

Bruits pour l’orque, silence pour… 296 réfugiés

Une orque sans doute malade a quitté la mer et s’est engouffrée dans la Seine, entre Le Havre et Rouen. Elle ne trouvait plus le chemin du retour vers la mer et ses congénères. À moins que se sentant affaiblie, elle prît la décision d’aller finir ses jours en eau douce. D’importants moyens ont été déployés pour lui faire retrouver son chemin. Guidage par drone, mobilisations de spécialistes et de scientifiques, services publics divers. Les caméras de télévision se sont déplacées pour suivre l'animal. Chaque jour, les journaux et chaînes d’informations en continu nous ont tenus en haleine, nous donnant des nouvelles de l’orque.

Des associations pour la nature et la biodiversité se sont mobilisées. Le préfet de Seine-Maritime rendait même publiques de longs communiqués sur l’évolution de la situation de l’orque en perdition. C’est dire si l’affaire était importante ! On s’en réjouit. L’attention au bien-être animal progresse. Et c’est bien.

Au même moment, l’équipage de l’Océan Viking, le navire de secours aux migrants de SOS Méditerranée, négociait sans succès avec plusieurs pays européens pour pouvoir débarquer les 296 migrants-réfugiés en attente à bord depuis le 19 mai. Parmi ces passagers de l’Océan Viking, il y a quarante-trois femmes dont six sont enceintes, un bébé d'à peine 3 mois, plusieurs autres enfants et des mineurs isolés.

Pour ces enfants, ces bébés, ces femmes enceintes, ces jeunes hommes, ni drone, ni scientifique, ni médecin, ni caméra, ni flash d’information. Finalement, à bout de force, les réfugiés ont pu débarquer à Pozzallo en Sicile. Mais cela aurait pu virer au drame. Et leurs difficultés sont loin d’être terminées. Il y a quelque chose qui cloche, quelque chose qui ne tourne pas rond dans ce monde. L’humanité a quitté le cœur des décideurs !

Amazon joue à Roland Garros

France Télévisions a depuis très longtemps un partenariat et les droits de retransmission du tournoi de tennis de Roland Garros. Amélie Mauresmo est devenue la nouvelle directrice de Roland-Garros après avoir longtemps été consultante pour France Télévisions. Elle a été débauchée la saison dernière par Amazon Prime Vidéo. Que fit-elle ? Malgré le contrat de retransmission de France TV pour la bagatelle de 15 millions d’euros, elle a négocié pour 15 millions d’euros, la retransmission nocturne du quart de finale Nadal-Djokovic à Amazon-Prime vidéo. La fédération française de tennis n’a aucun scrupule ! La boucle de l’argent est ainsi bouclée au bénéfice d’un géant américain au mépris du service public sur un événement financé pour beaucoup par de l’argent public.

Amazon prétend diffuser le match gratuitement, alors qu’il s’en sert pour générer de l’abonnement et collecter des données. Ajoutons qu’il s’agit d’une vraie rupture d'égalité d’accès à une compétition puisque tous nos concitoyens ne disposent pas de la fibre ou de l’internet haut-débit.

Laisser faire et rester silencieux comme l’est le pouvoir, c’est laisser privatiser le sport de haut niveau au détriment du grand public et de celles et ceux qui n’auront pas les moyens d’accès. Aujourd’hui, les grands groupes numériques américains disposent des moyens de racheter tous les droits sportifs. Il y a urgence à légiférer. On fait moins de bruit sur cette affaire que sur les désastreux événements du stade de France à l’occasion du match Liverpool/Madrid. Mais au fond, elle est plus grave.
 
 
Le ciel restera-t-il bleu ?

On peine à le croire ! Et pourtant, pour lutter contre le réchauffement climatique, on discute en hauts lieux des possibilités du développement de « géo-ingénierie », c’est-à-dire de la mise en œuvre de techniques de modifications climatiques artificielles.

Ainsi, au lieu d’accélérer les processus permettant de limiter le réchauffement climatique, comme le préconisent le GIEC et les conférences sur le climat, les « grands » de ce monde ont installé mi-mai une « commission mondiale sur la gouvernance des risques liés au dépassement climatique ».

Il ne s’agit pas donc ici d’agir pour limiter le réchauffement climatique, mais de sa « gouvernance », autrement dit, sur la manière dont on peut manipuler la biosphère pour que la température sur Terre reste supportable.

Cette commission, présidée par M. Pascal Lamy, ancien commissaire européen, ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, et subsidiairement socialiste français, est chargé de réfléchir à « l’après ».

Dans la novlangue technocratique, « l’après », c’est le moment où la planète continue inexorablement de se réchauffer.

Les puissances économiques mondiales auraient-elles donc décidé de surseoir aux orientations des conférences mondiales pour le climat ? On connaît pourtant les terribles impacts du réchauffement climatique à chaque fraction de degré supplémentaire.

Les préconisations désormais largement admises exhortent les pays et les entreprises à réduire sans attendre et drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre, avec le développement notamment d’énergies non carbonées. Des technologies de captage du gaz carbonique ou d’élimination du dioxyde de carbone pourraient être déployées avec des captations directes de l’air et des plantations massives d’arbres au lieu de la poursuite de la destruction de la forêt amazonienne.
 
Les systèmes de transport doivent être révolutionnés afin de développer les transports publics non polluants comme le train ou les trams en ville. Un plan audacieux de rénovation énergétique des logements est indispensable, lié à une nouvelle politique de la ville conjuguant choix sociaux et environnementaux. C’est un grand enjeu de santé publique. De même, les pratiques agricoles rémunératrices pour les paysans doivent devenir économes en intrants et respectueuses de la biodiversité.
 
Les gaspillages en tout genre, notamment l’obsolescence programmée, doivent être bannis. Les traités de libre-échange – qui envoient circuler, sur les mers et dans les airs, des marchandises qui pourraient être produites localement, sans polluer – doivent céder la place à de nouveaux traités de coopération sociale et écologique. Bref, des choix existent pour limiter le réchauffement climatique et respecter la biodiversité. Il faut en avoir la volonté politique.

Or, que discute-t-on au sein de cette commission mondiale ? De développer cette fameuse « géo-ingénierie » ! C’est-à-dire de modifier artificiellement l’impact des rayonnements solaires. Effrayant ! Après avoir souillé la Terre et les airs, voici que de grands groupes transnationaux trouveraient un nouveau débouché pour la rémunération des capitaux. Que de telles techniques puissent faire aujourd’hui l’objet du travail d’une commission mondiale à laquelle participent d’anciens chefs d’État et de gouvernements de pays capitalistes doit nous inquiéter et nous alarmer au plus haut point.
 
La « géo-industrie » solaire consiste en effet à injecter dans la haute atmosphère des particules aérosols destinées à occulter une part de la lumière du soleil afin de faire baisser la température sur la planète.

On imagine que les sociétés industrielles, de transport et les fonds financiers responsables de la pollution sur Terre seraient aussi celles qui participeraient à cet endiguement artificiel des températures. Ce dernier nécessiterait l’expédition régulière d’un million de ballons dans la stratosphère pour y brûler du soufre permettant la dispersion de particules sulfatées. Une gigantesque flotte d’avions gros-porteurs larguerait régulièrement des milliards de particules occultantes à plus de dix kilomètres d’altitude.

Les effets collatéraux prévisibles seraient terribles : pollution accrue avec la retombée de particules fines, perturbation des moussons, baisse des précipitations dans certaines zones de la Terre, altération des courants marins. Bref, le remède serait pire que le mal. Par contre, les profits seraient intacts et la suraccumulation du capital repartirait de plus belle.

Ces insensés rêves de contrôle du climat placeraient l’humanité dans une insoutenable insécurité supplémentaire. Qui, en effet, aurait la main demain sur le thermostat de la planète ?

La couleur bleue du ciel deviendrait blanchâtre sous l’effet de ces produits occultant le soleil.

Conserver la couleur du ciel et la vie sur Terre nécessite un net changement de cap des modes de production, de consommation et de distribution. La fuite en avant capitaliste dans la marchandisation du carbone, comme des technologies visant à modifier artificiellement le climat, est une impasse mortifère.

Au lieu de laisser les puissances industrielles et financières faire des profits sur les modifications climatiques, il conviendrait de changer de voie, pour réorienter les flux financiers et les capitaux vers le bien commun, la coopération entre les peuples et aider les pays du Sud et des régions du monde les plus pauvres. Tout autre chose que l’actuel axe Europe-États-Unis en soutien aux multinationales et aux marchés financiers.

Il ne peut y avoir de progrès humains et écologiques généraux sans une aide financière et technologique aux pays les plus pauvres. Des processus démocratiques nouveaux en lien avec des États sociaux et écologiques permettraient d’impulser de nouveaux investissements en mobilisant les banques publiques et les banques centrales pour financer les projets d’une planification écologique et sociale de gauche et non repeinte aux couleurs capitalo-macroniste.

Choisir une autre voie est la garantie que le ciel pourra rester bleu. Chaque action compte. Le temps presse.
 

La chronique de l’Humanité en partenariat avec Radio Orient le samedi à 12h10 et le dimanche après le journal de midi.
 
 
Sortir du capitalisme

Dans ce nouvel ouvrage, Bernard Vasseur démontre, exemples à l’appui, comment le capitalisme mène l’humanité dans le mur et menace la vie sur la planète. L’auteur donne surtout à voir combien le communisme est à l’ordre du jour et peut se construire chaque jour dans l’action.
 
À lire absolument.
 
 
 
Avec mes amicales salutations, je vous souhaite une bonne semaine.

Patrick Le Hyaric
 
 
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