Cela pourrait bien devenir la petite annonce phare de la rentrée. - " Urgent : partis politiques cherchent têtes d'affiche en vue des élections européennes de 2019. "Hormis La France insoumise (LFI), qui a désigné le binôme Charlotte Girard-Manuel Bompard comme chefs de file pour ce scrutin, les principales formations de la scène politique française, du parti Les Républicains (LR) à la Répu-blique en marche (LRM), en passant par le Parti socialiste (PS) ou le Rassemblement national (ex-FN), n'ont toujours pas trouvé de tête de liste pour l'élection du 26 mai 2019.
Pis, dans le cas du PS et de LR, cette problématique s'accompagne d'une difficulté supplémentaire : celle du renouvellement. Sous le sceau de l'anonymat, un dirigeant de LR résume la situation de son parti :
" Macron va faire venir plein de jeunes et des gens nouveaux. Si on se présente avec la brochette des trois – Brice Hortefeux, Nadine Morano, Rachida Dati –, qui sent le renfermé ou la nitroglycérine, en termes d'image, ça sera catastrophique… "
C'est en effet ce qu'entend éviter La République en marche, qui s'apprête à passer son premier test électoral au niveau national, deux ans après l'élection d'Emmanuel Macron, et qui a tout fait pour nationaliser le scrutin en délaissant les anciennes listes régionales pour une circonscription unique.
" Autrefois, on considérait les élections européennes comme la seconde division de la vie politique nationale. On y envoyait les défaits des scrutins passés ou les membres un peu encombrants des familles politique ", remarque le député LRM du Benelux, Pieyre-Alexandre Anglade.
" On n'aura pas cette approche. Le Parlement européen mérite les meilleurs et ceux qui ont une ambition forte pour l'Europe ", promet celui qui prépare l'échéance pour le parti majoritaire, en lien avec le patron de LRM, Christophe Castaner, et le député Pierre Person, responsable des élections pour les marcheurs.
" Il faut arrêter de tergiverser "Tous trois s'activent pour trouver la tête de liste capable de rassembler un maximum d'électeurs afin d'atteindre l'objectif de 25 à 30 sièges que s'est fixé LRM pour remporter la bataille. La liste sera composée de personnalités de la société civile – le nom de l'astronaute Thomas Pesquet revient avec insistance – et de profils plus expérimentés. Les ministres Brune Poirson, Marlène Schiappa ou Nicolas Hulot sont évoqués, mais rien ne sera décidé avant la fin de l'année.
Face au parti gouvernemental, La France insoumise ne fait pas mystère de ses ambitions :
" Notre objectif est d'imposer une défaite à Emmanuel Macron ", énonce l'un des chefs de file, Manuel Bompard.
" On déterminera qui sera numéro un de la liste en fonction du paysage politique et de nos -concurrents ", assume-t-il en référence au duo qu'il forme avec Charlotte Girard, chargée des -programmes de LFI.
LFI a réservé 13 places à des " personnalités extérieures " afin d'élargir au-delà du mouvement. L'eurodéputé socialiste sortant Emmanuel Maurel est particulièrement convoité par Jean-Luc Mélenchon, dont il est proche. De quoi donner des sueurs froides au Parti socialiste, qui peine à trouver une tête de liste et qui compte sur son aile gauche pour faire un score supérieur à 6 %.
" Il faut définir la stratégie, le projet et les dix premiers de la liste en septembre, maintenant il faut arrêter de tergiverser ", s'impatiente un membre de la direction. Après avoir essuyé plusieurs refus, de Christiane Taubira au Belge Paul Magnette, la direction du PS cherche une alternative, alors que ceux qui ont pour l'instant montré leur intérêt pour le scrutin n'incarnent pas vraiment le renouvellement : le cofondateur de SOS-Racisme Julien Dray, le commissaire européen Pierre Moscovici ou encore l'ancien ministre Christian Eckert.
Le reste de la gauche part pour l'instant en ordre dispersé. Génération.s, le mouvement de Benoît Hamon, n'a pas réussi à conclure d'alliance avec les écologistes et n'a pas encore annoncé sa tête de liste. Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a désigné le sortant -Yannick Jadot, qui vise 15 % pour approcher le score historique du mouvement en 2009. Quant au Parti communiste, il s'est choisi Ian Brossat comme chef de file. Ce dernier tend la main
" à tous ceux qui veulent une autre Europe " et devrait poursuivre les discussions avec Génération.s à l'automne.
Du côté du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez n'est pas pressé de trancher la question.
" Il faut repousser ça à plus tard, en fin d'année ou début d'année prochaine ", plaide le président du groupe LR à l'Assemblée nationale, Christian Jacob. Quoi qu'il en soit, le renouvellement est -réclamé par ses troupes.
" La liste ne doit pas être un syndicat de sortants ou recycler les perdants des législatives ", prévient le député du Nord, Sébastien Huyghe. -Nadine Morano, députée européenne sortante, a bien fait acte de candidature pour devenir tête de liste, mais cette offre de services a provoqué une levée de boucliers dans sa famille politique.
" Morano, à chaque fois qu'elle parle, on perd des électeurs ", -persifle un élu. Plus crédibles, les pistes menant à Jean Leonetti ou à Damien Abad, deux des vice-présidents de LR, auraient l'avantage de confier la direction des opérations à une personnalité europhile et capable de rassembler.
" Sujet tabou "Autre député européen sortant, Brice Hortefeux – qui ne brigue pas la tête de liste – fait valoir les vertus de l'expérience :
" Dans ce Parlement, si vous n'avez pas deux mandats, vous ne pesez pas, c'est pire que le Sénat. Il faut une alchimie entre renouvellement et compétence. " Dans cette optique, LR ne verrait pas d'un mauvais œil la candidature de Michel Barnier, l'ancien ministre des affaires étrangères de Jacques Chirac, -actuel négociateur de l'Union européenne pour le Brexit, comme tête de liste.
Au Rassemblement national, enfin,
" c'est un peu le sujet tabou ", avoue un dirigeant. Nicolas Bay, vice-président du parti chargé des questions européennes, qui codirige le groupe du RN au Parlement européen, aimerait mener la liste, mais cette ambition se heurte au refus de Marine Le Pen, qui ne lui fait pas -confiance. Raison pour laquelle le nom de Louis Aliot, compagnon de la présidente du parti, est avancé comme possible candidat, même si ce dernier devrait quitter son siège de député des Pyrénées-Orientales.
" Un candidat issu de la société civile lui permettrait de ne pas avoir à trancher ", souligne un élu dans un sourire. Le nom de l'économiste Hervé Juvin, qui conseillait Marine Le Pen pendant la campagne présidentielle de 2017, circule pour incarner cette éventuelle candidature.
Olivier Faye, et Astrid de Villaines
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