mercredi 26 septembre 2018

Quatre gouverneurs pro-pouvoir russes éliminés lors d'un vote


26 septembre 2018

Quatre gouverneurs pro-pouvoir russes éliminés lors d'un vote

La très impopulaire réforme des retraites a eu raison des candidats soutenus par Poutine

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Quatre scrutins ont mis en échec le Kremlin. Au deuxième tour de l'élection de gouverneurs, dimanche 23  septembre, dans la région de Khabarovsk, en Extrême-Orient russe, et à Vladimir, dans le centre, les candidats du parti au pouvoir, Russie unie, ont été éliminés, confirmant ainsi la déroute de deux autres gouverneurs dans l'oblast de Vladivostok, à l'est, et en Khakassie, en Sibérie centrale. C'est peu mais c'est assez inhabituel pour être remarqué, dans un pays où les seconds tours sont rares et les résultats des urnes en principe sans surprise.
A Vladimir, la gouverneure sortante nommée par Vladimir Poutine en  2013, Svetlana Orlova, a été battue par son concurrent du parti nationaliste LDPR, Vladimir Sipiaguine, qui l'a emporté avec 57,03  % des voix contre 34,46  %. Les émissaires dépêchés sur place depuis Moscou, dont un expert en politique intérieure, Andreï Iarine, n'ont rien pu faire. A Khabarovsk, c'est un autre représentant LDPR qui est sorti victorieux du scrutin, Sergueï Fourgal, avec 69,57  % des voix contre Viatcheslav Chport, qui n'en a recueilli que 27,97  %. La participation, pour ce second tour, avait encore augmenté.
A Vladivostok, dans le Primorié, l'élection du gouverneur a dû être annulée par la commission électorale après un scandale retentissant de fraudes, ce qui constitue une grande première depuis l'arrivée au pouvoir de M. Poutine, en  2000. Lors du second tour, le 16  septembre, le gouverneur sortant Andreï Tarassenko avait été annoncé vainqueur devant le communiste Andreï Ichtchenko alors que ce dernier était donné largement en tête après le décompte de 95  % des voix… Devant le tollé provoqué, l'élection devra être rejouée. " Je sais qu'un deuxième tour est prévu, tout sera en ordre, je pense ", avait pourtant affirmé le chef du Kremlin en recevant, peu avant le scrutin, son poulain.
Un revers de plusEn Khakassie, le second tour a été reporté au 7  octobre après le retrait inattendu, vendredi, du candidat de Russie unie, Viktor Zimine, officiellement pour des raisons de santé, alors qu'il était en ballottage défavorable au premier tour avec 32  % des voix contre 45  % pour son concurrent communiste. Un revers de plus. " Les candidats du Kremlin perdent, relève la sociologue Ella Paneïakh, citée par le magazine russe New TimesIls ne sont pas vaincus par leurs adversaires mais battus par les électeurs prêts à voter pour n'importe qui. "
L'opposition libérale et démocrate étant le plus souvent empêchée de se présenter, le vote de protestation s'est porté vers les nationalistes LDPR et les communistes, deux partis qui soutiennent le pouvoir mais qui, ces derniers temps, ont manifesté leur hostilité envers la réforme des retraites. Annoncé mi-juin, lors du coup d'envoi du Mondial de football, l'allongement de cinq ans du départ à la retraite ne passe pas dans l'opinion publique russe.
Signe de la nervosité du pouvoir, Alexeï Navalny est reparti en détention. A peine avait-il franchi la porte de la prison, où il purgeait une peine de trente jours, lundi 24  septembre, que le principal opposant du Kremlin a été ramené devant un tribunal. Ce dernier l'a de nouveau condamné à vingt jours pour avoir appelé à manifester le 9  septembre contre la -réforme des retraites. Alexeï -Navalny a eu tout juste le temps d'enregistrer une courte vidéo à l'intention de ses partisans : " Vous avez vu qu'aux dernières élections, le score de Russie unie a chuté de 15  % en moyenne, et que quatre gouverneurs de Poutine, malgré son soutien, ont perdu les élections. C'est un peu grâce à nous. "
Isabelle Mandraud
© Le Monde

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